Fidèle à sa ligne de pionnier s’agissant de la signature de chartes à l’international, le Sénégal a signé, dimanche dernier à Paris, le pacte de Reporters sans frontières. À l’image de ses homologues de Tunisie et du Burkina Faso, le chef de l’État a engagé le Sénégal à cette initiative qui vise à protéger la liberté de la presse et lutter contre la désinformation.
Le Sénégal et onze pays, dont deux autres africains, ont adopté l’initiative lancée par Reporters sans frontières pour protéger la liberté de la presse et lutter contre la désinformation. En faisant ainsi, les chefs d’Etat et de gouvernement ont endossé, dimanche 11 novembre, à Paris, le «Pacte sur l’information et la démocratie» initié par l’organisation non gouvernementale internationale de défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes, Reporters sans frontières, afin de mieux protéger la liberté de la presse et de lutter contre la désinformation. Au départ, 25 personnalités internationales, dont plusieurs Prix Nobel, avaient lancé, début novembre, un appel solennel aux dirigeants internationaux à engager «un processus politique» pour qu’un tel pacte soit signé «d’ici un an».
Ce pacte propose que l’espace mondial de l’information et de la communication soit considéré comme un bien commun de l’humanité, dans lequel soient garantis la liberté, le pluralisme et l’intégrité des informations.
Connu pour sa promptitude légendaire quand s’agit de signer des chartes à l’international, le Sénégal n’a pas déçu, cette fois non plus. Avec le Burkina Faso et la Tunisie, notre pays fait partie des premières nations qui ont signé ce pacte de l’Ong internationale. Dakar, il faut le dire, à l’habitude. Notre pays a été le premier pays du monde à ratifier le statut de Rome, c’était le 2 février 1999.
Prenant la parole lors de cette cérémonie, le Président Macky Sall a tenu à faire savoir que le droit à l’information n’est pas seulement l’apanage des pays développés, soulignant les efforts consentis par les pays africains. «En Afrique, il y a également une volonté de plus en plus affirmée d’assurer la protection des journalistes et de créer les conditions d’un exercice libre de cette profession…», a assuré Macky Sall.
Macky Sall et le paradoxe des libertés d’expression
Certes, le chef de l’État a raison, quand il soutient qu’aucun journaliste n’a été emprisonné ou interpellé depuis qu’il est à la tête du Sénégal, mais Macky Sall reste un chef d’État très critiqué pour violation des libertés, notamment sur les nouveaux médias. Il y a quelques jours, le président de la République, en visite à Touba, en prélude au Magal 2018, a proféré des menaces à peine voilées à l’endroit des «cyberactivistes» qu’il désigne sous l’appellation des «insulteurs du Net». Cependant, le régime peut s’ennorgueillir de l’amélioration du rang du Sénégal au classement de Reporters sans frontières depuis au moins trois ans. Classé à la 65e place en 2016, le pays a été rangé à la 58e en 2017 avant de rejoindre le Top 50 en 2018 en se classant à la 50e place.
Sidy Djimby NDAO