La Loi de finances 2021 est arrêtée à 4589,15 milliards francs Cfa contre 4215,2 milliards en 2020, soit une hausse de 373,95 milliards en valeur absolue et de 8,9% en valeur relative. Ainsi, en dépit de la pandémie à Covid-19 à l’origine d’un Pib de -0,7% en 2020, le Sénégal va enregistrer un gain de 5,9 points de pourcentage en 2021 avec un taux de 5,2% de Pib.
C’est au terme de 11 tours d’horloge de débats par moments houleux que le projet de loi de finances de la gestion 2021, sur les considérations générales, a été adopté par l’Assemblée nationale en présence du ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo et de son collègue de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott. Et le projet de loi de finances 2021, sous l’emprise de loi organique relative aux lois de finances (Lolf) 2001-2009, intégrant l’amortissement de la dette publique est arrêté à 4589,15 milliards francs Cfa contre 4215,2 milliards francs Cfa en 2020, soit une hausse de 373,95 milliards en valeur absolue et de 8,9% en valeur relative. Un projet de budget 2021 qui se résume au triptyque : subir-résister-relancer.
Un Pib de 5,2% en 2021 contre -0,7% en 2020
Globalement, le taux de croissance du Pib est projeté à 5,2% en 2021 contre -0,7% en 2020 soit un gain de 5,9 points de pourcentage (largement au-dessus de la moyenne africaine de -3,2%). Cette croissance serait à la fois tirée par les secteurs primaire 4,7%, secondaire 5,5% et tertiaire 4,8%. Dans le projet de la loi de finances initiale (Lfi) 2021, les recettes sont arrêtées à 3225,9 milliards et 3969,9 en dépenses, soit un déficit budgétaire de 743,9 milliards. Ledit projet de loi a été bâti sur une prévision de croissance de 5,2% et un déficit budgétaire attendu à 5% contre 6,1% lors de la Lfr 2020.
Une baisse de 37,8 milliards de la dette
Les charges dans le projet de la Lfi sont programmées à 3969,9 milliards pour l’année 2021, soit une hausse de 7% par rapport à la Lfi de 2020 qui était de 3709 milliards. Elles se décomposent en charges financières de la dette, dépenses de personnel, dépenses de fonctionnement, dépenses d’investissement et en comptes spéciaux du Trésor (135,9 milliards). S’agissant des charges financières de la dette (intérêts et commissions), elles se chiffrent à 327 milliards en 2021, contre 364,8 milliards dans la Lfi 2020, soit une baisse de 37,8 milliards en valeur absolue. Sur la hausse continue de la dette, le ministre des Finances d’indiquer que la dette augmente régulièrement pour tout pays non exportateur net de pétrole, puisqu’il est obligé de financer son développement à travers l’emprunt. Il a également précisé que le plus important dans le cadre de la dette, c’est sa viabilité. A l’en croire, la dette du Sénégal est viable en ce sens que jusqu’à présent, le pays n’a pas encore connu de défaut de paiement.
La masse salariale : 904,9 milliards
La masse salariale est programmée dans le projet de loi de finances (Plf) 2021 pour un montant de 904,9 milliards, contre 817,7 milliards dans la Lfi 2020, soit une progression de 87,2 milliards en valeur absolue. Une hausse justifiée par la revalorisation des indemnités de logement des enseignants et leur mise en solde, les dépenses de santé et d’hospitalisation, mais surtout par la décision de renforcer les personnels de santé d’au moins 1000 agents. Les dépenses d’acquisition de biens et services et de transferts courants s’établissent à 1007 milliards contre 947,4 milliards dans la Lfi 2020, soit une hausse de 6,3%.
Moussa CISS
TENTATIVE D’AJOURNEMENT DES DEBATS
La majorité dicte sa loi à l’opposition
Les débats sur l’adoption du projet de loi de finances de la gestion 2021 ont été rythmés par des interruptions intempestives de la part des députés de l’opposition, pour des questions préjudicielles en vue de faire ajourner les débats. Une démarche aux allures de tentative de blocage qui n’a pas prospéré devant la majorité.
S’il ne tenait qu’à la volonté du président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, Abdou Bara Doly Mbacké, le projet de loi de finances de la gestion 2021 ne serait pas soumis aux députés, encore moins voté ou adopté. En effet, le parlementaire a soulevé une question préalable pour demander l’ajournement simple des travaux. En cette période où la jeunesse, dit-il, est désorientée au point de braver l’océan au péril de sa vie à bord d’embarcations de fortune pour rejoindre l’Europe ; où les pêcheurs se reconvertissent en convoyeurs de la mort après que les licences de pêche ont été bradées par nos autorités, où les parents, ajoute-t-il, peinent à inscrire leurs enfants ou acheter leurs fournitures parce qu’impactés par le Covid-19, en cette période de manque d’eau, l’Etat, fait remarquer le député libéral, devait avoir d’autres préoccupations qu’augmenter les budgets de certaines institutions budgétivores comme le Conseil économique social et environnemental (Cese) ou l’Assemblée nationale. A l’en croire, le surplus injecté pour alimenter ces institutions, notamment celui de l’Assemblée nationale qui est de 100 milliards, pouvait servir – en plus des 731 milliards injectés dans un Ter qu’il dit être à terre – à financer l’emploi des jeunes.
Abdoulaye Daouda Diallo démolit Abdou Bara Doly Mbacké
Toutes choses qui, poursuit-il, font conforter les dires de l’actuel patron du Cese, selon lesquelles la vision du Président s’arrête à Diamniadio. «Si vous croyez qu’on s’arrête à Diamniadio, alors que vous empruntez tous les jours l’autoroute Ila Touba, c’est parce que vous vous trompez», lance Abdoulaye Daouda Diallo pour répliquer à ces attaques, avant de demander à l’Assemblée de poursuivre les débats et de voter le budget. A l’en croire, le budget 2021 comporte des innovations et des avancées majeures. Il en veut pour preuve le budget 2021 qui est de 4589,15 milliards, contrairement au budget de 2452 milliards de 2012. Le président de la Commission des finances et du contrôle budgétaire, Seydou Diouf, s’est inscrit dans cette dynamique pour dénoncer la posture de son collègue parlementaire, qu’il accuse de vouloir instaurer un débat politique. Avant de l’inviter à faire la part des choses, car les députés sont élus par le peuple et font un travail sérieux pour la République. En effet, avec tout le travail accompli en commission technique, si le budget n’est pas voté, dit-il, c’est l’avenir de la jeunesse qui sera hypothéqué. Outre le député libéral, Mamadou Lamine Diallo s’est également inscrit dans cette logique, ainsi que le député de la diaspora Mame Diarra Fam, pour décrier le vote du budget 2021, alors que la lumière n’a pas encore été faite sur le budget 2020, notamment avec les ordonnances qui ont permis au chef de l’Etat de prendre des décisions. Ils ont aussi dénoncé le budget de l’Assemblée nationale qui, dénoncent-ils, n’est pas passé par la commission des finances. De l’avis de Seydou Guèye, ses collègues n’ont pas d’arguments et cherchent à bloquer les débats.
M. CISS