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AMINATA TOURÉ, PRÉSIDENTE DU CESE: «Beaucoup d’agences ont été mises en place pour tenter de résoudre le problème de l’emploi, mais elles n’ont malheureusement pas atteint les objectifs recherchés»



AMINATA TOURÉ, PRÉSIDENTE DU CESE: «Beaucoup d’agences ont été mises en place pour tenter de résoudre le problème de l’emploi, mais elles n’ont malheureusement pas atteint les objectifs recherchés»
 
 
Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a reçu hier le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat. Après l’exposé de Dame Diop, les conseillers ont salué les nombreuses avancées dans ce domaine, avant d’inviter le ministre à valoriser la formation professionnelle dans le secteur de l’agriculture, pour permettre aux jeunes d’entreprendre dès leur sortie de l’école. 
 
Hier, c’était au tour du ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat de passer devant les conseillers économiques. Ainsi, avec 39 intervenants durant près de 5 tours d’horloge, le projet d’avis n°2019-02 avec le thème : «Rénovation de l’apprentissage, promotion de la créativité et du travail décent au Sénégal, impact sur le développement de l’auto emploi des jeunes», a été examiné et adopté à l’unanimité par le Cese. Pour la présidente Aminata Touré, c’est parce que la question de l’emploi a toujours été au cœur des préoccupations des pouvoirs publics qu’il faut s’atteler à apporter un plus sur ce qui a été déjà réalisé. Selon cette dernière, beaucoup d’agences ont été mises en place pour tenter de résoudre le problème de l’emploi au Sénégal, mais elles n’ont malheureusement pas atteint les objectifs recherchés. «Nous constatons plus de cohérence avec la vision et l’impulsion du Président Macky Sall. Votre département qui abrite en son sein les différents services chargés de la formation professionnelle, l’apprentissage et l’artisanat, agira avec un potentiel de réussite plus élevé», affirme la présidente du Conseil économique, social et environnemental.
D’après Aminata Touré, l’émergence, c’est la réalisation de la croissance économique, l’accroissement de la production et des investissements, mais surtout l’emploi en faveur des actifs, notamment pour les jeunes qui représentent près de 75% de la population. L’auto emploi par le moyen d’une formation adaptée, avec un appui adéquat, pourrait ainsi être l’un des instruments décisifs de l’éclosion d’une économie forte, capable de tirer les autres facteurs du progrès social.
 
 
Ngaïdo Ba : «il faut faire comprendre à nos jeunes qu’ils doivent oser l’entreprenariat»
 
 
Embouchant la même trompette, le président de l’inter commission en charge de la question estime lui aussi que la solution de l’emploi n’est pas l’emploi salarié. Tout le monde ne peut pas être salarié. «Il faut faire comprendre à nos jeunes qu’ils doivent oser l’entreprenariat, après une bonne formation professionnelle», révèle Cheikh Ngaïdo Ba, qui estime par la même occasion que les Chambres de métiers doivent retrouver leur vocation d’antan. 
 
 
Aminata Fall Mbacké donne les exemples de Cheikh Bethio Thioune et Serigne Bass Abdou Khadre
 
 
 
Aminata Fall Mbacké évoque, pour sa part, la richesse de feu Cheikh Bethio Thioune et de Serigne Bass Abdou Khadre pour étayer sa thèse selon laquelle il n y a aucun secteur plus fluctuant que l’agriculture. Pour cette conseillère, le ministre de l’Emploi doit voir comment inclure l’agriculture dans son plan d’orientation des jeunes vers l’auto emploi, car ce secteur est un gros employeur. «La richesse du guide des Thiantacounes est une parfaite illustration de l’importance de l’agriculture ; ce dernier m’a confié que son activité principale était l’agriculture. Il en est de même du porte-parole du Khalife général des Mourides», assure Mme Mbacké.
 
 
Abdou Salam Guèye : «vous êtes à la tête de l’un des rares ministères dont le budget grimpe d’année en année. Il est donc temps que vous nous fassiez un état des lieux»
 
 
 
Pour Abdou Salam Guèye, ce département ministériel est l’un des rares dont le budget grimpe d’année en année, donc il est temps de faire un état des lieux. «A voir de plus près tous les instruments dont vous disposez, je me demande s’il n’est pas temps de rationnaliser tout ça. Monsieur le Ministre, vous êtes à la tête de l’un des rares ministères dont le budget grimpe d’année en année : 10%, 15%,  25% et en 2019, vous avez reçu 15 milliards de plus, compte non tenu des 30 milliards de la Banque mondiale, 12 milliards de la Banque islamique, les 20 milliards de la Coopération Luxembourgeoise. Il est donc temps que vous nous fassiez un état des lieux», clame M. Guèye.
 
 
Mody Guiro : «je ne suis pas d’accord avec ceux qui pensent que chaque Sénégalais formé doit créer une entreprise»
 
Mody Guiro, lui, a pris le contre-pied de ses collègues conseillers et ne semble pas adhérer à l’idée d’orienter les jeunes vers l’auto emploi. «Il est important de rappeler que, même s’il y a la formation initiale, vous vous appesantissez sur la formation du secteur informel. Nos formations doivent également prendre en compte les exigences de développement», lâche Guiro. Pour lui, il faudra mutualiser les efforts. «Je ne suis pas d’accord avec ceux qui pensent que chaque Sénégalais formé doit créer une entreprise, il est bon dans votre travail de regrouper ces jeunes, les mettre ensemble dans un domaine bien déterminé, les accompagner pour qu’ils créent des unités de production ; sinon, nous allons retrouver les mêmes problèmes ; et c’est valable aussi pour les Chambres de métiers. Il faudra inculquer aux jeunes les bonnes pratiques, car, pour nous, l’atelier de demain ne se trouve pas dans la rue», clarifie le syndicaliste.
 
Dame Diop : «l’agriculture est une niche insoupçonnée d’emplois»
 
Prenant la parole, le ministre Dame Diop déclare que la formation professionnelle a toujours été considérée comme la cinquième roue de la charrette. «Pour pallier cela, il faut privilégier dorénavant la communication, pour rendre visible les nombreuses innovations pour ce secteur, avec les outils de financement de la formation professionnelle mis en place par le président de la République», argue-t-il. A l’en croire, le chef de l’Etat a décidé de reverser l’intégralité de la contribution forfaitaire à la formation professionnelle. Selon le ministre de la Formation professionnelle, bien qu’elle soit sur la bonne voie, la formation professionnelle doit encore persévérer pour atteindre les niveaux espérés. «La formation professionnelle doit être un choix, elle ne doit plus être l’école de la seconde chance, elle doit être une option au choix. Malgré les efforts consentis, il y a encore un important travail à faire. Jusqu’à présent, nous avons moins de 3% de candidats au Bac», déclare M. Diop, qui soutient qu’aujourd’hui, notre économie a besoin d’un autre type de Sénégalais formé dans les métiers. 
 
 
 
«L’importance n’est pas d’avoir une licence ou un master, mais plutôt des compétences et de savoir s’en servir»

 
 
 
Le ministre de l’Emploi de se réjouir du large panel d’offres de formation. «Contrairement à ce que pensent les jeunes, l’importance n’est pas d’avoir une licence ou un master, mais plutôt des compétences et de savoir s’en servir. Pour M. Diop, si nous voulons régler le problème du chômage, il nous faut encourager les jeunes à s’intéresser à l’agriculture qui est une niche insoupçonnée d’emplois. «La question de l’emploi ne se règlera pas par l’emploi salarié, notre tissu économique étant étroit, il nous faut orienter nos jeunes vers l’auto emploi, dans le secteur de l’agriculture surtout» dit-il.
 
 
Ndèye Khady D. FALL/Ahmadou Ben Cheikh KANE
 
 


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