Au lendemain des élections locales, les militants de Benno Bokk Yakaar de Dakar sont encore sous le choc. Ils ne digèrent pas encore la nouvelle de la défaite de Abdoulaye Diouf Sarr. Venus assistés au point de presse des responsables de Benno, les militants qui étaient dans leur majorité des femmes étaient beaucoup plus calmes que d’habitude. Se livrant à nous, ces dernières affichent une grande déception, mais certaines veulent s’accrocher encore à l’espoir en décidant de se remobiliser autour de leur leader pour passer ce cap.
L’ambiance notée hier à la permanence de la coalition Benno Bokk Yakaar n’était pas des plus gaies. Les quelques militants qui se sont mobilisés pour assister au point de presse des responsables qui se prononçaient sur les résultats provisoires des élections locales, sont visiblement très touchés par la tournure des événements. Contrairement aux fortes mobilisations avec beaucoup d’ambiance qu’on a l’habitude d’y voir, le climat au siège de la coalition de la majorité était à la limite morose. Visage triste ou mine grise pour certains, tandis que d’autres semblaient avoir passé au-dessus, les partisans de Diouf Sarr n’arrivent toujours pas à réaliser que leur leader a été tenu en échec par Barthélemy Dias à la ville de Dakar. À part les quelques chuchotements entre eux, on ne les entendait qu’au moment des entrées des leaders qu’ils illustraient avec de brefs applaudissements.
Se tenant debout près de la porte d’entrée, une jeune dame, visiblement très affectée par la défaite de Abdoulaye Diouf Sarr, s’essuyait le visage de temps en temps en tentant de se cacher. Et quand on a réussi à l’approcher, on s’est rendu compte très vite qu’elle pleurait. «Veuillez m’excuser, je ne peux vraiment pas parler maintenant. Allez voir les autres svp», ont été les seuls mots qu’elle réussit à aligner. D’autres partisans qui suivaient la scène de loin se sont alors approchés de nous pour la réconforter discrètement à tour de rôle.
Dans ce lot, une dame, la quarantaine, accepte de s’ouvrir à nous : «c’est une situation très difficile certes, mais nous sommes des croyants et donc obligés de nous plier à la volonté divine. Ce qu’il nous reste à faire, c’est nous relever, aller de l’avant et soutenir notre leader qui, à mon avis, a fait tout ce qui était en son pouvoir».
Cauchemar
A l’autre côté de la salle, un groupe de trois jeunes femmes se livrait à des commentaires sur les tendances des résultats du vote à Dakar. «C’est cauchemardesque. Je n’arrive pas à croire que cela nous arrive. Je n’arrête pas de me demander ce qui n’a pas marché. Comment on a pu perdre les élections après tous les efforts que nous avons déployés ?», s’interroge la première du groupe qui a accepté de répondre à nos questions. Son amie qui n’arrêtait pas de tourner sa bague autour de son doigt, nerveusement, de demander quant à elle comment elle devrait vivre ces cinq prochaines années sans avoir de crise cardiaque : «je suis la moins chanceuse de tous. Figurez-vous qu’en plus de supporter un maire opposant à la ville, je vais aussi me coltiner un maire opposant dans ma propre commune durant ces cinq prochaines années. Je ne pense pas pouvoir y arriver, c’est au-dessus de mes forces», affirme-t-elle. La troisième demoiselle semble plutôt relativiser. Pour elle, que Diouf Sarr perde la ville ce n’est pas réellement le problème, mais ce qu’elle n’arrive pas à digérer, dit-elle, c’est la personne de Barthélemy Dias pour la ville de Dakar.
Grande déception
Cherchant du regard ses camarades, une autre dame de presque cinquante ans bien que touchée par les résultats, elle garde quand même espoir. Selon elle, Abdoulaye Diouf Sarr avait tout pour gagner, surtout à Yoff. «Abdoulaye Diouf Sarr a travaillé à tous les niveaux. Nous avons cheminé ensemble et tous nous plaçait comme favori ; hélas, nous avons eu la surprise de voir Barthélemy Dias gagner. C’est une grande déception ; mais nous n’allons pas nous laisser abattre. Nous gardons espoir, il faudra juste mobiliser davantage pour soutenir notre leader qui n’a pas démérité», dit-elle.
Ndèye Khady DIOUF