Le président de l’Act, Abdoul Mbaye, a fait face à la presse pour dénoncer vigoureusement le ‘’recul démocratique’’ enregistré par le Sénégal. Très en verve, l'ancien Premier ministre a dit ses vérités sur les scandales financiers, la question du 3ème mandat, la hausse des prix, l'opposition...
L'entrée en autocratie et en dictature est en cours au Sénégal. C'est la conviction de l'ancien Premier ministre de Macky Sall. Et le président de l'Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) de justifier ses propos. «La non-application des décisions de la Cedeao concernant le parrainage qui est un déni de justice, la non-application des recommandations de l'Union Européenne, des auditeurs indépendants qui appellent à une réforme de la loi électorale sur l'automaticité des recommandations de droits civils en cas de condamnation pénale sans perte expresse de ses droits décidée par le juge...On manipule la justice pour rendre un opposant inéligible. Nous sommes témoin de nombreux décès, de disparitions inexpliquées. Où en est l'enquête des 14 vies perdues en mars 2021 ? Le combat engagé contre les journalistes, les activistes, les réseaux sociaux, le débat sur le nombre de mandats»,liste Abdoul Mbaye.
Baisse des prix.... un échec,selon l'ancien Pm
Alors que le gouvernement se vante d’avoir diminué les prix des produits de base, Abdoul Mbaye dément et parle plutôt de hausse. «Il y a échec et il faut céder la place, parce que le pouvoir d'achat n'évolue pas», lâche-t-il. Les réalisations infrastructurelles dont se targue l’Etat aussi font rire l’ancien Pm (avril 2012-septembre 2013). Pour lui, il n’y a rien de plus facile à réaliser. «Il suffit de s'endetter et de ponctionner dans le budget, de réaliser et d'inaugurer en mettant la charge de l'endettement sur le dos de la génération future», dit-il.
L’ancien banquier de dénoncer, par la même occasion, les scandales de corruption, de malversation et la mal gouvernance qui sont une des causes de la dégradation des conditions de vie des Sénégalais. «Ces ressources détournées pouvaient servir au secteur agricole, à la santé, à l'éducation, à baisser le coût de l'énergie sur lesquels le Plan Sénégal émergent dépend. Mais on augmente les taxes de douane pour augmenter, par ricochet, le coût de la vie de la population. L'impasse en termes d'endettement est une dimension qu'on oublie, alors qu'on est à 70%. Nous allons tout droit dans le mur», dit-il.
3e candidature : Abdoul Mbaye invite les Sénégalais à faire face
Abdoul Mbaye a profité pour alerter. «Sur la route de l’élection 2024, à la recherche des empreintes à son vocabulaire de manigance, il voudrait violer le caractère intangible de la partie de notre constitution relative à l’élection du président de la République. Caractère intangible qu’il a lui-même introduit lors du référendum de 2016. Il appartient aux Sénégalais, aux électeurs sénégalais et citoyens sénégalais d’une manière générale, de faire barrage à ce projet en sanctionnant non seulement le chef de ce régime, mais tous ses complices dans ce funeste projet», a déclaré Abdoul Mbaye.
Samba THIAM
ABDOUL MBAYE
«Ousmane Sonko n'est pas mon leader»
Ce n'est pas pour demain que l'opposition aura un leader qui fera l'unanimité et pour cause. L'ancien Pm a été fermé sur cette question. «Je n’ai pas honte de dire que l’idée de l’intercoalitionYewwi est venue de nous. Ceci dit, il y a aussi des propos qui mettent à mal cette opposition. Si on dit qu’un tel est le leader de l’opposition, il y a problème. Il faut une compétition qui va s’ouvrir. Personnellement, Sonko n’est pas mon leader, ce n’est pas possible. Demain je peux être à ses côtés pour l’aider, pourquoi pas. Mais il n’est pas mon leader. Donc il faut également que l’on cesse de se mettre dans des attitudes qui détruisent l’unité de l’opposition. On doit être ensemble, ‘’And nawlélanuytaxawal’’. Mais vouloir dire que je suis le leader, l’autre est le second, c’est des enfantillages. Il faut arrêter ça», réagit fermement Abdoul Mbaye.
S. THIAM