Pour sa première année après son élection, l’équipe d’Ousmane Chimère Diouf a fait son bilan d’activités. Lors de la cérémonie d’ouverture, en présence du ministre de la Justice, garde des Sceaux, le président de l’Union des magistrats sénégalais, dans son discours, s’est appesanti sur la question de l’indépendance de la justice et les critiques dont cette justice fait l’objet depuis quelque temps. Il a rappelé à ses collègues que la question de l’indépendance est une affaire personnelle et par rapport aux attaques subies par les magistrats, Ousmane Chimère Diouf les a condamnées avant de demander à Me Malick Sall de sévir, en ordonnant parfois des poursuites conformément à l’article 619 du code de procédure pénale. Car, souligne-t-il, «nul n’est au-dessus de la loi».
Aux usagers des réseaux sociaux, à Ousmane Sonko et ses camarades hommes politiques de l’opposition, aux activistes et aux citoyens qui se plaisent à tirer sur la justice et principalement sur les magistrats, Ousmane Chimère Diouf dit condamner fermement ces attaques. Le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) ne veut plus de ces critiques acerbes au risque de poursuites. C’est ce qu’il a demandé à la chancellerie, hier, dans son discours, lors de la cérémonie d’ouverture de l’Assemblée générale de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). «Ces derniers temps, la justice a fait l’objet d’attaques à tort ou à raison de citoyens. Si la critique objective fondée sur une argumentation juridique est nécessaire pour faire avancer le droit, il n’en est pas de même d’attaques visant la personne même du magistrat dans l’exercice de ses fonctions, en remettant en cause son intégrité, sa dignité et son honorabilité. L’Ums tient à condamner fermement ce genre d’attitudes aux antipodes de tous les principes républicains et vous interpelle sur le rôle que doit jouer la chancellerie face à une telle situation sur le fondement des dispositions de l’article 619 du code de procédure pénale», a martelé le président de l’Ums qui demande ainsi des poursuites.
L’article 619 du code de procédure pénale évoqué prévoit une plainte du chef de corps, ou du ministre en cas d’injure ou de diffamation sur les cours, tribunaux etc. Selon Ousmane Chimère Diouf, autant le citoyen peut légitimement réclamer ses droits, autant il a une obligation de respect envers la justice. «Les lois, en effet, permettent de maintenir l’équilibre entre les droits individuels et les obligations des uns et des autres», souligne-t-il. «L’Ums, consciente du fait que beaucoup de critiques faites le sont parce que leurs auteurs ignorent les règles de fonctionnement de la justice, est prête, dans une démarche purement pédagogique et d’ouverture, à revoir sa communication qui ne sera motivée, cependant, que par le souci de mieux faire connaitre l’appareil judiciaire, et s’engage à s’éloigner de toute polémique ou débat improductif, et de ne s’immiscer dans aucune procédure en cours», a poursuivi le président de l’Ums. Si ce n’est cela, Chimère Diouf prévient tout le monde.«Nul ne peut affaiblir la justice garante de l’Etat de droit et de l’équilibre de la société, puisqu’elle tient ses pouvoirs directement de la loi et aucun citoyen n’est au-dessus de celle-ci».
«L’indépendance repose sur la responsabilité professionnelle du juge qui est personnelle et non collective»
Par ailleurs, relativement à la question de l’indépendance de la justice, il interpelle ses camarades magistrats.«Le problème de l’indépendance de la justice est posé de façon récurrente par les citoyens. Ce principe fondamental posé par la constitution doit renvoyer à la capacité de la justice à fonctionner à l’abri de tout parti pris, de toute pression d’où qu’elle vienne et quelle que soit sa forme, et de toute interférence. Pour reprendre Thierry Renoux, ‘’être indépendant, c’est n’avoir rien à craindre ni à désirer de personne’’. Cela signifie que dans l’exercice de ses fonctions, le juge ne doit être soumis à aucune contrainte ou influence de quelque organe ou individu que ce soit et doit, en toute circonstance, se souvenir qu’on n’est soumis qu’à l’autorité de la loi. Ainsi posé, ce débat doit être ramené à la responsabilité professionnelle du juge qui, doit-on le rappeler, est personnelle et non collective, contrairement à la conception populaire de la notion».
Chimère Diouf appelle à l’unité
Le Président de l’Ums appelle enfin ses camarades à s’unir et se solidariser : «c’est l’occasion pour nous de rappeler que nous devons resserrer les rangs pour faire face aux nombreuses critiques formulées à notre encontre, à tort ou à raison. Il nous appartient avant la fin de nos travaux de faire une introspection sans complaisance allant dans le sens d’améliorer le service public de la justice pour le plus grand bien du peuple au nom duquel nous rendons des décisions. Nous insistons sur les notions de solidarité, d’union et d’empathie. Nous avons choisi une voie, assumons pleinement nos responsabilités en nous souciant uniquement de l’application des textes», lance-t-il à l’endroit de ses collègues.
Alassane DRAME