L’industrie pharmaceutique du Sénégal vise à relever le défi d’une production locale de médicaments de 30% de notre consommation d’ici 2030 et 50% d’ici 2035. C’est l’annonce faite par Abdou Karim Fofana lors de l’atelier de structuration du plan de relance du secteur pharmaceutique, organisé par le Bureau opérationnel de suivi du Pse. Les conclusions de ce conclave de cinq semaines seront transmises au ministre de la Santé pour l’opérationnalisation du projet.
Le Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (Bos) a procédé, hier, au lancement du Lab qui est un atelier intensif de structuration portant sur le plan de relance du secteur pharmaceutique, composante du Projet du Pse «Dakar Médical City». Une cérémonie présidée par Abdou Karim Fofana, ministre auprès du président de la République en charge du suivi du Pse, et son collègue de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott. De l’avis du Bos, l’industrie du médicament représente un enjeu stratégique pour notre pays. «La présence dans notre pays d’une industrie du médicament performante va contribuer à une meilleure qualité des soins prodigués, à la baisse des coûts des soins, mais aussi et surtout va contribuer à la relance de notre économie de manière globale avec la création de milliers d’emplois sur notre territoire», a indiqué El Ousseyni Kane qui annonce, dans la foulée, que pendant cinq semaines consécutives, «le Bos va réunir toute l’expertise nationale et internationale pour passer au scanner toutes les questions qui intéressent le secteur de la pharmacie : réformes juridiques, fiscales et administratives, production, distribution, logistique globale, recherche-développement, pharmacopée, formations aux métiers, concurrence déloyale, exportations-importations de médicaments, mesures de soutien, gouvernance, création d’emploi, financements, etc.» Ainsi, au terme de ce conclave, le Bos va remettre aux autorités, notamment au ministre de la Santé et de l’Action sociale, tous les livrables pour opérationnaliser ce projet stratégique.
Produire 50% de notre consommation d’ici 2035
En attendant, les conclusions de ce conclave, Abdou Karim Fofana fait remarquer que l’Afrique ne doit plus être dans l’attente de recevoir sa part de médicaments dans une file d’attente infinie, comme ce fut le cas durant la pandémie du Covid-19. «L’Afrique doit plutôt jouer sa partition dans leur production. C’est à la fois une opportunité économique et une nécessité de protéger nos populations», ajoute le ministre en charge du Pse. «Il s’agira de promouvoir une offre médicale intégrée et compétitive : services de pointe, recherche médicale et formation, offre de soins secondaires et primaires – notamment via des cliniques privées – services annexes. Ceci permettra de capter à la fois une demande nationale et régionale», indique-t-il. Pour matérialiser cette ambition, dit-il, l’Etat du Sénégal a lancé le projet de relance du secteur de l’industrie pharmaceutique qui a pour objectif de garantir la souveraineté en réduisant la dépendance aux importations de produits pharmaceutiques à travers l’accélération de la production et de la distribution locale de médicaments et de consommables. «Concrètement, la stratégie de développement de l’industrie pharmaceutique du Sénégal vise à relever le défi d’une production locale de médicaments de 30% de notre consommation d’ici 2030 et 50% d’ici 2035», ajoute Abdou Karim Fofana.
Le marché du médicament en 2019 représente plus de 150 milliards, 90% des médicaments importés
En outre, il est revenu sur le taux de couverture maladie du Sénégal qui, à l’en croire, a enregistré une augmentation conséquente. Ce taux est passé, dit-il, de 20% en 2012 à environ 50% en 2018. Pour autant, ce secteur constitue un gouffre à milliards, notamment en termes d’importations de médicaments. «En 2019, le marché du médicament au Sénégal a représenté une valeur de plus de 150 milliards de francs Cfa avec 80% captés par le secteur privé et 20% par le secteur public. Le Sénégal importe environ 90% de ses médicaments», révèle le ministre en charge du suivi du Pse. Ce qui lui fait dire que le Sénégal doit se préparer à produire ses médicaments et notamment des vaccins pour faire face aux défis du monde. D’autant plus que pour se protéger de nouvelles menaces, Abdou Karim Fofana révèle que, d’après certains géostratèges, les dépenses pour se protéger des menaces d’ordre sanitaire sont aussi importantes que les dépenses militaires.
M. CISS