Le journal «Le Monde» ne lâche pas l’affaire de corruption au sein de l’Iaaf. Cette fois, les journalistes français révèlent une affaire de soupçons de corruption sur les contrats relatifs aux droits de télé et au sponsoring. Une nouvelle affaire pilotée dans la plus grande discrétion par l’avocat de l’Iaaf. «Un courrier de 84 pages, que Le Monde a pu consulter, offre une saisissante plongée dans un univers rarement accessible au public. Daté du 24 juillet 2017 et envoyé au juge Renaud Van Ruymbeke par l’avocat de l’Iaaf, Régis Bergonzi, le document comprend une lettre introductive accompagnée de plusieurs accords signés, de 2008 à 2015, entre des dirigeants de Dentsu et le président de la fédération, Lamine Diack», note le journal. Dans ce nouveau dossier, l’Iaaf soupçonne «des transactions douteuses» impliquant de fortes sommes d’argent. Dans le document remis au juge français, il est noté par exemple
un versement «anticipé» et «inexpliqué» de 15 millions de dollars (12 millions d’euros). Dès lors, Le Monde s’interroge : «S’agissait-il de remercier Lamine Diack pour son rôle dans l’attribution des Jeux de 2020 à Tokyo, désignée le 7 septembre 2013 ? De remettre à flots les finances de l’Iaaf avant le départ de celui qui présidait l’institution depuis 1999 ? De verser des commissions à Papa Massata Diack ?».
«Au cœur des soupçons», la société AMS qui avait comme mandataire Massata Diack et qui aurait récupéré «des parts importantes et occultes de chaque paiement effectué»
Selon le document de l’avocat que cite le journal, «au terme de chacun des contrats, Dentsu doit verser 40% de ses bénéfices». Seulement, souligne l’avocat cité par le journal, «la part des bénéfices revenant à l’Iaaf est calculée uniquement sur l’argent reçu effectivement par Dentsu, provenant de l’exploitation des droits accordés par l’Iaaf». Or, pour Me Bergonzi, il y a problème, car «avec ce mode de calcul, des intermédiaires peuvent se rémunérer, et ainsi réduire l’enveloppe à partager au final avec l’Iaaf». Surtout que, pour lui, «au moment de répartir les bénéfices avec l’Iaaf, Dentsu peut déclarer à peu près le montant qu’il veut». Et du moment que la firme japonaise «a, à plusieurs reprises, cédé ses droits à des sociétés tierces», l’avocat de l’Iaaf note que «cela pourrait signifier que ces strates de sociétés ont ponctionné à leur tour d’importantes parts sur les bénéfices provenant des droits octroyés». Parmi ces sociétés tierces, l’accusation cite, comme étant «au cœur des soupçons» contenus dans sa lettre, la société AMS. Celle-ci aurait pris «des parts importantes et occultes de chaque paiement effectué». Et c’est là que les soupçons de l’avocat vont surtout à Papa Massata Diack. Ce dernier, responsable marketing de l’Iaaf d’une part et mandaté par la société AMS d’autre part, «tirerait profit de chaque côté de la transaction».
Quoi qu’il en soit, c’est encore un nuage au-dessus de Lamine Diack, retenu depuis deux ans en France dans le cadre de cette affaire de corruption présumé à l’Iaaf. Il y a eu d’abord l’affaire de dopage d’athlètes russes. En novembre 2015, l’ex-président de l’Iaaf, Lamine Diack a été mis en examen pour son rôle supposé dans ce pacte. Egalement soupçonné dans ce dossier, son fils Papa Massata Diack, ex-consultant marketing de l’Iaaf. Ils sont aussi cités dans un autre volet de ce tentaculaire dossier, visant cette fois l’achat de votes en marge de l’attribution des Jeux olympiques 2016 et 2020 à Rio...
Mbaye THIANDOUM