Depuis l’annonce de l’achat du nouvel avion présidentiel, les commentaires vont bon train. Si les uns s'interrogent sur le caractère opportun d’une telle transaction pendant ces moments de galère, d’autres, comme le collectif Noo Lank, réfléchissent déjà à comment rentabiliser l’avion, puisque le coup est déjà parti. C’est ainsi qu’après avoir fustigé l’engagement de cette dépense, les activistes suggèrent que l’appareil soit une partie intégrante de la flotte d’Air Sénégal, tout en assurant aussi les déplacements du chef de l’Etat.
Noo Lank ne veut pas s’arrêter à la dénonciation de ce nouvel achat d’avion de commandement présidentiel, il préfère plutôt trouver des alternatives pour le rentabiliser au maximum. Pour les activistes, il est clair que le Président Sall a un problème de priorité. Au moment où le pays manque d'eau, d'électricité, d’infrastructures sanitaires, avec une pauvreté qui augmente de jour en jour, il n'a rien à faire que d’acheter un nouvel avion A320neo, au coût de 60 milliards. «Engager cette dépense alors que le Ter est encore à quai, incapable de démarrer, est encore indicatif du manque de sens des priorités du Président Sall», souligne le collectif.
A en croire Noo Lank, «l’avion sera amorti au coût annuel de 7 millions par jour, soit 2,5 milliards F Cfa par an, pendant 20 ans. Compte non tenu des frais de gasoil et opérations. Ce montant correspond encore à l'achat de 400 véhicules par an au coût unitaire de 25 millions F Cfa pendant 5 ans», fulminent les activistes qui trouvent que 60 milliards pour un avion est une somme faramineuse.
«Il était parfaitement conscient que c'est une décision inopportune, impopulaire…»
Et puisque le Président Macky Sall s’est caché des Sénégalais en effectuant cette acquisition, Noo Lank propose au gouvernement de rattraper le coup en faisant profiter Air Sénégal de l’avion. «Pour rentabiliser cette dépense, tout en permettant au président de la République de pouvoir faire ses déplacements internationaux, Noo Lank suggère d'affecter cet avion à Air Sénégal pour l'exploiter pendant ses périodes d'immobilisation où le Président ne voyage pas», conseille le collectif. Pour la coordination, cela rendrait inutile des aménagements additionnels coûteux de luxe présidentiel et la compagnie nationale, durement affectée par la crise sanitaire, pourrait ainsi renforcer ses capacités et revenus commerciaux. «Pour rattraper cette décision, Noo Lank invite à faire preuve de responsabilité en faisant du nouvel avion partie intégrante de la flotte d'Air Sénégal, tout en permettant les déplacements du chef de l’Etat, si nécessaire», suggère-t-il. Poursuivant, Noo Lank soutient que «le fait que le Président Macky Sall ait préféré se cacher et acheter un avion, sans que les Sénégalais en soient informés, démontre qu'il était parfaitement conscient que c'est une décision inopportune, impopulaire et contraire à la période difficile traversée par les contribuables qui ont vécu des privations de toutes natures durant la crise». Par rapport aux nombreux déplacements du Président et de ses ministres, les activistes rappellent qu'avec la crise sanitaire, les dirigeants ont tiré réellement profit des nouveaux outils de communication qui leur ont permis de manière efficace et peu coûteuse de tenir des échanges entre responsables de tous les niveaux et pays. Donc, ils s’attendent à une baisse drastique de ces déplacements qui nous coûtent extrêmement cher.
Ndèye Khady DIOUF