L’enquête réalisée par la Banque mondiale au Sénégal, dans la période du 3 juin au 19 juillet dernier, révèle l’impact de la pandémie à Covid-19 sur les ménages. En effet, entre la perte d'emploi, la diminution des revenus, les difficultés d’accès aux services de base, notamment les produits alimentaires et la santé, les ménages ont broyé du noir, durement éprouvés par cette crise sanitaire.
Une enquête réalisée par la Banque mondiale sur l’impact du Covid-19 sur le bien-être des ménages, dans la période du 3 juin au 19 juillet, a levé le voile sur les conséquences éprouvantes de cette crise sanitaire sur les ménages. En effet, selon l’enquête, la majorité des ménages ont été impactés par la pandémie. Un impact qui va de la perte d’emploi aux difficultés d’accès aux services de base, notamment les produits alimentaires et la santé, en passant par la diminution du revenu du travail…. S’agissant de l’impact du Covid-19 sur l’emploi, l’enquête révèle que parmi les chefs de ménage qui avaient un emploi avant la crise sanitaire, 60% ont conservé le même emploi.
30% de chefs de ménage ont arrêté de travailler à cause du Covid-19
Toujours selon l’enquête, 4% ont changé d’emploi et 36% ont par contre arrêté de travailler, dont 30% pour des motifs liés au Covid-19. Les chefs de ménage travaillant dans les secteurs des services, du commerce, de l’administration publique, des transports, de la communication, des mines et des carrières, ont été particulièrement les plus affectés par la pandémie. Plus chanceux, les travailleurs du secteur de l’agriculture ont été beaucoup plus épargnés. Par exemple, dans les secteurs de l'administration publique et du commerce, 41% des chefs de ménage ont arrêté de travailler à cause du Covid-19. Un pourcentage qui atteint 48% dans les services financiers, l’assurance, etc. Pour l’agriculture, la sylviculture et la pêche, seuls 11% ont arrêté de travailler à cause du Covid-19.
Une baisse des revenus pour 85% des ménages
A défaut de la perte d'emploi, certains ménages ont vu leurs revenus baisser. En effet, 85% des ménages enquêtés affirment subir une baisse de leurs revenus. Les revenus qui se contractent le plus étant le revenu des entreprises familiales non agricoles et les transferts privés à l'endroit des ménages. Il résulte du changement de revenu des ménages que les revenus de l'activité agricole, de l’élevage et de la pêche ont baissé de 76%. Le revenu de l’entreprise agricole a diminué de 93% et le revenu de l’emploi salarié des membres du ménage a chuté de 63%. L'enquête révèle également que les transferts monétaires depuis l’étranger ont baissé de 80%, tandis que les transferts monétaires depuis le pays ont baissé de 82%. Les aides accordées aux amis, aux familles et autres ont chuté de 83%. Même l’aide des Ong et autres organismes caritatifs a baissé de 72%.
6 ménages sur 10 ont essayé de s’approvisionner en produits alimentaires sans le pouvoir
S’agissant de l’accès aux denrées de première nécessité depuis mars 2020, l’enquête a révélé que six ménages sur dix ont essayé de s’approvisionner en produits alimentaires sans le pouvoir. Concernant le poisson frais, 50% de ménages en ont eu besoin et n’ont pu s’approvisionner. Pour le riz importé, 22% des ménages en ont eu besoin et n’ont pu s’approvisionner. Idem pour le sucre, avec 29% de ménages qui ont voulu en disposer et qui malheureusement n’ont pu s’approvisionner.
67% des ménages n’ont pu avoir accès aux soins médicaux à cause du manque d’argent
L’accès aux soins médicaux durant cette période de pandémie est tout aussi difficile. En effet, un quart des ménages qui ont eu besoin de soins médicaux, n'y ont pas eu accès. Et, le motif principal avancé de ce non-accès aux soins médicaux est le manque d’argent. L’enquête révèle que 67% des ménages n’ont pas accès aux soins médicaux par manque d’argent. Pour 23% de ces ménages qui n'ont pas accès aux soins médicaux, le motif avancé est la peur du Covid-19 ; tandis que 12% ont fait état du manque de transport. Pour 5% de ces ménages, le manque de personnel médical disponible justifie qu’ils n’ont pu accéder aux soins. 2% ont été éconduits par manque de place dans les structures hospitalières.
Près de 8 sur 10 perçoivent une évolution négative de leur bien-être depuis le début de la pandémie
Sur la perception de bien-être et satisfaction vis-à-vis des mesures économiques et sécuritaires, près de huit sur dix perçoivent une évolution négative de leur bien-être depuis le début du Covid-19. Néanmoins, environ 3/5 des ménages sont optimistes et pensent que la situation va s’améliorer d’ici 12 mois. S’agissant des mesures économiques et sociales, une large majorité des ménages apprécie les mesures économiques et sociales édictées par le gouvernement en riposte au Covid-19. Les mesures de soutien aux entreprises et de protection de l’emploi semblent cependant les moins appréciées. Quant aux mesures de prévention de la propagation du Covid-19, les ménages sont globalement satisfaits des mesures préventives prises vis-à-vis du Covid-19. Ce qui n’est pas le cas pour la fermeture des marchés qui est moins appréciée.
Bonne nouvelle, la quasi-totalité des chefs de ménage (99,8%) connaissent et appliquent à la fois au moins un geste barrière contre le Covid-19.
Sur un autre registre, notamment sur l’éducation des enfants en cette période de pandémie, 69% des enfants scolarisés en milieu urbain ont pu bénéficier au moins d'une activité éducative à la maison depuis la fermeture des structures scolaires, contre 27% des enfants scolarisés en milieu rural qui ont été en contact avec les enseignants.
Moussa CISS