L’autosuffisance alimentaire tant chantée par le gouvernement de Macky Sall n’est pas pour demain. En effet, le Sénégal figure parmi les 45 pays ayant besoin d’une aide alimentaire externe en raison de l’exacerbation des vulnérabilités accrues par les effets de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, a indiqué la Fao dans le rapport consacré aux Perspectives de récolte et à la situation alimentaire.
Selon les évaluations de la Fao, à l’échelle de la planète, 45 pays, dont 34 en Afrique et 9 en Asie, ont besoin d’une aide alimentaire extérieure. Les conflits et les chocs météorologiques demeurent des facteurs critiques qui contribuent aux taux actuellement élevés d’insécurité alimentaire grave. Les effets de la pandémie de Covid-19 ont exacerbé les vulnérabilités et accru les besoins humanitaires. Malheureusement, le Sénégal fait encore partie des pays qui ont besoin de l’appui de l’extérieur. Au Sénégal, souligne le rapport, la Fao constate des pénuries localisées de la production céréalière en se référant sur la dernière analyse du «Cadre harmonisé» qui fait savoir que 850.000 personnes auraient besoin d’une aide humanitaire entre juin et août 2021, en raison des effets négatifs des aléas climatiques (sécheresse et inondations) sur la production fourragère. Selon les estimations, 14.500 réfugiés, la plupart en provenance de Mauritanie, vivent dans le pays. «Les effets de la pandémie de Covid-19, principalement en termes de pertes de revenus, ont exacerbé les vulnérabilités et accru les niveaux d’insécurité alimentaire», souligne l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture dans un rapport publié jeudi.
Toutefois, note le rapport, dans certaines régions de la Mauritanie, du Sénégal, du Mali, du Niger et du Tchad, des déficits de ressources en pâturage ont été signalés. En revanche, au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, les prix des céréales secondaires ont continué de fléchir au début de 2021, du fait de la situation favorable de l’offre et du maintien de l’assistance humanitaire dans les zones où règne l’insécurité. Cependant, les prix sont demeurés plus élevés qu’un an auparavant, les mesures restrictives visant à endiguer la pandémie de Covid-19 ayant perturbé les routes commerciales.
Le rapport présente également les dernières données sur les pays à faible revenu et à déficit vivrier (Pfrdv) en faisant remarquer que suivant les évaluations les plus récentes, la production céréalière totale des 47 Pfrdv devrait reculer de 2,1% en 2021 et s’établir à 190 millions de tonnes.
Il souligne dans les Pfrdv d’Afrique, le manque de précipitations en Somalie devrait entraîner un recul non négligeable de la production et de petites baisses devraient également se produire dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, où les conflits continuent d’éroder les capacités de production des ménages agricoles.
Dans les pays d’Afrique australe, des rebonds de la production devraient accroître les disponibilités alimentaires des ménages et compenser en partie certains des effets négatifs de la pandémie de Covid-19.
Samba THIAM