«Aucune augmentation significative des cas de Covid-19 n'a été observée au niveau national dans les semaines suivant le Grand Magal de 2020»
Le Magal 2020 n’a pas causé une augmentation des cas de coronavirus au Sénégal. C’est du moins ce que nous apprend le rapport publié lundi par le think Thank Legs Africa. D’après les auteurs du rapport, contrairement à ce qu’on redoutait, le grand événement de Touba n’a pas réellement eu d’impact dans l’évolution du Covid au Sénégal. Le rapport révèle par ailleurs un surendettement de notre pays avec un encours de la dette publique totale estimé à 9.176,3 milliards de FCfa en 2020.
Le Magal, qui réunit annuellement plus de 4 millions de Sénégalais venus de tout le pays et de la diaspora, peut cette année aussi ne pas engendrer de conséquences majeures. En effet, d’après le rapport de Legs Africa, le Magal de 2020 n’a pas causé une augmentation des cas de Covid-19. Au contraire, une nette diminution des cas a été notée entre septembre et novembre de l’année dernière à environ 30 cas par jour. Alors que le Magal a eu lieu le 6 octobre.
«En 2020, tous les rassemblements de masse ont été annulés au Sénégal. Cependant, le Grand Magal a eu lieu le 6 octobre 2020 à Touba et ce fut le seul rassemblement de masse organisé en 2020. Le Magal rassemble environ quatre millions de pèlerins du Sénégal et de la diaspora. Les données de surveillance des dernières années ont démontré que les infections des voies respiratoires sont parmi les causes les plus fréquentes de consultations dans les structures de soins.Les symptômes d'infection des voies respiratoires ont affecté 42% des pèlerins au Grand Magal de 2017, avec les coronavirus courants qui correspondent aux virus respiratoires les plus fréquents. L’évolutiondel’épidémieindiquequeplusde16.000 cas de Covid-19ont été signalés au Sénégal entre le 2 mars 2020 et le 30 novembre 2020, avec une augmentation en fin avril, qui a plafonné à environ cent-cent vingt (100 - 120) cas par jour jusqu'en fin août et une diminution en septembre - novembre à environ 30 cas par jour. Aucune augmentation significative des cas de Covid-19 n'a donc été observée au niveau national dans les semaines suivant le Grand Magal», révèlent les auteurs du rapport.
En moins de 10 jours (23 mars - 03 avril 2020), l’économie était presque à genoux
L’analyse des différentes mesures prises depuis le début du rapport montre qu’il y’a eu certes beaucoup de décisions qui ont été prises. Mais elles n’étaient pas toutes adaptées. Et certaines même violaient les droits humains, explique l’étude.
«Le premier constat est qu’il y a eu une inflation de normes qui peut être expliquée par le fait qu’au tout début de la pandémie, beaucoup d’incertitudes, d’inconnus entouraient la maladie : l’agent pathogène, les modes de transmission, les modalités de prise en charge. Au fur et à mesure que ces aspects étaient cernés, mieux connus, les mesures devaient être adaptées.Cependant, force est de constater que plus la crise perdure, plus on se rend compte de l’absence de bases tangibles qui fondent la prise de certaines décisions», soutiennent les auteurs. Qui poursuivent : «d’autres mesures sont intervenues sur le plan social, sanitaire, économique, fiscal, budgétaire et financier, prises par les d’autres départements ministériels pratiquement dans tous les secteurs d’activité. Les décisions prises, pour l’essentiel, portent atteinte de manière considérable aux libertés fondamentales garanties par la Constitution en son article 82. Elles interrogent le fonctionnement démocratique parce qu'elles imposent souvent des situations exceptionnelles. Les enjeux de santé publique dans certaines circonstances peuvent favoriser la limitation des droits et libertés à condition que ces droits soient restreints par la loi, dans l’intérêt d’un objectif légitime, que les procédures soient strictement nécessaires pour atteindre un tel objectif, que ces restrictions soient imposées de la manière la moins limitative possible et de manière non déraisonnable et non discriminatoire. Certains droits ne sont donc pas absolus. En toutes circonstances et dans toute décision, il faut considérer deux paramètres : proportionnalité et opportunité. Les mesures n’étaient ni opportunes ni proportionnelles».
L’étude révèle que même si la crise sanitaire a mené l’économie sénégalaise au bord du gouffre, elle souffrait déjà dans plusieurs secteurs. Et avec la crise et les nombreuses restrictions, en moins de 10 jours (23 mars - 03 avril 2020), l’économie était presque à genoux.
«Les restrictions commençaient à impacter négativement l’activité économique, surtout le secteur informel. Le chômage s’accentue, d’autant que certaines entreprises procédaient à la réduction de leur personnel face à un avenir incertain. La fermeture des écoles, universités, restaurants... a eu comme effet la création des premiers pauvres conjoncturels. D’autant plus que les pays d’où provenaient les transferts des fonds des migrants les plus conséquents (Italie, France, Espagne...) étaient les plus touchés par la pandémie. Ces pays avaient engagé des mesures de restrictions très sévères, un autre coup reçu par certaines familles de ‘’Modou-Modou”», révèle l’étude.
La dette publique totale en 2020 est estimée à 9176,3 milliards de FCfa
Et malheureusement, les investissements faits durant la période préélectorale de 2019 n’ont pas aidé pour le remboursement de la dette. La croissance économique qui était à 6,7% en 2018, s’est établie à 6% en 2019, en raison d’une faible pluviométrie et de la hausse du prix du baril de pétrole. Les perspectives à court et moyen terme demeuraient favorables avec un taux de croissance estimé à 6,8% en 2020, avant la crise sanitaire.
D’après Elimane Kane et ses amis, l’économie sénégalaise dépend toujours de son secteur primaire. En effet, d’après eux, plus de 50% des emplois au Sénégal sont recensés dans le monde rural et produisent moins de 16% de la richesse, en particulier l’agriculture qui est sujette aux fluctuations des cours mondiaux et aux aléas climatiques.
La crise sanitaire a été un choc pour notre économie. Et l’endettement a connu une hausse significative.
En effet, en 2018, l’endettement public a été évalué à 64,5% du Pib. En 2019, il était à 62,5% du Pib. Et aujourd’hui, il est presque à 67%. Et d’après les auteurs, l’encours de la dette publique totale en 2020 est estimé à 9176,3 milliards de FCfa.
Au terme de l’étude, plusieurs recommandations ont été faites. Pour les auteurs du rapport, il est important d’instaurer une véritable culture de santé publique pour éviter ou atténuer au maximum la survenance d’épidémies et leur dissémination, en misant sur la prudence et la prévention et avec une bonne coordination de tous les secteurs.
Pour Elimane Kane et ses collègues, refonder en profondeur notre système de santé pour le rendre résilient afin de faire face aux prochaines épidémies est une nécessité aujourd’hui.
L’Etat doit également aujourd’hui penser à remettre la prévention et la précaution appliquée au centre des priorités des politiques de santé publique et agir sur les leviers juridiques et éthiques.
A cela, les auteurs ont ajouté qu’il faut favoriser la redevabilité pertinente car elle revêt un aspect à la fois éthique et juridique et aussi mettre en place une plateforme «Open data» visant à encourager et permettre aux organismes publics de diffuser de manière spontanée et structurée des données «de-identifiées» accessibles aux chercheurs et aux citoyens pour favoriser la transparence. Ces plateformes de données doivent être disponibles, dans le respect de la protection des données personnelles et des secrets protégés par la loi, pour permettre la meilleure exploitation des données ; il est également nécessaire aujourd’hui, d’après Legs Africa, de miser sur une communication convaincante qui induit les changements de comportement souhaités.
Khadidjatou DIAKHATE
Le Magal 2020 n’a pas causé une augmentation des cas de coronavirus au Sénégal. C’est du moins ce que nous apprend le rapport publié lundi par le think Thank Legs Africa. D’après les auteurs du rapport, contrairement à ce qu’on redoutait, le grand événement de Touba n’a pas réellement eu d’impact dans l’évolution du Covid au Sénégal. Le rapport révèle par ailleurs un surendettement de notre pays avec un encours de la dette publique totale estimé à 9.176,3 milliards de FCfa en 2020.
Le Magal, qui réunit annuellement plus de 4 millions de Sénégalais venus de tout le pays et de la diaspora, peut cette année aussi ne pas engendrer de conséquences majeures. En effet, d’après le rapport de Legs Africa, le Magal de 2020 n’a pas causé une augmentation des cas de Covid-19. Au contraire, une nette diminution des cas a été notée entre septembre et novembre de l’année dernière à environ 30 cas par jour. Alors que le Magal a eu lieu le 6 octobre.
«En 2020, tous les rassemblements de masse ont été annulés au Sénégal. Cependant, le Grand Magal a eu lieu le 6 octobre 2020 à Touba et ce fut le seul rassemblement de masse organisé en 2020. Le Magal rassemble environ quatre millions de pèlerins du Sénégal et de la diaspora. Les données de surveillance des dernières années ont démontré que les infections des voies respiratoires sont parmi les causes les plus fréquentes de consultations dans les structures de soins.Les symptômes d'infection des voies respiratoires ont affecté 42% des pèlerins au Grand Magal de 2017, avec les coronavirus courants qui correspondent aux virus respiratoires les plus fréquents. L’évolutiondel’épidémieindiquequeplusde16.000 cas de Covid-19ont été signalés au Sénégal entre le 2 mars 2020 et le 30 novembre 2020, avec une augmentation en fin avril, qui a plafonné à environ cent-cent vingt (100 - 120) cas par jour jusqu'en fin août et une diminution en septembre - novembre à environ 30 cas par jour. Aucune augmentation significative des cas de Covid-19 n'a donc été observée au niveau national dans les semaines suivant le Grand Magal», révèlent les auteurs du rapport.
En moins de 10 jours (23 mars - 03 avril 2020), l’économie était presque à genoux
L’analyse des différentes mesures prises depuis le début du rapport montre qu’il y’a eu certes beaucoup de décisions qui ont été prises. Mais elles n’étaient pas toutes adaptées. Et certaines même violaient les droits humains, explique l’étude.
«Le premier constat est qu’il y a eu une inflation de normes qui peut être expliquée par le fait qu’au tout début de la pandémie, beaucoup d’incertitudes, d’inconnus entouraient la maladie : l’agent pathogène, les modes de transmission, les modalités de prise en charge. Au fur et à mesure que ces aspects étaient cernés, mieux connus, les mesures devaient être adaptées.Cependant, force est de constater que plus la crise perdure, plus on se rend compte de l’absence de bases tangibles qui fondent la prise de certaines décisions», soutiennent les auteurs. Qui poursuivent : «d’autres mesures sont intervenues sur le plan social, sanitaire, économique, fiscal, budgétaire et financier, prises par les d’autres départements ministériels pratiquement dans tous les secteurs d’activité. Les décisions prises, pour l’essentiel, portent atteinte de manière considérable aux libertés fondamentales garanties par la Constitution en son article 82. Elles interrogent le fonctionnement démocratique parce qu'elles imposent souvent des situations exceptionnelles. Les enjeux de santé publique dans certaines circonstances peuvent favoriser la limitation des droits et libertés à condition que ces droits soient restreints par la loi, dans l’intérêt d’un objectif légitime, que les procédures soient strictement nécessaires pour atteindre un tel objectif, que ces restrictions soient imposées de la manière la moins limitative possible et de manière non déraisonnable et non discriminatoire. Certains droits ne sont donc pas absolus. En toutes circonstances et dans toute décision, il faut considérer deux paramètres : proportionnalité et opportunité. Les mesures n’étaient ni opportunes ni proportionnelles».
L’étude révèle que même si la crise sanitaire a mené l’économie sénégalaise au bord du gouffre, elle souffrait déjà dans plusieurs secteurs. Et avec la crise et les nombreuses restrictions, en moins de 10 jours (23 mars - 03 avril 2020), l’économie était presque à genoux.
«Les restrictions commençaient à impacter négativement l’activité économique, surtout le secteur informel. Le chômage s’accentue, d’autant que certaines entreprises procédaient à la réduction de leur personnel face à un avenir incertain. La fermeture des écoles, universités, restaurants... a eu comme effet la création des premiers pauvres conjoncturels. D’autant plus que les pays d’où provenaient les transferts des fonds des migrants les plus conséquents (Italie, France, Espagne...) étaient les plus touchés par la pandémie. Ces pays avaient engagé des mesures de restrictions très sévères, un autre coup reçu par certaines familles de ‘’Modou-Modou”», révèle l’étude.
La dette publique totale en 2020 est estimée à 9176,3 milliards de FCfa
Et malheureusement, les investissements faits durant la période préélectorale de 2019 n’ont pas aidé pour le remboursement de la dette. La croissance économique qui était à 6,7% en 2018, s’est établie à 6% en 2019, en raison d’une faible pluviométrie et de la hausse du prix du baril de pétrole. Les perspectives à court et moyen terme demeuraient favorables avec un taux de croissance estimé à 6,8% en 2020, avant la crise sanitaire.
D’après Elimane Kane et ses amis, l’économie sénégalaise dépend toujours de son secteur primaire. En effet, d’après eux, plus de 50% des emplois au Sénégal sont recensés dans le monde rural et produisent moins de 16% de la richesse, en particulier l’agriculture qui est sujette aux fluctuations des cours mondiaux et aux aléas climatiques.
La crise sanitaire a été un choc pour notre économie. Et l’endettement a connu une hausse significative.
En effet, en 2018, l’endettement public a été évalué à 64,5% du Pib. En 2019, il était à 62,5% du Pib. Et aujourd’hui, il est presque à 67%. Et d’après les auteurs, l’encours de la dette publique totale en 2020 est estimé à 9176,3 milliards de FCfa.
Au terme de l’étude, plusieurs recommandations ont été faites. Pour les auteurs du rapport, il est important d’instaurer une véritable culture de santé publique pour éviter ou atténuer au maximum la survenance d’épidémies et leur dissémination, en misant sur la prudence et la prévention et avec une bonne coordination de tous les secteurs.
Pour Elimane Kane et ses collègues, refonder en profondeur notre système de santé pour le rendre résilient afin de faire face aux prochaines épidémies est une nécessité aujourd’hui.
L’Etat doit également aujourd’hui penser à remettre la prévention et la précaution appliquée au centre des priorités des politiques de santé publique et agir sur les leviers juridiques et éthiques.
A cela, les auteurs ont ajouté qu’il faut favoriser la redevabilité pertinente car elle revêt un aspect à la fois éthique et juridique et aussi mettre en place une plateforme «Open data» visant à encourager et permettre aux organismes publics de diffuser de manière spontanée et structurée des données «de-identifiées» accessibles aux chercheurs et aux citoyens pour favoriser la transparence. Ces plateformes de données doivent être disponibles, dans le respect de la protection des données personnelles et des secrets protégés par la loi, pour permettre la meilleure exploitation des données ; il est également nécessaire aujourd’hui, d’après Legs Africa, de miser sur une communication convaincante qui induit les changements de comportement souhaités.
Khadidjatou DIAKHATE