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Calvaire dans les champs en Italie: Quand des sénégalais réduisent des compatriotes en «esclavage»



 
 
«El Giorno», un média milanais, a produit un reportage sur la situation des migrants exploités dans les champs par des «caporaux» (parrains), en exposant les cas de deux compatriotes, Modou et Khali, exploités par des «capos» sénégalais comme eux. Après des années passées dans ce système, ils ont été tirés des griffes de leur compatriotes «esclavagistes» par l’association «Lule» qui vient en aide aux travailleurs migrants exploités dans les champs et défend leurs droits. 
 
 
 
Dans l’espoir d’une meilleure vie, des compatriotes tentent par tous les moyens d’émigrer vers d’autres cieux où ils pourront avoir un travail décent. Mais une fois sur place, leurs rêves sont souvent très vite brisés. Tellement la réalité est différente de tout ce à quoi ils pouvaient s’attendre. C’est le cas de Modou qui s’est confié au journal milanais «El Giorno». 
 
 
Cueillir des tomates 16h par jour, en habitant dans un hangar à outils, pour 5 euros l’heure dont la moitié revient au «capo»
 
A 47 ans, il raconte ses 7 ans de calvaire dans les champs, sans logement décent, sans document (titre de séjour), sans protection, à la solde de son capo sénégalais, qui encaissait la moitié de ses revenus. «En utilisant un faux titre de séjour, j'ai immédiatement commencé à travailler, en Sicile, à cueillir des tomates environ 16 heures par jour et à vivre dans un hangar à outils», narre-t-il. Ajoutant qu’à un moment donné, il a envisagé d’aller voir ailleurs, dans le Nord de l’Italie, avant que son capo ne l’en dissuade. «Le patron m'a dit que j'aurais de meilleures chances ici. Comme il m'a toujours fait travailler, je ne sais pas si je peux le trahir», explique le Modou-Modou. Dont le travail payé illégalement lui rapporte environ 5 euros de l'heure, dont la moitié revient à son capo.
 
Khali, contraint de travailler 12h par jour pour 6,7 euros de l’heure, dont 2 euros pour le «capo»
 
Un autre compatriote, Khali, a également témoigné. A 23 ans, il est arrivé en Italie en 2017, suite au décès de son père, avec l’objectif de gagner de l’argent pour soutenir ses quatre frères et sa mère. Pour pouvoir aller en Italie, il raconte qu’il a dû faire recours à un «agent d’émigration», en signant un contrat stipulant qu’il doit payer une fois sur place 8000 euros à l’agent. «Quand nous sommes arrivés en Italie, nous étions sept. Ils nous ont placés à Melegnano dans une maison où nous n'étions que des hommes. Ils m'ont dit que je devrais déménager à Crémone où il y avait une demande urgente de main-d'œuvre pour la saison d’été». Depuis lors, il travaille dans les champs, ramassant des melons et des pastèques, pour 6,70 euros de l'heure, 8 heures par jour. Du moins sur les papiers. «En fait, j'ai dû rembourser 2 euros de l'heure à mon caporal, un de mes compatriotes, et je travaillais plus de 12 heures», explique-t-il. Et comme si cela ne suffisait pas, le capo lui faisait payer «150 euros par mois pour la nourriture», sans compter la part qui va au remboursement des 8000 euros du voyage. Et Khali de souligner que finalement, il s’est rendu compte que dans ces conditions, il ne pourrait jamais avoir suffisamment d’argent pour aider sa famille. Pour pouvoir gagner plus, il a dû commencer à vendre des bracelets le soir dans les rues de Crémone. 
 
«Ces gens sont traités comme des machines, sous le soleil, toute la journée, sans eau et sans perspective»
 
 
Et c’est là qu’il a rencontré des agents de l’association Lule qui lutte contre l’exploitation des migrants. Qui ont pu le tirer des griffes de son capo sénégalais. «Les agents de Lule m'ont sauvé, maintenant j'espère pour l'avenir», dit-il. Modou aussi a été secouru par la même association. Dont la coordinatrice s’est plainte du sort de ces migrants exploités à travers ce système de «caporalato», une sorte de parrainage. «Ces gens sont traités comme des machines, sous le soleil, toute la journée, sans eau et sans perspective», dénonce Marzia Gotti. Qui ajoute : «pour eux, il existe des protocoles de protection et de réintégration. Nous travaillons discrètement, aidant les victimes d'embauches illégales depuis près de deux ans».
 
Mbaye THIANDOUM
 
 
 
 
 
 
 
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