Face à la propagation du Covid-19, le Sénégal n’a plus le choix et doit opérer des changements au plan économique. C’est le conseil livré par Abdoul Mbaye au chef de l’Etat. Pour l’ancien Premier ministre devenu opposant au régime, l’Etat doit, entre autres mesures économiques en faveur des entreprises et des ménages, abandonner la priorité faite au paiement de la dette extérieure, au profit de la dette intérieure, abandonner l’’engagement à porter le taux de pression fiscale de 16% à 20% en trois années, revenir sur la hausse des prix du carburant et de l’électricité.
«Les mesures qui allaient dans le sens de l’ajustement structurel sous le couvert de l’Instrument de coordination des politiques économiques (Icpe) du Fonds monétaire international (Fmi) doivent immédiatement être remises en question». C’est la conviction d’Abdoul Mbaye. Pour qui, «face à la propagation du Covid-19, le Sénégal n’a plus le choix». En effet, pour le banquier à la retraite, si l’Etat ne sursoit pas aux mesures d’ajustement initiées depuis un bon moment, «la misère des populations s’aggravera dans des proportions dramatiques, laissant craindre le pire en matière de famine et de réactions sociales». Cela est d’autant plus vrai, dit-il, que «les besoins pour contrer l’insécurité alimentaire dans les campagnes et les villes secondaires vont exploser, avec l’entrée dans la période de soudure et la réduction plus que probable des transferts émis par nos compatriotes de la diaspora».
«Priorité aux règlements de la dette due par l’État aux entreprises nationales afin d’éviter une cascade de faillites»
Pour commencer, l’ancien Premier ministre trouve que la «priorité au remboursement de la dette extérieure» qui constitue le cœur de l’Icpe, doit être abandonnée, au profit de celle de la dette intérieure. En effet, explique-t-il, la trésorerie de l’État sera grandement affectée par les conséquences de la crise économique qui s’installe. Car, la ponction des impôts sur les grandes entreprises ne pourra être augmentée et faiblira avec leur activité et l’abaissement de la demande des ménages aura un impact négatif sur les perceptions de TVA. Dès lors, pour lui, «les difficultés des entreprises doivent être compensées par une priorité à donner aux règlements de la dette due par l’État aux entreprises nationales afin d’éviter une cascade de faillites».
«L’engagement à porter le taux de pression fiscale de 16% à 20% en trois années, doit être abandonné»
Considérant que «les entreprises et les ménages vont souffrir à très court terme des conséquences de la baisse de l’activité économique», le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail soutient que «l’engagement à l’égard du Fmi consistant à porter le taux de pression fiscale de 16% à 20% en trois années, irréaliste et dangereux pour l’économie sénégalaise qui aurait été mise en situation déflationniste, doit être abandonné». Aussi, il note que «les perceptions d’impôts sur les entreprises autres que les 20 ou 25 les plus contributrices à la collecte de l’impôt sur les sociétés doivent être reportées». Pas de manière systématiquement, précise-t-il, mais ouvrir cette fenêtre aux entreprises qui en exprimeraient le besoin. Poursuivant, il attire l’attention sur le fait que «l’endettement supplémentaire» facilité par des dispositions particulières (notamment celles prises par la Bceao) ne saurait être le premier remède aux difficultés de trésorerie auxquelles les entreprises se heurteront. Et pour cause, il explique que l’endettement a le défaut de provoquer un accroissement des charges financières alors que le contexte est également celui d’une baisse du chiffre d’affaires des emprunteurs.
«Remise en cause dans les meilleurs délais de la hausse des prix du carburant et de l’électricité»
Comme autre levier que doit actionner l’Etat, Abdoul Mbaye cite la hausse des prix du carburant et de l’électricité, sur lesquelles on doit revenir. «Ces mesures doivent être remises en cause dans les meilleurs délais», dit-il. Surtout que, indique-t-il, le réajustement à la baisse des prix du carburant et de l’électricité sont possibles, si l’on considère la baisse du cours mondial du pétrole. A l’en croire, la baisse des prix du carburant fera entrer un peu plus de revenus au sein des ménages. Et cela permettra aux transporteurs de personnes en particulier (chauffeurs de taxis et de cars rapides) de retrouver une partie de leurs marges compromises par la réduction réglementaire du nombre de personnes à transporter en taxi ou en bus. Quant à la baisse du prix de l’électricité, elle contribuera, dit-il, à «donner une petite bouffée d’oxygène aux ménages par la baisse de leurs dépenses» dans un contexte de baisse de leurs revenus.
Mbaye THIANDOUM
«Les mesures qui allaient dans le sens de l’ajustement structurel sous le couvert de l’Instrument de coordination des politiques économiques (Icpe) du Fonds monétaire international (Fmi) doivent immédiatement être remises en question». C’est la conviction d’Abdoul Mbaye. Pour qui, «face à la propagation du Covid-19, le Sénégal n’a plus le choix». En effet, pour le banquier à la retraite, si l’Etat ne sursoit pas aux mesures d’ajustement initiées depuis un bon moment, «la misère des populations s’aggravera dans des proportions dramatiques, laissant craindre le pire en matière de famine et de réactions sociales». Cela est d’autant plus vrai, dit-il, que «les besoins pour contrer l’insécurité alimentaire dans les campagnes et les villes secondaires vont exploser, avec l’entrée dans la période de soudure et la réduction plus que probable des transferts émis par nos compatriotes de la diaspora».
«Priorité aux règlements de la dette due par l’État aux entreprises nationales afin d’éviter une cascade de faillites»
Pour commencer, l’ancien Premier ministre trouve que la «priorité au remboursement de la dette extérieure» qui constitue le cœur de l’Icpe, doit être abandonnée, au profit de celle de la dette intérieure. En effet, explique-t-il, la trésorerie de l’État sera grandement affectée par les conséquences de la crise économique qui s’installe. Car, la ponction des impôts sur les grandes entreprises ne pourra être augmentée et faiblira avec leur activité et l’abaissement de la demande des ménages aura un impact négatif sur les perceptions de TVA. Dès lors, pour lui, «les difficultés des entreprises doivent être compensées par une priorité à donner aux règlements de la dette due par l’État aux entreprises nationales afin d’éviter une cascade de faillites».
«L’engagement à porter le taux de pression fiscale de 16% à 20% en trois années, doit être abandonné»
Considérant que «les entreprises et les ménages vont souffrir à très court terme des conséquences de la baisse de l’activité économique», le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail soutient que «l’engagement à l’égard du Fmi consistant à porter le taux de pression fiscale de 16% à 20% en trois années, irréaliste et dangereux pour l’économie sénégalaise qui aurait été mise en situation déflationniste, doit être abandonné». Aussi, il note que «les perceptions d’impôts sur les entreprises autres que les 20 ou 25 les plus contributrices à la collecte de l’impôt sur les sociétés doivent être reportées». Pas de manière systématiquement, précise-t-il, mais ouvrir cette fenêtre aux entreprises qui en exprimeraient le besoin. Poursuivant, il attire l’attention sur le fait que «l’endettement supplémentaire» facilité par des dispositions particulières (notamment celles prises par la Bceao) ne saurait être le premier remède aux difficultés de trésorerie auxquelles les entreprises se heurteront. Et pour cause, il explique que l’endettement a le défaut de provoquer un accroissement des charges financières alors que le contexte est également celui d’une baisse du chiffre d’affaires des emprunteurs.
«Remise en cause dans les meilleurs délais de la hausse des prix du carburant et de l’électricité»
Comme autre levier que doit actionner l’Etat, Abdoul Mbaye cite la hausse des prix du carburant et de l’électricité, sur lesquelles on doit revenir. «Ces mesures doivent être remises en cause dans les meilleurs délais», dit-il. Surtout que, indique-t-il, le réajustement à la baisse des prix du carburant et de l’électricité sont possibles, si l’on considère la baisse du cours mondial du pétrole. A l’en croire, la baisse des prix du carburant fera entrer un peu plus de revenus au sein des ménages. Et cela permettra aux transporteurs de personnes en particulier (chauffeurs de taxis et de cars rapides) de retrouver une partie de leurs marges compromises par la réduction réglementaire du nombre de personnes à transporter en taxi ou en bus. Quant à la baisse du prix de l’électricité, elle contribuera, dit-il, à «donner une petite bouffée d’oxygène aux ménages par la baisse de leurs dépenses» dans un contexte de baisse de leurs revenus.
Mbaye THIANDOUM