
Le chroniqueur Abdou Nguer a été convoqué et entendu par les forces de l’ordre au Commissariat central de Dakar, après qu’une plainte a été déposée contre lui par Azoura Fall, militant du parti Pastef, également connu sous le nom d’Assane Guèye. Cette audition, qui a duré plusieurs heures, s’est conclue par la libération du chroniqueur sans placement en garde à vue ; une décision que son avocat, Me Moussa Diop, a saluée tout en exprimant de vives critiques sur le fond de l’affaire.
C’est ce qu’on pourrait qualifier de « combat par procuration ». Le chroniqueur et opposant au régime en place, Abdou Nguer, a été convoqué et entendu par les forces de l’ordre au Commissariat central de Dakar, après qu’une plainte a été déposée contre lui par Assane Guèye dit Azoura Fall, militant du parti Pastef.
Une plainte pour propos injurieux
Azoura Fall accuse Abdou Nguer d’avoir tenu des propos jugés offensants à son égard. D’après les informations disponibles, ces déclarations résulteraient d’un échange tendu entre les deux hommes, qui s’opposent ouvertement sur la scène publique. Le plaignant estime avoir été injurié par le chroniqueur, une accusation que ce dernier rejette, arguant qu’il n’a fait que répondre à des attaques précédentes de M. Fall.
Le conflit entre les deux hommes ne date pas d’aujourd’hui. Depuis plusieurs mois, des tensions étaient perceptibles à travers des échanges médiatiques musclés et des déclarations publiques enflammées. La plainte déposée par Azoura Fall s’inscrit donc dans un contexte plus large de rivalité politique et médiatique.
Une audition sous tension
Me Moussa Diop, avocat d’Abdou Nguer, a précisé que son client a été entendu à la Sûreté urbaine à partir de 10h du matin et que l’interrogatoire a duré plusieurs heures. “J’ai eu l’honneur d’assister mon client Abdou Nguer, chroniqueur convoqué ce jour à la Sûreté urbaine à la suite d’une plainte déposée par le sieur Azoura Fall du Pastef. Après une audition prolongée, mon client vient de rentrer tranquillement chez lui”, a-t-il déclaré.
L’avocat a ajouté que son client n’a pas présenté d’excuses, ni cherché à nuancer ses propos face aux enquêteurs. “Il a réaffirmé sa position, estimant qu’il ne faisait que répondre à des attaques publiques”, a précisé Me Diop. Selon certaines sources, le ton aurait été ferme mais respectueux tout au long de l’audition, avec un Abdou Nguer déterminé à ne pas revenir sur ses déclarations.
Les enquêteurs ont interrogé le chroniqueur sur les circonstances précises des propos incriminés et sur les motivations qui l’ont poussé à s’exprimer ainsi. Abdou Nguer aurait expliqué que ses paroles étaient une simple réplique à ce qu’il considérait comme des attaques personnelles et professionnelles de la part d’Azoura Fall, qui aurait notamment traité certains employés de Tfm et de Sen TV de “nafekh” (hypocrites en wolof).
Une libération sans poursuites
Au terme de l’audition, le procureur a jugé qu’il n’y avait pas matière à une garde à vue, et Abdou Nguer a pu regagner son domicile. Une décision qui, selon son avocat, prouve le caractère infondé de la plainte.
Me Diop a conclu en critiquant ce qu’il considère comme une instrumentalisation politique de la justice. “La rupture va de pair avec la fin du ‘Coumba am ndèye, Coumba amoul ndèye’’ », a-t-il lancé, une expression wolof qui signifie que certains ont du soutien et d’autres non, laissant entendre que son client aurait été ciblé de manière injuste.
Un climat politique tendu
Cette affaire illustre une fois de plus les tensions qui persistent entre les figures de l’opposition et certains militants proches du pouvoir, dans un contexte politique toujours sous haute tension au Sénégal.
Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel régime, plusieurs personnalités médiatiques et politiques ont été convoquées par la justice pour des propos tenus dans l’espace public. Certains y voient une volonté de réguler le discours politique, tandis que d’autres dénoncent une tentative de museler les voix dissidentes.
L’affaire Abdou Nguer, bien que temporairement close, pourrait donc s’inscrire dans une dynamique plus large où les confrontations verbales entre opposants et partisans du pouvoir débouchent de plus en plus souvent sur des procédures judiciaires. Reste à voir si cette tendance se confirmera dans les mois à venir.
Sidy Djimby NDAO