Leur procès programmé pour le 27 décembre prochain, Imam Alioune Ndao et 30 autres de ses coaccusés étaient devant la Chambre criminelle, hier, pour une audience de présentation, afin de connaître également les 31 avocats commis à l’occasion par l’assistant judiciaire. L’audience était presque inédite. En effet, ce sont des accusés assez particuliers qui se sont présentés à la barre. Leur particularité réside dans la tenue. Les hommes portaient un pantalon court qui n’arrive pas à la cheville, à l’instar des membres de la communauté «Ibadou», avaient une longue barbe et se tenaient droit en face des juges. L’autre bizarrerie, c’est les surnoms portés par certains co-accusés de Imam Ndao.
Des surnoms particuliers : Imam Ali, Abu Anwar, Abu Hafsa, Abu Moussa, Abu Jaafar, Abu Youssouf, Abu Moussa, Abu Khaled, Abu Omar, Zoubeir, Abu Ziikifli, Abu Diendal…
En effet, outre Alioune Ndao qui se fait aussi appelé imam Ndao, il y a Saliou Ndiaye, Coumba Niang (l’épouse de l’imam Ndao), Ami Sall (alias Ami Ndiaye), Alioune Badara Sall (alias Imam Ali), Marième Sow (également épouse de Imam Ndao), Matar Diokhane (alias Abu Anwar), Oumar Yaffa (alias Abu Hafsa), Latyr Niang (alias Abu Moussa), Ibrahima Hann, Moustapha Diatta, Alpha Diallo, Mamadou Moustapha Mbaye, Oumar Keïta, Lamine Coulibaly (alias Abu Jaafar), Mouhamadou Ndiaye, devenu Mamadou (alias Abu Youssouf), Boubacar, Decoll Ndiaye, Mor Mbaye Dème, Mouhamadou Seck, Ibrahima Mballo (alias Abu Mouss)a, Cheikh Ibrahima Bâ (alias Abu Khaled), Pape Kibily Coulibaly, El Hadji Mamadou Bâ, Ibrahima Ndiaye, Abdou Akim Mbacké Bao, Ibrahima Diallo (alias Abu Omar), Abdou Aziz Dia (alias Zoubeir), Mouhamadou Lamine Mballo (alias Abu Ziikifli), Abou Diallo (alias Abu Diendal).
Les lourds chefs d’inculpation qui pèsent sur leurs épaules
Après l’identification des accusés, le juge leur a notifié la kyrielle de chefs d’accusations. Le Doyen des juges d’instruction, dans son ordonnance de renvoi, par laquelle il saisit les juges de la Chambre criminelle, a visé l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bande organisée, acte de terrorisme par menace ou complot, apologie du terrorisme et financement du terrorisme en bande organisée.
Au dossier de l’Imam Ndao et Cie, s’étaient greffés deux autres. Il s’agit du dossier d’Ibrahima Ly et celui d’Assane Kamara. Si le premier est poursuivi pour association de malfaiteurs dans le cadre d’activités terroristes, actes de terrorisme et apologie du terrorisme, Assane Kamara doit répondre des chefs d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, association en vue de financement du terrorisme et apologie du terrorisme. Ces deux derniers dossiers ont été joints au premier qui passera donc en audience spéciale mercredi prochain.
Plusieurs millions en dollars, euros et francs trouvés au domicile pourtant modeste de Imam Alioune Ndao. Il a échangé plus de 300 fois avec Ibrahima Hann
Tout a commencé en 2015. L’imam Ndao, placé sous mandat de dépôt le 6 novembre 2015, est tombé le premier. Il ressort du dossier que les enquêteurs ont découvert, lors de leur perquisition au domicile de l’imam kaolackois, des téléphones portables satellites à propos desquels ni lui ni ses épouses n’ont pu donner d’explications convaincantes. Plusieurs millions en dollars, euros et francs ont aussi été retrouvés à son domicile pourtant modeste. Les réquisitions de la Sonatel ont aussi permis de savoir qu’il a échangé plus de 300 fois avec Ibrahima Hann et parfois pour des communications de longue durée.
Imam Ndao nie, mais…
Selon une source, Imam Ndao a nié faire partie des terroristes, mais il a tout de même reconnu qu’il enseigne la méthode du djihad. Le fait est que les enquêteurs ont filé l’imam pendant plus d’une année, avant de lui mettre la main dessus. Nos sources révèlent également qu’en dehors de l’imam Alioune Ndao et quelques-uns de ses coaccusés, la plupart se sont eux-mêmes dénoncés ; voulant sortir du réseau, ils ont préféré se dénoncer au risque de se faire liquider. Car, ils sont convaincus qu’on ne quitte pas aussi facilement le réseau terroriste.
Alassane DRAME