La mission de l’Igf au Prodac n’a pas été de tout repos. En tout cas, le programme et ses responsables n’ont pas facilité la tâche aux enquêteurs. Alors que l’ancien Directeur Jean-Pierre Senghor avait promis de fournir des documents justificatifs sur les aspects engageant sa responsabilité avant de faire le mort, la Direction du Prodac a lui fourni une documentation au rabais et insuffisante. Dès lors, la mission est allée chercher des informations auprès des autres acteurs, comme Locafrique qui finance le programme.
Jusqu’où la responsabilité du premier patron du Prodac est engagée dans le scandale éventré par l’Igf ? Une interrogation d’autant plus intéressante que Jean-Pierre Senghor n’a pas été totalement coopératif. Auditionné par les auditeurs de l’Inspection générale des finances (Igf), il avait promis de fournir les documents complémentaires nécessaires sur des actes l’engageant personnellement. Mais, il n’a jamais présenté lesdits documents. «Monsieur Jean-Pierre Senghor, suite à son audition, avait pris l’engagement de mettre à la disposition de la mission un certain nombre de documents complémentaires, dans l’optique de clarifier certains aspects mettant en cause sa responsabilité personnelle», note d’emblée le rapport. Qui ajoute que cet engagement ne sera malheureusement pas tenu. «Seulement, malgré les multiples relances de la mission, pendant quasiment un mois, Monsieur Senghor n’a pu mettre à disposition aucun document». Dès lors, «tenant compte des contraintes de délais, la mission a pris acte de cet état de fait».
Le Prodac fait un «choix orienté dans la production des documents afférents au contrat Green 2000», obligeant les enquêteurs à se rabattre sur Locafrique
Alors que son premier directeur n’a pas daigné fournir la moindre documentation pour éclairer sa part de responsabilité, malgré ses engagements en ce sens, la Direction actuelle du Prodac n’a presque pas fait mieux. En effet, la mission l’accuse d’avoir fourni exprès des documents qui ne pouvaient pas permettre d’avoir les réponses recherchées. Ce qui a d’ailleurs retardé les travaux. «La phase de collecte des données a duré plus que planifiée, en raison principalement de la pauvreté de la documentation mise à la disposition de la mission par le maître d’ouvrage. En effet, il a été noté un choix orienté dans la production des documents afférents au contrat Green 2000, puisque l’essentiel de ceux reçus ne permet pas d’assurer un traitement équilibré et équitable des différentes parties prenantes».
Ainsi, pour pouvoir avancer et voir clair dans le dossier, les enquêteurs de l’Igf ont dû taper à la porte des autres protagonistes, notamment la société Locafrique qui finance le programme. «Devant cet obstacle, l’alternative développée par la mission a consisté à interroger les autres acteurs du dispositif, comme Locafrique, bailleur de l’opération». C’est au cours de la rencontre avec Locafrique, le 30 janvier 2018, que «l’essentiel des documents nécessaires à une analyse objective de la situation a été remis à la mission».