
L’ancien ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, a enfin obtenu gain de cause devant la justice sénégalaise. Le juge des référés liberté de la Cour suprême a ordonné, ce vendredi 28 mars 2025, au ministère de l’Intérieur de lever l’interdiction de sortie du territoire qui pesait sur lui depuis plusieurs semaines. Cette décision marque une victoire juridique pour l’ancien ministre et beau-frère de l’ex-président Macky Sall, après avoir été empêché, à deux reprises, de quitter le pays sans qu’aucune explication judiciaire ne lui soit fournie.
Mansour Faye peut enfin souffler. Alors qu’il avait saisi le juge des référés de la Cour suprême par l’intermédiaire de ses avocats à la suite d’une deuxième interdiction de quitter le territoire national, l’ancien ministre vient de gagner son procès. La justice a ordonné au ministère de l’Intérieur de lever l’interdiction de sortie du territoire qui pesait sur lui depuis plusieurs semaines.
Une interdiction de voyager jugée arbitraire
L’affaire remonte au 10 mars 2025, lorsque Mansour Faye a été bloqué à l’aéroport international Blaise Diagne alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Djeddah afin d’accomplir la Oumra (petit pèlerinage à La Mecque). Quelques jours plus tard, une nouvelle tentative de voyage vers Abidjan s’est soldée par une interdiction similaire. Ces restrictions, prises sans notification officielle ni fondement judiciaire apparent, ont suscité l’indignation de ses proches et de nombreux observateurs politiques.
Selon son avocat, Me Amadou Sall, Mansour Faye n’a jamais été informé des raisons précises de cette interdiction. «Aucune décision judiciaire n’a été prise contre lui, aucun dossier d’enquête ne lui a été notifié. Il s’agit d’une violation flagrante de son droit à la libre circulation», a-t-il déclaré à l’issue de l’audience devant la Cour suprême.
Face à cette situation jugée injuste, Me Amadou Sall a introduit une requête en référé-liberté auprès de la Cour suprême, demandant la levée immédiate de l’interdiction de voyager. Après examen du dossier, le juge des référés a tranché en faveur de l’ancien ministre et a ordonné au ministère de l’Intérieur de lever les restrictions imposées.
Dans son ordonnance, la Cour suprême a rappelé le caractère fondamental du droit à la libre circulation, précisant que toute restriction à ce droit doit être légalement motivée et notifiée à l’intéressé. «Aucune procédure judiciaire ou enquête administrative ne justifie cette interdiction. Par conséquent, l’État ne peut empêcher M. Faye de voyager librement», indique la décision judiciaire.
Une interdiction infondée qui a fait jaser
Rappelons que la décision d’interdiction qui a frappé Mansour Faye a suscité de vives réactions au sein de la classe politique et de l’opinion publique. L’ancienne Première Dame, Marième Faye Sall, sœur de Mansour Faye, a exprimé son indignation face à ces restrictions qu’elle jugeait arbitraires. Selon elle, son frère souhaitait notamment se rendre auprès de leur mère malade, et cette interdiction constituait une atteinte grave aux libertés individuelles.
D’autres voix ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une tentative d’intimidation politique de la part des nouvelles autorités. Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, plusieurs anciens ministres et hauts responsables de l’ancien régime font l’objet de restrictions de mouvement ou d’enquêtes pour gestion supposée frauduleuse des deniers publics. Certains y voient une volonté d’écarter les figures influentes du régime précédent, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’une démarche légitime visant à faire la lumière sur la gestion passée du pays.
La justice face aux tensions politiques
En tout état de cause, l’affaire Mansour Faye met en lumière les tensions qui persistent entre l’ancienne majorité et le nouveau pouvoir en place. Si la décision de la Cour suprême apparaît comme une victoire pour l’État de droit, elle pose aussi la question de l’usage des restrictions administratives comme moyen de pression politique.
Me Amadou Sall, l’avocat de Mansour Faye, a salué cette issue favorable, rappelant que la justice a « reconnu le droit fondamental de son client à circuler librement ». Il a également mis en garde contre toute tentative de harcèlement administratif visant des personnalités de l’ancien régime sous couvert de contrôle gouvernemental.
Avec cette ordonnance de la Cour suprême, Mansour Faye peut désormais voyager librement, sauf nouvelle décision judiciaire contraire. Cette affaire souligne l’importance du respect des libertés fondamentales, même dans un contexte de transition politique. Elle rappelle également que la justice sénégalaise demeure un contre-pouvoir essentiel pour garantir l’État de droit.
Sidy Djimby NDAO