Ce fut un grand oral pour le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. Attendu au tournant après une journée sans presse observée par les patrons de presse, Alioune Sall est revenu, hier, lors du lancement de la Plateforme de déclaration des médias au Sénégal, sur le fisc, les relations entre l’Etat du Sénégal et la presse, le trou noir de 800 millions du Fonds d’appui à la presse, tout en activant l’Ige pour faire la lumière sur cette affaire…
Alioune Sall a révélé le podium des principaux détenteurs de la dette fiscale. Cette déclaration a été faite lors du lancement de la plateforme « Déclaration médias au Sénégal », vendredi, à la Maison de la presse Babacar Touré, par le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. Il a confié que le Groupe Futurs médias détient 40% de la dette fiscale des entreprises de presse, suivi de la Rts avec 28% et du groupe D-média qui ferme le podium avec 11%. Il a révélé qu’un audit a été lancé par ses services dès son installation en vue de faire l'état des lieux des médias au Sénégal. Selon le ministre, «l'audit a révélé l'existence de 50 organe de presse écrite (quotidiens, hebdos et mensuels), 150 sites internet, 300 radios (privées, communautaires et commerciales) et 50 chaînes de TV, TNT gratuites». Il a à cet effet rappelé que l'exercice de de l’activité de presse est soumis à une autorisation préalable des services du ministère des Télécommunications. Mais selon lui, au regard de la situation, beaucoup de médias n'ont pas une autorisation légale pour émettre ou diffuser. Il a aussi soutenu n'avoir pas l'intention d'arrêter ces organes de presse, mais ils les appellent à se conformer à la réglementation édictée par le Code de la presse.
«Selon la loi, toutes les structures audiovisuelles (radios et Tv), doivent, pour être en conformité, disposer d’une autorisation délivrée par le ministre chargé de la Communication (Cf art 94 loi 2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la presse). A ce jour, aucune structure n’en dispose, d’où la nécessité d’une régulation, comme c’est le cas de Canal Plus qui est au Sénégal depuis plus de 30 ans», a-t-il fustigé.
«L’Etat n’a aucun problème avec les entreprises de médias au Sénégal»
Alioune Sall d’affirmer : «l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de la Communication, n’a aucun problème avec les entreprises de médias au Sénégal. on ne peut pas dire que l’Etat n’a pas fait ceci ou cela, alors qu’on sait que le nœud du problème n’est pas un problème lié au secteur de la communication. On parle quand même d’un secteur qui a un problème avec le fisc, ça n’a rien à voir avec la communication».
Le ministre se dit disposé à dialoguer avec les différents acteurs de la presse pour aborder les problèmes qui secouent la presse sénégalaise. «Quelles que soient les problématiques, nos portes sont ouvertes. Nous sommes ouverts au dialogue avec tout le monde des médias», a-t-insisté.
«Plus de 800 millions alloués à des activités ou structures autres que des entreprises de presse»
Par rapport à la répartition du Fonds d’appui et de développement à la presse, le successeur de Moussa Bocar Thiam s’est dit curieux de constater que «plus de 800 millions de francs Cfa ont été alloués à des activités ou structures autres que des entreprises de presse directement». A l’en croire, en 2023, les dépenses de fonctionnement sont estimées à 190 millions et l’étude, la formation, salon et autres, s’élèvent à 226 millions.
Pour avoir une idée claire et nette sur cette situation, le ministre Alioune Sall a annoncé qu’il a commandité un audit de l’Ige qui est en cours.
Porté à partir de 2012 à 700 millions de francs Cfa, le budget alloué au Fonds d’appui et de développement à la presse a connu une évolution fulgurante sous le régime de l’ancien président de la République, Macky Sall, en passant par 1 milliard 400 millions en 2022 à 1 milliard 900 millions en 2023.
«Je demande aux organes de presse de commencer à s’enrôler»
Une plateforme a été créée pour permettre aux médias de s’enregistrer et de s’identifier officiellement auprès du ministère, renforçant ainsi leur reconnaissance par l’État. Lors de la cérémonie de lancement, Alioune Sall a exhorté les organes de presse à adhérer rapidement à ce système. «Je demande aux organes de presse de commencer à s’enrôler, car cette plateforme sera l’unique référentiel où les entreprises de presse peuvent se faire reconnaître par l’État du Sénégal», a-t-il déclaré.
Le ministère de la Communication et du Numérique prévoit de faire paraître la liste des médias reconnus au Sénégal. L’objectif de cette initiative est de clarifier et de contrôler le paysage médiatique national. «Ce qui revient à publier la liste des médias officiellement reconnus par nos services, mais plus encore de connaître les vrais propriétaires de ces entreprises de presse afin que nul n’en ignore et que les médias ne soient pas considérés comme des outils d’influence ou de lobbying», a souligné le ministre.
Samba THIAM