
Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) a décrété une grève de 72 heures les mardi 24, mercredi 25 et jeudi 26 juin 2025. Cette décision découle de ce que le Bureau national du syndicat qualifie d’«entêtement injustifiable» du Fonds national de retraite (Fnr) à ne pas appliquer le décret n°2025-398 du 7 mars 2025, qui modifie le décret de 2020 instituant une allocation spéciale de retraite au profit des enseignants-chercheurs et chercheurs titulaires des universités.
Un décret bafoué et des familles oubliées
Signé par le président de la République et le Premier ministre, le décret n°2025-398 étend explicitement les bénéfices de cette allocation spéciale de retraite aux ayants droit, veuves, veufs et orphelins des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés. Cependant, selon le Saes, le Fnr continue de refuser de reverser la pension de réversion à ces familles, au mépris de la loi. «Ce refus est non seulement illégal, mais aussi profondément immoral. Il porte atteinte à la mémoire de nos collègues disparus et compromet la dignité de leurs familles», dénonce le Bureau national dans un communiqué publié ce 21 juin.
Une tutelle silencieuse face à la crise
Le syndicat pointe également la «léthargie» du ministère de tutelle, accusé de ne pas faire respecter un décret pourtant entré en vigueur depuis plus de trois mois. À cela, s’ajoute l’inaction de l’État face aux doléances exprimées dans le préavis de grève du 13 janvier 2025, resté sans réponse. Réunis en conférence nationale le 17 mai dernier à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, les militants du Saes ont donné mandat de «poursuivre la lutte par tous les moyens syndicalement appropriés».
Appel à une mobilisation totale et menace sur le baccalauréat
Durant les trois jours de grève annoncés, le Saes appelle ses militants à suspendre toutes les activités pédagogiques, cours, soutenances, délibérations, ainsi que toute participation aux tâches administratives et aux réunions. Il est également demandé de cesser les formations payantes. Au-delà de cette grève, le syndicat avertit : «si le Fnr persiste dans son refus d’appliquer le décret, le Saes pourrait appeler ses membres à boycotter la présidence des jurys du baccalauréat 2025.»
Pour les enseignants-chercheurs, il ne s’agit pas d’une simple querelle administrative, mais d’un combat pour la reconnaissance de leurs droits, même après la mort. «Nous ne réclamons pas des privilèges, mais le respect d’une loi de la République», insistent les représentants du syndicat.
Baye Modou SARR