Le procureur de la République est toujours dans sa dynamique de tirer au clair cette histoire d’évasion qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Comment Pape Mamadou Seck a pu s’échapper de prison, au nez et à la barbe des agents de l’administration pénitentiaire censés le surveiller ? L’enquête se poursuit à la Sureté urbaine.Dans la nuit du mercredi à jeudi, les enquêteurs ont procédé à la reconstitution des faits. Celle-ci a duré trois tours d’horloge et s’est déroulée du pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec au marché Sandaga.
Au moment où l’hôpital Aristide Le Dantec se vidait de ses occupants pour fermeture, le personnel ainsi que tous les patients étant donc appelés à quitter les lieux pour être redéployés ailleurs, le même hôpital recevait d’autres personnes, étrangères au service, qui ont ainsi trouvé l’endroit désert. Il s’agit des agents enquêteurs de la Sureté urbaine, des agents de l’administration pénitentiaire, des avocats etc. avec à la tête Papa Mamadou Seck, l’homme qui avait réussi à s’évader du pavillon spécial. Dans le cadre de l’enquête, la police procédait ainsi à la reconstitution des faits pour comprendre comment le présumé membre du groupe «Force spéciale» a pu échapper à la vigilance des matons pour se fondre dans la nature.
Cette reconstitution des faits s’est déroulée dans la nuit du mercredi 17 août au jeudi 18 août 2022. Selon Me Khoureichy Ba, qui a retracé le film de l’événement sur sa page Facebook, l’exercice a été harassant et a duré 3 heures. «Après trois tours d’horloge, la reconstitution des faits par la SU assistée des éléments de la Police technique et scientifique a pris fin», a informé la robe noire, par ailleurs conseil de Pape Mamadou Seck.
Naturellement, il s’est aussi agi de la confrontation entre les déclarations de Pape Mamadou Seck et celles des agents de l’administration pénitentiaire, histoire de voir si la responsabilité de ces derniers était engagée et jusqu’à quel niveau. «Elle a commencé par une randonnée pédestre à l’intérieur de l’hôpital déserté tel un champ de ruines et la promenade s’est poursuivie jusqu’à la pharmacie jouxtant la Chancellerie du Royaume-Uni et la morgue de l’hôpital Principal de Dakar», relate l’avocat sur sa page facebook.
Pape Mamadou Seck, expliquant le trajet qu’il a emprunté, une fois qu’il a réussi à s’échapper de l’hôpital, a conduit les enquêteurs jusqu’au marché Sandaga où il dit avoir ensuite pris un taxi. Le véhicule l’a déposé chez lui où il n’est resté qu’un moment avant de repartir.
Selon Me Bâ, son client qui est en convalescence, montrait des signes de fatigue à la suite du parcours emprunté à pied. Après le marché Sandaga, les enquêteurs et tout le groupe sont retournés à l’infirmerie du pavillon spécial. Ensuite, explique Me Khoureychi Bâ, les enquêteurs ont «évalué le récit des matons dans les locaux même de la Maison d’arrêt». L’avocat informe que les barreaux de la chambre des détenus étaient sciés. Par qui ? La robe noire qui semble être, en tout cas, optimiste, soutient: «l’expertise du lieutenant Bâ et de ses hommes passés dans l’art de résolutions des enquêtes criminelles les plus ardues de ces dernières années va trancher aisément».
Jusqu’aux dernières nouvelles, les matons n’étaient pas inquiétés mais l’enquête pourra déterminer s’ils ont fait preuve de négligence ou s’ils ont été complices. Pour tous les deux cas, l’infraction est établie.
Alassane DRAME