Caporal des sapeurs-pompiers servant à la compagnie d'incendie et de secours de Guédiawaye, El Hadji Mamadou Mbow a été jugé hier pour escroquerie, faux, usage de faux etc. Au final, le juge des flagrants délits de Dakar, après l'avoir déclaré coupable, l’a dispensé de peine de prison.
Pour les actes délictueux qu'il a commis au préjudice de la société ukrainienne Art Group, El Hadji Mamadou Mbow,caporal sapeur-pompier en service à la compagnie d'incendie et de secours de Guédiawaye, demeurant à Rufisque, a été condamné hier par le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar pour vol de cartes d'identité, faux et usage de faux dans un document administratif, usurpation de titre de policier et de douanier et escroquerie portant sur la somme 925.000 F Cfa. Heureusement pour lui, dans sa magnanimité, le juge l’a dispensé de peine. Toutefois, comme le lui a rappelé son avocat Me Seyba Danfakha, ce garçon répondra aussi de ces faits devant sa hiérarchie. Et là, s'il n'est pas chanceux, il risque d'être radié de sa fonction. En effet, selon l'accusation, El Hadji Mamadou Mbowa causé un préjudice énorme à ladite entreprise. Cette boîte, via son site internet urashop.sn propose à crédit à tout individu intéressé du matériel électronique et électroménager ; une offre soumise à certaines conditions. Ainsi, pour chaque matériel commandé, le client devra au préalable faire parvenir par WhatsApp la photocopie de sa carte d'identité nationale, de sa carte professionnelle ou du contrat de travail, son numéro de téléphone et celui d'un membre de sa famille. Aussi, il doit régler l'acompte suivant un mode de paiement par code marchand avant de se faire livrer la marchandise à son adresse après signature d'un contrat. Le reliquat aussi doit être payé par mensualités successives dont le nombre est déterminé en fonction du prix de vente du matériel sollicité, via Orange money ou Wave.
Le modus operandi du sapeur
Ainsi, le sapeur-pompier a commandéun téléphone portable après avoir satisfait aux conditions fixées par la société. Mais, s’étant rendu compte que le système sécuritaire de la boîte avait des failles dans son mode de fonctionnement,il se rend successivement dans les mairies de Malika et de Guédiawaye à la recherche de pièces d'identité égarées et ramassées puis déposées à ces endroits. Une fois sur ces lieux, il faisait croire aux personnes trouvées sur place qu'il était à la recherche de sa carte d'identité nationale perdue. Ainsi, il a volé 4 pièces d'identité à l'hôtel de ville de Guédiawaye et 4 autres à Malika, appartenant à des hommes dont la tranche d'âge est comprise entre 20 et 40 ans. Avec ces cartes d'identité volées, il s'est fait confectionner 8 cartes d'identité professionnelles dont 4 de police et 4 autres de douane à partir d'un logiciel informatique. Il a ensuite acheté huit puces du réseau de téléphonie Expresso à partir desquelles ilappelait les membres de l'équipe de la société électroménager pour passer huit commandes de téléphones dans la période du 30 décembre 2021 au 31 janvier 2022. Après la livraison de chaque téléphone, il retire la puce et la jette à la poubelle, ce qui l'exemptera de payer le reliquat.
Comment il a été pris la main dans le sac
Quand l'entreprise a constaté courant avril 2022 le non-respect des engagements concernant 8 contrats de vente, elle a faitune vérification minutieuse sur les dossiers. Ce qui a permis de relever des vices, particulièrement sur 8 cartes professionnelles. Ce dysfonctionnement a poussé la boîte a être vigilante et pointilleuse dans ses vérifications. Ainsi, tout document constitutifde dossier de contrat de vente fait l'objet d'une étude approfondie avant que le client ne reçoive sa livraison. Le personnel de la boîte restant aux aguets. El Hadji Mamadou Mbow, devenu un adepte du gain facile,est tombé dans la nasse lorsqu'il a voulu s'offrir un nouveau téléphone de marque Samsung A23 avec la carte d'identité du nommé Bada Diop qu'il a ramassé à Fass Delorme, le 18 août 2022 en utilisant le même mode opératoire.
L'équipe d'Urashop a mis en place un dispositif qui a abouti à son interpellation à la caserne des sapeurs-pompiers de Guédiawaye, où la livraison du matériel était fixée.
Entendu à la police, il a reconnu les faits tout en précisant avoir confectionné ces huit cartes professionnelles dans des salles cyber où il empruntait des ordinateurs. Sur le mobile de son acte, il a arboré être confronté à des problèmes financiers. «Pour des choses aussi débiles, vous risquez votre carrière. Vous savez ce que vous risquez en agissant de la sorte? Il faut se ressaisir!», lui dicte le juge.En l'absence de la société Atr Groupe, partie civile, le procureur a requis l'application de la loi pénale contre le prévenu. Le conseil de celui-ci, Me Seyba Danfakha a estimé que les faits ne souffrent d'aucune contestation avant de demander au tribunal d'infliger une peine de sursis à son client. «Vous voyez qu'il n'est pas fier de ce qu'il a fait. Ce garçon est en âge de maturation. Il a déjà été sanctionné par la société. Et, quelle que soit l'issue de cette affaire, il va répondre devant sa hiérarchie», a lancé l'avocat dont le client a été reconnu coupable et dispensé de peine. En sus, les intérêts civils du plaignant ont été réservés par le tribunal.
Fatou D. DIONE