Dakar a abrité lundi 6 décembre 2021 la 7ème édition du Forum sur la paix et la sécurité. Le thème choisi pour cette édition est «Enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde post-Covid19». Ils étaient pour cette année 2021 quatre chefs d'Etat africains à prendre part : Cyril Ramaphosa, président d’Afrique du Sud, Mohamed Bazoum, président du Niger, Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée Bissau et le Président Macky Sall, hôte du Forum.
Cette 7e édition du Forum de Dakar est marquée par l’appel du président de la République du Sénégal sur sa vision de la gouvernance économique. Selon Macky Sall, il faut repenser la gouvernance économique mondiale pour favoriser les conditions du financement de l’émergence en Afrique. Ainsi, il a donné ses six réformes majeures.
«La paix et la sécurité en Afrique sont parties intégrantes de la paix et de la sécurité du monde»
Revenant sur la lancinante question de la sécurité, avec la progression des mouvements terroristes, Macky Sall pointe du doigt en disant que «l’urgence est là : dans ces pays déstabilisés, en partie occupés et menacés dans leur existence, ces vies humaines perdues, ces personnes déplacées ou réfugiées, ces familles endeuillées, ces écoles fermées et ces économies fortement perturbées. Je pense aux périls sécuritaires, environnementaux et sanitaires, au crime organisé, à la piraterie et à la cybercriminalité, entre autres ; autant de défis transfrontaliers auxquels aucun pays ne peut faire face tout seul. Responsabilité nationale, solidarité internationale et sécurité collective ; cela veut dire que la paix et la sécurité en Afrique sont parties intégrantes de la paix et de la sécurité du monde. Nous devons, par conséquent, continuer de pointer du doigt les causes internes et externes des conflits sur le continent et d’évaluer l’efficacité des réponses nationales, des opérations de paix et autres mécanismes de règlement pacifique des différends», soutient-il en indiquant que le mal de l’Afrique, ce sont les Africains.
Nous devons reposer la question doctrinale des opérations de paix au plan régional, à l’UA et au Conseil de sécurité
Ayant sa perception de cette question, le président de la République croit dur comme fer qu’il faut repenser la doctrine des opérations de paix. «La sécurité n’a pas de prix. Mais elle a un coût. Face à la montée du péril terroriste, il nous faut plus de flexibilité budgétaire pour permettre à nos pays de se donner les moyens d’assurer un minimum de défense nationale, avec des armées bien entraînées et bien équipées. J’invite les pays et institutions partenaires à tenir compte de cet impératif vital. Nous devons aussi interroger la doctrine des opérations de paix en Afrique. Certes, des succès ont pu être enregistrés çà et là. Mais les défis sécuritaires persistent ; d’où la problématique récurrente des mandats et des règles d’engagement des opérations, y compris dans le cadre de l’architecture africaine de paix et de sécurité et sa Force en attente. Nous devons, par conséquent, reposer la question doctrinale des opérations de paix au plan régional, à l’Union Africaine et au Conseil de sécurité», fait-il savoir.
«Isoler un pays qui a séquencé un nouveau variant est discriminatoire et contre-productif»
Le président de la République du Sénégal s’est exprimé aussi sur l’apparition du variant Omicron en Afrique du Sud. Devant ses invités et le Président sud-africain, Macky Sall a montré son désaccord avec les pays qui ferment leurs frontières à l’Afrique du Sud. «Comme l’a clairement indiqué l’Oms, isoler un pays qui a séquencé un nouveau variant et a fait preuve de transparence est non seulement discriminatoire, mais aussi contre-productif ; parce que cela incite les autres à ne pas publier les résultats de leurs investigations. Cette pandémie qui frappe tous nos pays doit nous rassembler sur le front solidaire de la riposte, au lieu d’ajouter un nouveau clivage aux relations Nord-Sud».
«Les besoins du continent se situent entre 130 et 170 milliards de dollars par an»
selon Macky Sall, la chute drastique des recettes et la hausse imprévue des dépenses en riposte sanitaire et résilience socio-économique ont aggravé le déficit budgétaire, alors que «nos pays ne disposent pas d’instruments monétaires et financiers d’atténuation de l’impact de la crise, à l’instar des banques centrales des pays développés. Selon le Rapport de l’Ocde intitulé ‘’Dynamiques du développement en Afrique 2021 : transformation digitale et qualité de l’emploi’’, l’Afrique n’a attiré que 2,9% des Ide en 2019, soit 45,5 milliards de dollars, loin derrière l’Asie (31%), l’Amérique latine et les Caraïbes (9.9 %). Les transferts de la diaspora ont également connu un net recul. Je rappelle que ces transferts, estimés par la Banque mondiale à plus de 85 milliards de dollars en 2019, sont de loin supérieurs aux 29,6 milliards d’Aide publique au développement pour l’Afrique. Alors, dans ce contexte de crise et d’efforts de relance post-Covid, quels enjeux et quels défis pour l’émergence du continent ? Il faut d’abord rappeler l’ordre des grandeurs. L’Afrique, c’est 30 millions de km2 et plus d’un milliard d’habitants. Selon la Bad, rien que pour les infrastructures, les besoins du continent se situent entre 130 et 170 milliards de dollars par an», conclut le président Macky Sall qui ouvrait la 7ème édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité.
Baye Modou SARR