Alors que l’avenir du rail semble de plus en plus incertaine entre le Sénégal et le Mali, les acteurs du secteur refusent de baisser les bras. Conscients de la situation gravissime dans laquelle se trouve leur outil de travail, les cheminots du Sénégal et du Mali se sont concertés à Bamako. En marge de leur rencontre, les cheminots ont solennellement interpellé les autorités des deux pays sur leur situation.
La gare ferroviaire de Bamako a abrité une conférence de presse, co-animée par les secrétaires généraux des syndicats des cheminots du Sénégal et ceux du Mali. Une conférence de presse sous forme d’assemblée générale regroupant cheminots maliens et sénégalais et rappelant le temps de la Fédération du Mali qui regroupait les deux pays. Il s’agissait, à travers cette rencontre avec la presse malienne tenue en fin de semaine dernière, d’éclairer la lanterne de l’opinion sur les difficultés que rencontrent les travailleurs du rail, afin d’œuvrer en faveur d’une reprise sans délai du trafic ferroviaire Bamako-Dakar.
Cette rencontre entre les cheminots des deux pays intervient dans un contexte difficile pour ceux du Mali. C’est pourquoi, à la tête d’une forte délégation sénégalaise, Mambaye Tounkara a fait le déplacement pour essayer de trouver une solution à la crise que traversent ses collègues maliens. Les deux syndicats (Mali et Sénégal) ont fait une déclaration commune au nom des travailleurs ferroviaires. Il s’agit de l’intersyndicale des travailleurs de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako formée par les syndicats Sutrail-Satrail-Fetrail (Sénégal) et Sytrail-Syltrail (Mali).
Outre Mambaye Tounkara, secrétaire général de Sutrail au Sénégal, il y avait le secrétaire général Sytrail Mahame Thienta et le secrétaire général Syltrail ainsi que le secrétaire général Fetrail.
Dans sa déclaration lue par le Sénégalais Mambaye Tounkara, l’intersyndicale a rappelé que c’est dans un élan unitaire qu’elle a approuvé la décision historique prise par les chefs d’États malien et sénégalais de nommer un nouvel Administrateur général de l’Organe de gestion de la transition. Ce nouvel administrateur, Kibily Touré, est chargé de réorienter et d’accélérer le processus de mise en œuvre du nouveau schéma institutionnel.
Selon le conférencier, l’intersyndicale a rencontré l’Administrateur général de Dakar-Bamako Ferroviaire. Au cours des échanges, l’intersyndicale s’est rendu compte que le débat sur le nouveau schéma institutionnel est un sérieux frein à la relance de l’activité ferroviaire sur le corridor Dakar-Bamako. Aussi, elle a regretté que cette situation soit à l’origine de la détérioration du climat politique et social dans les deux pays. Ce qui a installé chez les travailleurs du Dakar Bamako Ferroviaire une inquiétude, voire un désarroi par rapport à la gestion du passif et de l’actif de la société. Les conséquences ne se limitent pas au niveau des travailleurs : les populations riveraines des rails sont aussi victimes.
Dans la même déclaration, les secrétaires généraux indiquent que l’Administrateur général s’engage à renoncer à la contribution des deux États estimée à une somme de 20 milliards de F Cfa pour le respect de la paie des cheminots. «C’est la raison pour laquelle l’intersyndicale interpelle solennellement les autorités du Sénégal et du Mali pour une application sans délai du schéma institutionnel conformément à leurs engagements», peut-on lire dans le document dont une copie nous est parvenue.
Mais si l’Administrateur général s’est engagé à renoncer à la contribution des 20 milliards des deux Etats, il a exigé le respect des délais dans le versement des salaires des travailleurs. Et pour finir, l’intersyndicale a invité les autorités de la République du Mali à résoudre le problème des salaires des travailleurs et à prendre toutes les mesures adéquates pour assurer le paiement régulier des soldes des travailleurs de la ligne ferroviaire Dakar Bamako Ferroviaire au Mali.
Sidy Djimby NDAO