La riposte annoncée par Ousmane Sonko à l’encontre de Barthélemy Dias et Samm Sa Kaddu ne devrait plus avoir lieu. Revenu de Touba où il était allé présenter ses condoléances à la famille du regretté Modou Tall, Ousmane Sonko a finalement renoncé à son «gatsa-gatsa», estimant que ses doléances ont été prises en compte avec l’arrestation de plus de 80 personnes supposées impliquées dans les violences de Saint-Louis. Il a ainsi invité ses militants à poursuivre leur campagne dans la paix, tout en restant vigilants. Quant à Barthélemy Dias, il l’invite à s'exiler en Papouasie Nouvelle Guinée s'il ne veut pas entendre des gens scander le nom de Ousmane Sonko.
24 heures après sa déclaration de guerre contre Barthélemy Dias, Ousmane Sonko semble retrouver la raison. La tête de liste de Pastef pour les élections législatives du 17 novembre 2024, qui a mobilisé ses troupes au rond-point de la Fastef (ex Ecole normale supérieure), a calmé les ardeurs de ses militants venus nombreux répondre à son appel d’avant-hier. «Comme je l’ai dit hier, vouloir que les gens saluent le changement positif dans le pays ne doit pas nous pousser au laxisme. Et je voudrais dire à tous ces bureaucrates qui semblent jouer contre Pastef que quand on se battait contre l’injustice de Macky Sall, quand on subissait les humiliations, les tortures, les emprisonnements, eux tous étaient dans leurs bureaux. Donc nous n’accepterons pas qu’ils soient déloyaux envers le régime. Nous ne leur demanderons jamais une chose illégale mais nous n’accepterons pas qu’on nous fasse du tort. Nous à Pastef, nous connaissons bien la force de frappe de nos forces de l’ordre. Si elles veulent prendre quelqu’un, rien ne peut les en empêcher. Donc nous ne pouvons plus accepter, en tant que parti au pouvoir, qu’on nous agresse par-ci ou qu’on nous poignarde par-là», a d’abord expliqué Ousmane Sonko.
Abordant l’arrestation de membres de la sécurité de Samm Sa Kaddu, le président de Pastef déclare : «j’ai reçu des informations disant que quand le cortège de Samm Sa Kaddu a été arrêté et fouillé hier à leur sortie de Thiès, les policiers ont trouvé un arsenal extraordinaire composé de grenades, de balles… que seules les forces de l’ordre devraient détenir surtout en cette période de campagne.» Il ajoute : «depuis le début de la campagne, j’ai tout fait pour ne pas utiliser ma fonction de Premier ministre dans le seul but de n’être pas avantagé par rapport aux autres candidats. J’ai fait toutes les régions et beaucoup de départements et jamais je n’ai appelé le gouverneur ou le préfet. Je n’utilise aucun moyen de l’Etat».
«Nous ne sommes pas des pouvoiristes»
Ousmane Sonko, qui pense que c’est cette jeunesse qui construira ce pays, assure : «nous ne sommes pas des pouvoiristes. C’est Dieu qui nous a donné le pouvoir si un jour il le récupère, nous rendrons grâce, mais tant que nous sommes au pouvoir, nous dirons toujours la vérité, que ça plaise aux autres où pas. Certains ont fait état de tentatives de sabotage du scrutin par l’opposition, parce qu’elle sait qu’elle a déjà perdu. Je voudrais vous assurer que personne ne peut saboter cette élection qui se tiendra ce dimanche sans problème et à l’arrivée nous allons gagner avec brio», espère-t-il.
Pour ce qui est de son discours d’avant-hier et alors que les choses ont commencé à bouger, la tête de liste de Pastef a appelé au calme. « On nous parle de plusieurs dizaines d’arrestations. C’est tout ce que nous avions demandé depuis le début. Maintenant que l’Etat a pris ses responsabilités comme nous le demandions, nous vous invitons tous à oublier tout idée de vengeance ou de violence. Concentrons-nous sur la campagne électorale et préparons-nous à jubiler de notre victoire», assure-t-il. Avant de révéler : «il y a longtemps, j’ai parlé au président [Bassirou Diomaye Faye] pour lui dire que ce qui se passe dans ce pays n’augure rien de bon et qu’il fallait prendre les devants pour éviter que la situation empire. Je fais allusion à tous ces gens qui passent leurs journées dans les radios et télés à insulter et calomnier les gens. C’est l’Etat qui doit mettre un terme à cela sinon les gens vont eux-mêmes régler leurs problèmes». Pour finir, il assure : «celui qui ne veut pas entendre un Sénégalais prononcer le nom de Sonko, devra aller, non pas en Europe, en Amérique ou en Asie, mais en Papouasie Nouvelle Guinée, peut-être...».
Sidy Djimby NDAO