Une enquête menée par l’hebdomadaire français «l’Observateur», sur un système de blanchiment «offshore» basé à Dubaï, risque de créer un scandale au niveau planétaire. Et comme écrit par le quotidien Libération dans sa livraison d’hier, des personnalités sénégalaises déjà citées dans des cas similaires et des hommes politiques risquent de tomber, une fois l’enquête bouclée. Retour sur les stratagèmes utilisés par certains Sénégalais qui se sont enrichis grâce à la fraude fiscale, tout en gardant l’anonymat.
Depuis plusieurs années, les Emirats arabes unis sont devenus le lieu le plus sûr pour «enterrer» les biens et les grandes commissions des transactions internationales. Une destination discrète pour beaucoup d’hommes d’affaires et hauts responsables du monde entier. Cependant, le «nouveau coffre-fort» du monde vient de vivre un énième scandale financier de fraude fiscale organisée, faisant suite aux célèbres dossiers dits des Paradise Papers et des Panama Papers.
La journaliste Caroline Michel Aguirre, qui a révélé le gigantesque système de fraude qui éclabousse des personnalités sénégalaises, dévoile par la même occasion la nébuleuse.
D’après la journaliste, les Dubaï Papers montrent la machinerie, l’ingénierie financière extrêmement complexe qui se cache derrière ces dizaines, ces centaines, ces milliers de sociétés offshore. «Dubaï Papers est de nouvelles révélations sur cette industrie de l’évasion fiscale, de fraude fiscale et du blanchiment de capitaux», explique-t-elle dans une vidéo disponible sur «Nouvelobs».
Selon elle, les documents sur Dubaï Papers permettent de voir que ce sont des dizaines de millions d’euros qui sont brassés chaque année par un système qui est en place depuis au moins 20 ans. «C’est vraiment des fortunes considérables», laisse-t-elle entendre. Avant d’ajouter : «il y a environ 200 clients qui sont passés par ce système que révèlent les Dubaï Papers».
Plusieurs personnalités dont des Sénégalais citées dans la mafia financière
Dubaï, toujours selon Caroline Michel Aguirre, a aidé plusieurs personnalités du monde entier, dont des Sénégalais, à se faire un nom, à gagner facilement et rapidement de l’argent tout en gardant leur anonymat. «On trouve à la fois des oligarques russes très proches du Kremlin, des grandes fortunes européennes, pas mal d’aristocrates, des sportifs et des responsables de formules 1, des patrons français, de petites et moyennes entreprises», révèle-t-elle.
A la tête de ce groupe, Geraldine Whittaker, une ex-banquière de nationalité britannique. Elle est le cerveau et la principale actionnaire du groupe. Le mode opératoire utilisé est complexe et sans trace, raison pour laquelle, durant près de 20 ans, le réseau était inconnu. Ce mystérieux groupe basé à Dubaï et qui gère dans l’opacité totale les fortunes accumulées de quelques riches Sénégalais, a un système très efficace. «Chaque société n’est pas affiliée à un compte. On ouvre des trusts et l’argent circule par des comptes communs au groupe afin de blanchir l’origine, après il est rendu, remis à la disposition des clients et après on a du mal à savoir d’où ça vient», explique l’auteur de l’enquête. Pour cette dernière, ce qui est incroyable dans l’affaire, c’est la mise à disposition de l’argent par les clients qui passe par tout un tas de moyens. «D’abord, il y a les faux prêts, c’est-à-dire une société du groupe fait aux clients un prêt qui ne sera jamais remboursé, ensuite la mise à disposition en argent liquide qui sont déposés par des petites mains, des cartes noires sans nom de titulaire, c’est-à-dire on remet au client sans nom, du coup on ne peut pas repérer le bénéficiaire des transactions, et enfin il y a des cartes de retrait ouvertes sur d’autres noms de personnes qui ne sont pas les bénéficiaires, tout ça ayant pour but de masquer l’origine des fonds», explique-t-elle.
Khadidjatou DIAKHATE (Stagiaire)