Les oreilles du ministre des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ont bourdonné lors de l’examen du budget de son ministère, accusé de tous les péchés d’Israël par l’opposition parlementaire. Les députés de la mouvance présidentielle ont porté la réplique à ses détracteurs.
Le Budget du ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires est arrêté à 10.377.676.543 en autorisations d’engagement (Ae) et en crédits de paiement (Cp). Un budget dérisoire dénoncé par certains députés. «Nous ne devons pas nous offusquer, car nous savons tous que le détournement des deniers publics est à l’origine de la modicité de ces budgets. Ce sont les ministres et les directeurs qui détournent l’argent du contribuable. C’est pourquoi, l’on devrait s’indigner du vol des deniers publics par les ministères et autres directions», cogne d’emblée le député de Ziguinchor Guy Marius Sagna, qui solde dans la foulée ses comptes avec le ministre Doudou Ka et non moins adversaire politique, à qui il reproche d’avoir profité des nominations pour faire des dons d’ambulance et autres actes de bienfaisance. «Au nom de quoi, vous avez donné 50 millions au Casa Sport ? Est-ce que Aibd avait déboursé 50 millions pour les autres clubs (Teungueth, Génération Foot et Jaraaf) qui ont remporté le championnat du Sénégal ? Ce sont les ministres et directeurs voleurs qui insultent le peuple sénégalais», s’indigne l’activiste. Sur un autre registre, il enfonce le clou : «si vous voulez humaniser la politique, cessez d’être un nervi de l’Apr. votre nomination à la tête de ce ministère est une très mauvaise nouvelle parce que c’est la promotion d’un nervi au service du Président Macky Sall», sérine le député. Les accusations de Guy Marius Sagna ont été confortées par son collègue Cheikh Aliou Bèye, qui invite l’Etat à changer de paradigme dans la nomination des directeurs en procédant par appels d’offres pour éviter les vols et les détournements qui découlent des nominations politiques.
Oumar Youm : «il y a une tentative d’avilissement des ministres qui passent»
Suite à ces attaques, les députés de Benno se sont érigés en bouclier autour du ministre des Transports aériens. «Il vaut mieux être un nervi que d’exposer ses parties intimes sur la toile. Je préfère être un nervi au lieu de mendier sept millions au peuple pour disposer d’un véhicule», charge le député de Touba Matar Diop. «Le voleur, c’est celui qui sort la nuit pour voler une jeune fille. Le voleur, c’est celui qui s’attaque à Total pour ensuite faire le dos rond chez Demba Ka qui lui donne de l’argent», martèle Pape Seydou Dianko qui invite le ministre à ne pas répondre à celui qu’il considère comme un «délinquant» qui a atterri à l’Assemblée nationale. Même son de cloche chez le député de Bokk Gis-Gis. «Nous ne sommes pas dans le prolongement de campagne politique. Nous sommes en train d’organiser la vie des Sénégalais d’aujourd’hui et de demain. Au-delà des divergences, acceptons l’évidence. Malheureusement, quand la finalité c’est le blocage et que vous n’y arrivez pas, forcément vous êtes frustrés. Comprenez ces mots qui dérangent, comprenez ces mots qui blessent et versez les dans le lot d’une personnalité frustrée», conseille Moussa Diakhaté.
«Quelqu’un parle de vol, si j’étais le procureur, j’allais l’appeler pour qu’il s’explique», annonce le député Cheikh Seck. A son tour, le président du groupe parlementaire de Bby, Me Oumar Youm, n’a pas manqué de regretter la posture des députés de la Casamance contre le ministre de cette localité. «Des députés de la Casamance devraient être des boucliers pour vous, mais pas des gens qui vous jettent dans la boue. C’est regrettable. Il y a un exercice d’une tentative d’avilissement des ministres qui passent, on veut les rabaisser parce qu’on ne respecte plus la République, on ne respecte plus l’autorité, on ne respecte plus les compétences», s’insurge le député, persuadé que le ministre des Transports aériens a fait ses preuves partout où il est passé. «C’est dommage qu’on cherche à transposer des questions politiques locales Casamance Ziguinchor à l’hémicycle. On a des contradicteurs, mais on ne les attaque pas à l’Assemblée nationale. Ici, on vote un budget. Ce n’est pas personnel. Revenons à ce qui nous réunit», avise l’ancien ministre. «Accuser quelqu’un de voleur sans en avoir la preuve est une insulte ; l’accuser de détourneur sans en avoir la preuve est une insulte ! Même certaines vérités, quand elles sont dites d’une certaine manière, c’est insulter. Si nous voulons nous en sortir, nous devons nous départir du manichéisme», tranche Nicolas Ndiaye.
M. CISS