L’affaire George Floyd aux États-Unis a fini par réveiller tant de dossiers en rapport avec la question du racisme en Europe. Hier en France, c’était au tour de l’affaire Lamine Dieng - du nom de ce jeune Sénégalais de 25 ans qui a trouvé la mort dans un fourgon de la police après une interpellation - d’être ressuscitée par les manifestants. En effet, la famille, les proches et les soutiens de la famille de Lamine Dieng ont marché hier une treizième fois dans Paris.
Malgré treize années de lutte et de déni de la justice française, la famille de Lamine Dieng porte toujours aussi haut sa colère. Le 17 juin 2007, ce Franco-Sénégalais de 25 ans mourrait des suites de son interpellation par la police, dans le 20e arrondissement de Paris. Hier, quelques milliers de personnes ont marché en hommage au défunt, dans un contexte de contestation globale des violences policières et racistes.
Avec force, la voix de Ramata Dieng, la sœur de Lamine, s'est élevée. Elle répète inlassablement ces paroles depuis treize ans. Avec précision et devant les caméras des médias, Ramata détaille la mort de son frère, sa lente agonie. Elle décrit un acte de torture de 30 minutes et ses effets, comme si elle avait procédé elle-même à l’autopsie.
Une acte cruel de la part des policiers qui a poussé à bout l’incompréhension de la communauté noire de France après que la justice a conclu en première instance un non-lieu en 2014. Ainsi, la famille remontée contre cette décision de justice, conteste. La Cour d’appel de Paris confirme le non-lieu l’année suivante. Même refrain en 2017, mais avec un caractère définitif, la Cour de cassation enterre l'épisode français de l’affaire.
Mais la famille décide de ne rien lâcher. Elle porte le dossier devant la Cour européenne des droits de l’homme (Cedh). Lamine Dieng avait le droit à la vie, estiment alors les juges de la Cedh, la France l’a bafoué. En novembre 2019, la Cour envoie une demande de règlement à l’amiable à l’État français. Le gouvernement l’accepte, et se voit contraint d’indemniser la famille à hauteur de 145.000 euros. Mais une vie ne s’achète pas et celle de Lamine Dieng est perdue à jamais. D’ailleurs, sa sœur a tenu à le rappeler, disant à qui veut l’entendre que la somme importe peu. «Avoir accepté cette demande est un aveu de culpabilité. La France n’a pas acheté notre silence», martèle-t-elle, interpelant toutes les familles de victimes : «battez-vous pour vos droits. C’est dur, c’est long, mais c’est possible».
Autre Sénégalaise qui s’est illustrée dans cette marche, Awa Guèye, sœur de Babacar Guèye, mort en 2016 sous les balles de la police à Rennes. S’exprimant à son tour, elle a déclaré : «j’ai creusé, beaucoup... Aujourd’hui, je suis fière de moi !» Elle a également salué la force de la famille Dieng : «elle nous a montré la voie. Treize ans, c’est long. Mais elle l’a fait avec honneur et dignité». Pendant la marche, Ramata Dieng a lancé cette appel à plusieurs reprises : «Laissez-nous respirer.»
Sidy Djimby NDAO
Malgré treize années de lutte et de déni de la justice française, la famille de Lamine Dieng porte toujours aussi haut sa colère. Le 17 juin 2007, ce Franco-Sénégalais de 25 ans mourrait des suites de son interpellation par la police, dans le 20e arrondissement de Paris. Hier, quelques milliers de personnes ont marché en hommage au défunt, dans un contexte de contestation globale des violences policières et racistes.
Avec force, la voix de Ramata Dieng, la sœur de Lamine, s'est élevée. Elle répète inlassablement ces paroles depuis treize ans. Avec précision et devant les caméras des médias, Ramata détaille la mort de son frère, sa lente agonie. Elle décrit un acte de torture de 30 minutes et ses effets, comme si elle avait procédé elle-même à l’autopsie.
Une acte cruel de la part des policiers qui a poussé à bout l’incompréhension de la communauté noire de France après que la justice a conclu en première instance un non-lieu en 2014. Ainsi, la famille remontée contre cette décision de justice, conteste. La Cour d’appel de Paris confirme le non-lieu l’année suivante. Même refrain en 2017, mais avec un caractère définitif, la Cour de cassation enterre l'épisode français de l’affaire.
Mais la famille décide de ne rien lâcher. Elle porte le dossier devant la Cour européenne des droits de l’homme (Cedh). Lamine Dieng avait le droit à la vie, estiment alors les juges de la Cedh, la France l’a bafoué. En novembre 2019, la Cour envoie une demande de règlement à l’amiable à l’État français. Le gouvernement l’accepte, et se voit contraint d’indemniser la famille à hauteur de 145.000 euros. Mais une vie ne s’achète pas et celle de Lamine Dieng est perdue à jamais. D’ailleurs, sa sœur a tenu à le rappeler, disant à qui veut l’entendre que la somme importe peu. «Avoir accepté cette demande est un aveu de culpabilité. La France n’a pas acheté notre silence», martèle-t-elle, interpelant toutes les familles de victimes : «battez-vous pour vos droits. C’est dur, c’est long, mais c’est possible».
Autre Sénégalaise qui s’est illustrée dans cette marche, Awa Guèye, sœur de Babacar Guèye, mort en 2016 sous les balles de la police à Rennes. S’exprimant à son tour, elle a déclaré : «j’ai creusé, beaucoup... Aujourd’hui, je suis fière de moi !» Elle a également salué la force de la famille Dieng : «elle nous a montré la voie. Treize ans, c’est long. Mais elle l’a fait avec honneur et dignité». Pendant la marche, Ramata Dieng a lancé cette appel à plusieurs reprises : «Laissez-nous respirer.»
Sidy Djimby NDAO