Comme annoncé, Moustapha Diop s’est rendu hier à l’Assemblée pour répondre à la convocation de la commission ad hoc instituée pour statuer sur la levée de son immunité parlementaire. Un face à face de près d’une heure à bâtons rompus, durant lequel le maire de Louga a tenu tête à ses vis-vis. Conscient qu’il a la vérité avec lui, Moustapha Diop a juré qu’il préfère mourir plutôt que de reconnaître une transaction financière à laquelle il n’est impliqué ni de près ni de loin.
Environ 60 minutes, c’est le temps qu’a duré hier l’audition du député Moustapha Diop par les 11 membres de la commission ad hoc chargée de statuer sur la levée de son immunité parlementaire. Une audition lors de laquelle Moustapha Diop a récusé toutes les accusations portées à son encontre. Selon des sources ayant assisté à la rencontre, c’est Me Abdoulaye Tall, président de la commission, qui a ouvert les débats en lisant les ‘’reproches’’ qui ont conduit à la demande de la levée de l’immunité parlementaire de son collègue Moustapha Diop. A sa suite, Moustapha Diop a pris la parole pour faire la genèse de l’affaire en informant qu’il n’a connu Tabaski Ngom qu’en 2022. Et c’est cette dernière qui a pris contact avec lui. Et à la veille des dernières élections législatives, Tabaski Ngom l’a encore saisi pour l’informer de son désir de le soutenir. Quand il a été élu député, cette dernière l’a appelé pour lui dire qu’elle a investi quelque 20 millions dans la campagne et qu’elle aimerait qu’il lui rembourse. Ce qu’il a catégoriquement refusé. C’est ainsi qu’il a commencé à entendre par divers canaux que Tabaski Ngom dit partout qu’il lui doit de l’argent. Un montant qui a varié de 20 millions en passant par 700 millions avant de descendre à 600 millions pour s’établir à 300 millions dans le procès-verbal.
Moustapha Diop de jurer devant les membres de la commission qu’il n’a jamais eu la moindre relation d’argent avec Tabaski Ngom. Tout juste, comme l’ont dit ses chauffeurs, cette dernière lui a offert des tee-shirts et des casquettes en guise de soutien lors des élections législatives. «Je préfère mourir que de reconnaître une transaction financière qui n’a jamais existé», a dit le maire de Louga. Qui, toujours selon nos sources, a juré que jamais personne n’apportera la preuve par audio, sms, décharge ou un quelconque autre support de relation financière entre Tabaski Ngom et lui. Nos sources avancent que Moustapha Diop a dit à la commission que dans le cadre du dialogue des institutions, l’Assemblée peut demander à la justice de l’entendre à titre de témoin, comme Birima Mangara avait été entendu, mais aller jusqu’à enlever son immunité parlementaire pour des «accusations aussi fallacieuses et légères», c’est exposer le député, d’autant que l’immunité ne le protège pas, elle protège l’institution parlementaire.
Les membres de la commission saluent sa posture
Nos interlocuteurs d’informer que presque tous les membres de la commission ont salué sa posture de répondre à la convocation de la commission. Selon eux, c’est un geste de grandeur. Mais certains d’entre eux en ont profité pour lui dire que c’est le même geste de grandeur qu’il doit assumer en acceptant la levée de son immunité parlementaire afin d’aller rétablir la vérité et revenir. En réponse, Moustapha Diop a mis les membres de la commission devant leur responsabilité en leur demandant si une simple accusation, sans aucune preuve dans le dossier, sans aucun témoin, peut pousser les députés à lever l’immunité parlementaire de leur collègue. Ce, d’autant que toutes les personnes interrogées l’ont blanchi et que seule Tabaski Ngom a parlé de dette sans apporter la moindre preuve de ses allégations.
Moussa Hamady Sarr et Djimo Souaré contre la levée de l’immunité
Si certains membres de la commission ont campé sur leur position initiale de levée de son immunité, d’autres ont estimé qu’il n’y a rien dans le dossier qui puisse conduire à cela. Moussa Hamady Sarr de Takku-Wallu et Djimo Souaré ont clairement exprimé leur opposition à la levée de l’immunité d’autant que le ‘’dossier est vide’’ et les accusations ne sont étayées par aucune preuve. Un député de Pastef a même abondé dans le même sens. Après des explications détaillées, une pause a été observée. Et au retour, aucune décision n’a été prise quant à la suite.
Baye Modou SARR