Comme ils l’ont annoncé à la veille de la venue du président de la République du Cap-Vert à l’hémicycle, les députés de l’opposition ont brillé hier par leur absence à l’Assemblée nationale. Ils ont tout simplement boudé l’adresse du Président Fonseca pour, disent-ils, protester contre les abus du pouvoir. Même si la question de leur absence a été évitée par le président Moustapha Niasse, le président du Cap-Vert lui, lors de leur conférence de presse conjointe tenue au palais dans la matinée, dit en avoir parlé avec le Président Macky Sall en audience privée. Mais il estime que c’est une affaire de politique intérieure.
Avant de faire face aux députés, hier, le Président Jorge Carlos De Almeda Fonseca a animé plus tôt dans la matinée une conférence de presse conjointe avec le Président Macky Sall, au palais de la République. Interpellé lors de cette conférence, sur le boycott des députés de l’opposition à son adresse à l’Assemblée nationale, le Président Fonseca a révélé s’être entretenu avec le Président Macky Sall sur la question, en audience privée, mais il trouve que c’est une affaire de politique intérieure dans laquelle il ne devait pas s’immiscer. Selon lui, dans toutes les démocraties, il y a des tensions entre le pouvoir et l’opposition.
«Le Sénégal est une grande référence en matière de démocratie»
Lors de son face-à-face avec les députés de la majorité, le président de la République du Cap-Vert a témoigné la reconnaissance de son peuple au Sénégal, avant de chanter la démocratie du pays. «Le Sénégal, au fil du temps, a été un véritable refuge pour les Cap-Verdiens. Il constitue, aux côtés de la Guinée-Bissau, notre grande référence continentale. Le Sénégal a été une zone d’une valeur inestimable, qui a accueilli des milliers de Cap-Verdiens dans des périodes de grande difficulté dues aux conditions économiques, mais aussi une destination recherchée en tant qu’option de vie, d’études et de travail», a fait savoir M. Fonseca.
A l’en croire, le Sénégal a toujours été solidaire du mouvement de libération nationale. Ils ont soutenu cette lutte en permettant l’activisme politique aux militants du Paigc qui ont mené la lutte pour la libération nationale en Guinée et au Cap-Vert. «Bien que la base principale se trouvait à Conakry, de nombreux dirigeants de cette organisation politique étaient actifs au Sénégal, mobilisant la communauté cap-verdienne. Nous sommes extrêmement reconnaissants de la solidarité active manifestée pendant le processus de notre libération nationale. De nombreux cadres cap-verdiens diplômés au Sénégal ont contribué à consolider notre indépendance», dit-il.
«Le Cap-Vert 33ème démocratie mondiale et la première en Afrique»
Pour le Président cap-verdien, ce n’est pas un hasard que le Cap-Vert et le Sénégal bénéficient de la stabilité politique, dans cette région secouée par des turbulences militaires et par l’instabilité politique. «Chez nous, nous cherchons chaque jour à consolider notre démocratie, nous avons accompli des pas importants dans cette direction, mais nous devons reconnaître que le chemin à parcourir reste long et ardu. Il y a même une étude qui a classé le Cap-Vert comme la 33ème démocratie mondiale et la première en Afrique. Le Sénégal aussi se démarque clairement de certains pays de la sous-région où la liberté et les garanties des citoyens ne sont pas respectées, la presse est très conditionnée, le fonctionnement des partis est très limité, les élections ne se déroulent pas de manière démocratique et ceci est souvent justifié par des raisons de sécurité. En effet, le dilemme de la démocratie ou de la sécurité n’a pas de raison d’être», a soutenu le président du Cap-Vert.
Prenant la parole à son tour, le président de l’Assemblée nationale a magnifié les excellents rapports qu’entretiennent les deux nations. Interpellé sur le boycott des députés de l’opposition, Moustapha Niasse estime que ces derniers sont les mieux placés pour répondre à cette question.
Ndeye Khady D. FALL