
Moins de deux mois après la signature du Pacte de stabilité sociale avec l’État, les tensions resurgissent dans le secteur de la Justice. Le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) et l’Union nationale des travailleurs de la justice (Untj) ont annoncé une grève de 72 heures, débutant ce lundi 30 juin à 8h00, et ce jusqu’au jeudi 3 juillet à la même heure. Une mobilisation qui met en lumière un climat de défiance croissant entre les professionnels du secteur et les autorités publiques.
Cette décision syndicale survient malgré le pacte signé le 1er mai 2025 entre le gouvernement sénégalais et plusieurs centrales syndicales, censé garantir une trêve sociale et ouvrir une nouvelle ère de dialogue constructif. Les syndicats accusent aujourd’hui l’État de n’avoir pas respecté les engagements pris, notamment sur les revalorisations salariales et l’amélioration des conditions de travail. « Le pacte de stabilité n’est pas un blanc-seing donné au gouvernement pour ignorer nos droits. Il devait marquer un tournant, mais les promesses restent lettre morte », déplore un communiqué conjoint du Sytjust et de l’Untj.
Un appel à la mobilisation totale
Le mot d’ordre est clair : « une paralysie totale du système judiciaire » est attendue. Les syndicats appellent « à la suspension des activités dans l’ensemble des juridictions et institutions concernées, du ministère de la Justice aux plus hautes instances comme la Cour suprême et le Conseil constitutionnel ». Dans le communiqué rendu public, les syndicats dénoncent un « mépris manifeste » des autorités et fustigent l’absence de négociations concrètes. Ils insistent sur la gravité de la situation : « ne pas répondre à l’appel, c’est accepter le silence, c’est reculer. »
Une crise sociale persistante
Cette nouvelle grève s’inscrit dans un contexte de malaise structurel. Depuis plusieurs années, les travailleurs de la justice réclament davantage de moyens, une meilleure reconnaissance de leur statut et une réforme profonde du fonctionnement institutionnel. Le pacte du 1er mai avait été perçu comme une avancée, mais la lenteur de sa mise en œuvre semble avoir ravivé les frustrations. « La dignité des travailleurs de la Justice n’est pas à marchander », rappellent les syndicats, qui exigent l’ouverture immédiate de négociations sérieuses.
Un gouvernement sur la défensive
Du côté du gouvernement, aucune réaction officielle n’a encore été formulée à la veille de cette grève. Toutefois, plusieurs sources proches du ministère de la Fonction publique évoquent des difficultés budgétaires et des arbitrages internes compliqués, notamment en pleine mise en œuvre des réformes économiques postpandémie.
Face à cette nouvelle épreuve sociale, l’exécutif devra choisir entre temporiser à nouveau ou rétablir un dialogue de fond, au risque de voir d’autres secteurs clés emboîter le pas aux travailleurs de la Justice.
BMS