Le président du Conseil constitutionnel a décerné, hier, le palme de la réussite de l’élection présidentielle au peuple sénégalais. Pour Pape Oumar Sakho, tout le mérite revient au peuple, qui a su faire preuve de maturité en allant voter dans le calme et la sérénité. Félicitant le Président Sall, M. Sakho l’invite à faire bon usage de la confiance renouvelée du peuple. Il n’a pas manqué de solder ses comptes avec l’opposition.
Le président du Conseil constitutionnel a installé officiellement le Président Macky Sall pour son second mandat, hier. Pour Pape Oumar Sakho, cette consultation électorale qui s’est déroulée dans des conditions de transparence telles qu’il n’a été relevé aucun fait, ni aucune irrégularité de nature à altérer la sincérité et la crédibilité du scrutin, n’a du reste donné lieu à aucune contestation. Rappelant la valeur du serment du chef de l’Etat, Pape Oumar Sakho insiste sur sa mission qui est de réaliser des rêves de bonheur, de prospérité, de justice et de sécurité des Sénégalais. «Vous êtes appelé à prendre cet engagement dans un contexte mondial où même les vieilles démocraties sont en proie à des crises profondes des valeurs républicaines, à travers la résurgence des idéologies obscurantistes, extrémistes, qui ont fini de décomplexer le discours suprématiste, racial, le repli identitaire et l’intolérance religieuse», a fait savoir Pape Oumar Sakho.
«En vous renouvelant leur confiance, vos concitoyens ont pour le moins validé votre bilan et adhéré à votre projet de société»
Poursuivant, le président du Conseil constitutionnel soutient : «vous êtes aussi appelé à prêter ce serment dans un contexte africain encore marqué par l’instabilité politico-militaire, l’extrémisme violent, des conflits ethnico-religieux. Dans un contexte national ou des clivages nationaux se font jour. (…) En vous renouvelant leur confiance, vos concitoyens ont pour le moins validé votre bilan et adhéré à votre projet de société», dit-il.
Pour Pape Oumar Sakho, l’élection présidentielle constitue un moment d’introspection générale, au plus profond de notre moi collectif et un criterium pertinent permettant de mesurer la maturité de nos institutions républicaines, de notre conscience citoyenne, mais aussi l’ancrage de nos élites politiques et intellectuelles dans une culture de l’Etat de droit. «Le pacte démocratique et l’Etat de droit supposent un rapport positif à la loi et aux institutions. Ils supposent en outre un respect mutuel et un esprit de dépassement entre les acteurs du jeu politique, en vue de surmonter la suspicion entre adversaires politiques, afin de trouver un minimum de consensus sur les questions essentielles, notamment en matière électorale. Il suppose enfin la participation active à la vie de la cité de personnalités indépendantes et suffisamment équidistantes des partis qui pourraient se retrouver en situation de conflit, pour se donner la légitimité d’arbitres ou de médiateurs impartiaux, en vue de la pacification de l’espace social et politique», affirme M. Sakho.
«Ces institutions si souvent prises à partie aujourd’hui sont pourtant celles qui, en l’espace de 12 années, ont permis deux alternances démocratiques»
D’après Pape Oumar Sakho, il semble bien que des efforts soient encore nécessaires en la matière. «L’histoire politique du Sénégal n’a certes pas été un long fleuve tranquille. Parfois, elle a en effet mis en présence des adversaires irréductibles. Ces derniers ont cependant toujours su prendre suffisamment de hauteur pour s’asseoir autour d’une table afin de trouver des points d’équilibre improbables et des consensus inédits en vue d’aller toujours plus avant dans notre longue marche sur le chemin de la démocratie. Force est de constater, aujourd’hui, une mutation des mœurs politiques, à travers la substitution du dialogue fécond aux monologues parallèles faits d’invectives et de calomnies dans les medias et les réseaux sociaux», regrette-t-il.
«Le discours politique gagnerait à s’élever à la hauteur de la conscience citoyenne de ce peuple»
Il a répondu aux opposants qui ont fustigé le parrainage. «La contestation principielle de la loi sur le parrainage et la confiscation du débat citoyen avaient pour conséquence logique la contestation de la mise en oeuvre de ladite loi et, au-delà, la contestation des institutions. Ces institutions si souvent prises à partie aujourd’hui sont pourtant celles qui, en l’espace de 12 années, ont permis deux alternances démocratiques», dit-il. Avant de rendre hommage aux forces de défense et de sécurité, à l’administration chargée des élections, ainsi qu’à tous ceux qui ont joué une partition à cette élection. Aussi, il a salué la maturité des électeurs qui ont fait preuve de responsabilité et de discernement pour la préservation de nos acquis démocratiques. «Ils n’ont fait ni vœu de contestation systématique, ni allégeance inconditionnelle à quelque chapelle politique que ce soit, il savent cependant que leurs voix comptent et attendent patiemment le jour du scrutin pour exprimer leur choix. Il faut les respecter et compter avec eux. En allant massivement aux urnes, ils ont pu conserver la paix sociale, renouvelant ainsi leur confiance aux institutions républicaines impliquées dans le processus électoral. Le discours politique gagnerait à s’élever à la hauteur de la conscience citoyenne de ce peuple, afin que le Sénégal reflète enfin et pour toujours l’image de la démocratie mature et apaisée qu’il est réellement», conseille M. Sakho.
Le patron des «7 sages» a aussi évoqué le pétrole et le gaz. Selon lui, si cette élection du 24 février a été si particulière, c’est aussi et peut être surtout parce que de nouvelles perspectives économiques semblent s’ouvrir à notre pays. «Les Sénégalais sont conscients qu’ils entrent dans une nouvelle ère, ils l’appréhendent autant qu’ils l’espèrent, car ils savent qu’elle sera, en fonction de ce que nous en ferons, une bénédiction ou une malédiction. En vous faisant dépositaire de leur confiance, vos compatriotes vous confient surtout leur espoir de paix, car la paix est aux Etats, ce que la santé est aux hommes, sans elle, rien n’est possible. On ne le sait souvent qu’après l’avoir perdue. Ils vous confient aussi leur espoir de cohésion nationale, afin que dans ce monde plein d’épines, le Sénégal reste un espace de paix d’où serait bannies les affres de la division et de la violence sous toutes ses formes», déclare M. Sakho, avant de lancer : «les Sénégalais vous confient enfin l’avenir de la jeunesse exposée au fléau de la migration clandestine, afin qu’elle ne se mue plus jamais en argonautes des temps modernes et se rende à travers déserts et océans dans une odyssée où elle ne rencontre que désillusion, intolérance et humiliation».
Ndeye Khady D. FALL
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