Le Conseil économique, social et environnemental a abrité, ce mardi 30 juillet, sa première session extraordinaire de l’année 2019. Pour cette première plénière, il était question des stratégies pour lutter contre la violence faite aux femmes. Après avoir dénoncé les violences basées sur le genre, les différents intervenants ont tous affiché leur volonté de combiner leurs efforts pour combattre ce fléau.
La première session extraordinaire du du Conseil économique, social et environnemental de cette année a été ouverte hier. Aminata Touré salue la pertinence du thème de la première plénière, qui portait sur les stratégies à adopter pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux enfants.
Mimi Touré : «pour venir à bout de la violence sur les femmes, il faut dépasser le ‘’masla’’»
D’après Mimi Touré, dans la région de Dakar, les statistiques sont assez inquiétantes, avec 52% de taux de violence. «Il y a évidemment plusieurs types de violence, mais ce qu’on note, c’est une grande recrudescence des viols, avec 600 cas de viols sur des jeunes filles, ce qui est un atteinte aux droits fondamentaux», révèle la présidente du Cese. Pour venir à bout de ce fléau, selon Aminata Touré, il nous faut dépasser certains de nos attitudes culturelles comme le «masla». Il faut que cette question soit traitée de manière publique, pour préserver les filles à l’école, dans la rue et même au sein des familles.
Ndèye Saly Diop Dieng, ministre de la Famille : «l’espace familial est le principal lieu de production des violences basées sur le genre»
La ministre de la Femme a d’abord fait la genèse des cas de violence qu’a connus le Sénégal durant ces dernières années, avant de les dénoncer. Pour Ndèye Saly Diop Dieng, ce qui est plus déplorable, c’est que 24% seulement des victimes font recours à la justice et dénoncent les actes de violence perpétrés à leur encontre. Aussi, «27% des femmes de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans. Et à un moment quelconque de leur vie, 8% des femmes de cette même tranche ont déclaré avoir subi des actes de violence sexuelle et 62% de ces même cas indexent leurs partenaires actuels».
Diourbel remporte la palme avec 72%, suivie de Fatick avec 67%
A en croire Ndèye Saly Diop Dieng, l’espace familial est le principal lieu de production des violences basées sur le genre avec 50%. Selon cette dernière, aucune région n’est épargnée. Diourbel remporte la palme avec 72%, suivie de Fatick avec 67%. Toujours dans sa diatribe, la ministre révèle que les principales cibles sont les femmes et filles âgées de 20 à 40 ans. Ces violences dont elles sont victimes sont d’ordre verbal (46%), physique (27%) et psychologique (12%).
S’attaquant aux cas des enfants, Ndèye Saly Diop Dieng soutient qu’au Sénégal, 31% des enfants sont mariés avant 18 ans et 9% avant 15 ans.
De novembre 2018 à juin 2019, 11 cas de viol, dont 7 avec décès dans des conditions atroces
Penda Seck Diouf, présidente du Comité de lutte contre la violence faite aux femmes et Elias Ndoye, coordonnateur de l’association «Dafa Doy», sont venus représenter la société civile dans cette lutte engagée par les autorités. Pour la première nommée, il est important de mettre les femmes et les enfants à l’abri des violences basées sur le genre. Elle alerte ainsi les autorités sur la gravité de la situation de certaines femmes sénégalaises. A en croire Penda Seck Diouf, de novembre 2018 à juin 2019, 11 cas de viol, dont 7 avec décès dans des conditions atroces, ont été dénombrés ; 3650 cas de violences dont 668 cas de violences sexuelles sur des mineurs. Pour cette dernière, ce qui choque le plus est que près de 65% de ces cas de violences ne sont pas punis.
Embouchant la même trompette, Elias Ndoye a délivré le message du collectif «Dafa Doy» qui a vu le jour après l’assassinat de Binta Camara. Le coordonnateur de ladite association réaffirme l’impériosité de mettre fin aux violences faites aux femmes et aux enfants. Elias Ndoye regrette la recrudescence des cas de violence surtout sexuelle sur les enfants et les femmes. Sur la même lancée, le coordonnateur de Dafa Doy suggère l’application ferme et rigoureuse de la loi pénale et que le viol soit criminalisé au Sénégal.
Ahmadou Ben Cheikh KANE/Ndèye Khady D. FALL