Avec la menace du Covid-19, les mesures sont prises, de part et d’autre, par les autorités étatiques et religieuses, pour éviter la propagation. Les enfants de la rue, les talibés plus précisément, étant exposés à attraper le virus, des efforts sont aussi faits de la part du ministère de la Femme, de la Famille et de la Petite Enfance pour les retirer de la rue afin de les protéger. Le préfet de Fatick, pour sa part, a très tôt pris le taureau par les cornes, en sortant un arrêté ; il est en cela appuyé par Amnesty International. Seydi Gassama a salué l’initiative du préfet de Fatick qu’il a appuyée financièrement et appelé l’Etat à étendre cela aux différentes régions du Sénégal. Entretien.
Les Échos : Le Covid-19 menace toutes les couches de la population et les enfants talibés sont également exposés, est-ce que Amnesty International a posé des actes dans le sens de leur venir en aide ?
Seydi Gassama : Oui. Amnesty a reçu une demande de soutien du préfet de Fatick qui, de tous les préfets du Sénégal, a été le premier à prendre l’initiative de retourner les enfants des quelques 40 daaras du département à leurs familles. L’opération a commencé depuis quelques jours et se déroule normalement. Et Amnesty a été amené à contribuer financièrement, mais aussi par la participation active de nos membres sur place, à cette opération de retour des enfants. Nous estimons que c’est la seule manière de protéger les enfants aujourd’hui contre le Covid-19, parce que le confinement dans des daaras qui sont des lieux généralement insalubres, impropres à l’habitation, serait une catastrophe. Et je crois que dans le cadre de Fatick, le président du CDP participe au convoiement. Donc cela va permettre de s’assurer que les enfants retournent à leurs foyers.
Et c’est une enveloppe de quel montant ?
Ecoutez, nous n’avons pas l’habitude de parler d’enveloppe. Mais nous avons contribué à la mesure des moyens dont nous disposons, à cette opération.
Est-ce que cela se fera pour toutes les régions du Sénégal ?
On a contribué pour le moment pour le CDP de Fatick. Mais, je crois savoir que le gouvernement, avec les fonds qui seront mobilisés, dans le cadre de l’appui annoncé par le président de la République, pourrait aussi étendre l’opération à d’autres départements du pays.
On sait que la grande majorité des talibés est concentrée à Dakar et c’est aussi l’une des zones les plus touchées, y a-t-il quelque chose qui est prévu pour Dakar ?
Nous pensons que les moyens seront mis en place, en tout cas, la ministre en charge de l’Enfance en a fait l’annonce. Si on met les moyens, tous les enfants peuvent retourner en l’espace de 2 ou 3 semaines, y compris les enfants qui viennent des autres pays, en rapport avec leurs consulats et leurs ambassades ici au Sénégal.
Est-ce que vous avez le nombre de talibés au Sénégal ?
Il y a des études qui disent qu’il y a plus de 100.000 talibés dans tout le Sénégal. Il y a plusieurs études qui le confirment. C’est beaucoup. Mais si l’Etat met en œuvre les moyens, je pense qu’on peut réussir à les retourner à leurs familles. Évidemment, il y a des daaras modernes où les enfants sont dans des dortoirs et tout ; ces enfants-là sont moins exposés à la pandémie que les autres. Pour ces enfants-là, très certainement, ils ne devraient pas être la priorité pour les mesures prises par l’Etat.
Quel appel voulez-vous faire à l’endroit de l’Etat justement ?
L’appel que nous lançons à l’Etat, c’est que les enfants ont droit à la protection contre le Covid-19 ; jusqu’ici, les enfants talibés sont les plus grands exclus de cette protection, mais il faut les protéger. Et la meilleure manière de le faire, c’est de les retourner à leurs familles et le plus vite possible. Et cela permettrait également de régler la lancinante question de la mendicité des enfants talibés. Il faut les retourner à leurs familles, il faut créer des daaras dans tout le pays, pour que les enfants puissent, à l’instar de ceux qui vont dans les écoles dites françaises, se réveiller le matin, aller étudier le Coran et rentrer auprès de leurs familles.
Alassane DRAME
Les Échos : Le Covid-19 menace toutes les couches de la population et les enfants talibés sont également exposés, est-ce que Amnesty International a posé des actes dans le sens de leur venir en aide ?
Seydi Gassama : Oui. Amnesty a reçu une demande de soutien du préfet de Fatick qui, de tous les préfets du Sénégal, a été le premier à prendre l’initiative de retourner les enfants des quelques 40 daaras du département à leurs familles. L’opération a commencé depuis quelques jours et se déroule normalement. Et Amnesty a été amené à contribuer financièrement, mais aussi par la participation active de nos membres sur place, à cette opération de retour des enfants. Nous estimons que c’est la seule manière de protéger les enfants aujourd’hui contre le Covid-19, parce que le confinement dans des daaras qui sont des lieux généralement insalubres, impropres à l’habitation, serait une catastrophe. Et je crois que dans le cadre de Fatick, le président du CDP participe au convoiement. Donc cela va permettre de s’assurer que les enfants retournent à leurs foyers.
Et c’est une enveloppe de quel montant ?
Ecoutez, nous n’avons pas l’habitude de parler d’enveloppe. Mais nous avons contribué à la mesure des moyens dont nous disposons, à cette opération.
Est-ce que cela se fera pour toutes les régions du Sénégal ?
On a contribué pour le moment pour le CDP de Fatick. Mais, je crois savoir que le gouvernement, avec les fonds qui seront mobilisés, dans le cadre de l’appui annoncé par le président de la République, pourrait aussi étendre l’opération à d’autres départements du pays.
On sait que la grande majorité des talibés est concentrée à Dakar et c’est aussi l’une des zones les plus touchées, y a-t-il quelque chose qui est prévu pour Dakar ?
Nous pensons que les moyens seront mis en place, en tout cas, la ministre en charge de l’Enfance en a fait l’annonce. Si on met les moyens, tous les enfants peuvent retourner en l’espace de 2 ou 3 semaines, y compris les enfants qui viennent des autres pays, en rapport avec leurs consulats et leurs ambassades ici au Sénégal.
Est-ce que vous avez le nombre de talibés au Sénégal ?
Il y a des études qui disent qu’il y a plus de 100.000 talibés dans tout le Sénégal. Il y a plusieurs études qui le confirment. C’est beaucoup. Mais si l’Etat met en œuvre les moyens, je pense qu’on peut réussir à les retourner à leurs familles. Évidemment, il y a des daaras modernes où les enfants sont dans des dortoirs et tout ; ces enfants-là sont moins exposés à la pandémie que les autres. Pour ces enfants-là, très certainement, ils ne devraient pas être la priorité pour les mesures prises par l’Etat.
Quel appel voulez-vous faire à l’endroit de l’Etat justement ?
L’appel que nous lançons à l’Etat, c’est que les enfants ont droit à la protection contre le Covid-19 ; jusqu’ici, les enfants talibés sont les plus grands exclus de cette protection, mais il faut les protéger. Et la meilleure manière de le faire, c’est de les retourner à leurs familles et le plus vite possible. Et cela permettrait également de régler la lancinante question de la mendicité des enfants talibés. Il faut les retourner à leurs familles, il faut créer des daaras dans tout le pays, pour que les enfants puissent, à l’instar de ceux qui vont dans les écoles dites françaises, se réveiller le matin, aller étudier le Coran et rentrer auprès de leurs familles.
Alassane DRAME