![ADOPTION DU BUDGET DU MINISTERE DE LA COMMUNICATION …: Moussa Bocar Thiam enfonce Pape Alé Niang et invite les jeunes reporters à se détourner de ce combat ADOPTION DU BUDGET DU MINISTERE DE LA COMMUNICATION …: Moussa Bocar Thiam enfonce Pape Alé Niang et invite les jeunes reporters à se détourner de ce combat](https://www.jotaay.net/photo/art/default/68940357-48369772.jpg?v=1669029126)
En dépit de la forte mobilisation de la presse derrière Pape Alé Niang, le ministre de la Communication ne recule pas dans sa position. A l’Assemblée nationale, il a encore enfoncé le journaliste, coupable à ses yeux des faits qui lui sont reprochés. A cet effet, il précise qu’il n’est même pas besoin d’un tribunal pour le juger. Non sans tenter de détourner les jeunes reporters dans ce combat sur la liberté de presse.
Dans un contexte où les journalistes ont fait bloc pour exiger la libération de Pape Alé Niang, le budget du ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique a été adopté à la majorité des parlementaires. Une occasion pour le ministre de tutelle Moussa Bocar Thiam de revenir sur l’affaire Pape Alé Niang et notamment sur la liberté de la presse. «Il n’y a pas un pays au monde où les libertés de la presse sont plus respectées qu’au Sénégal», précise d’emblée l’avocat qui invite, dans la foulée, à ne pas confondre «liberté de la presse et anarchie». A l’en croire, tous les corps de métiers sont réglementés et le journalisme ne fait pas exception à la règle. «Ce n’est pas parce que vous êtes journaliste d’investigation entre guillemets que vous versez dans la critique facile pour décourager les Sénégalais ou semer le doute dans la tête des Sénégalais. Toute son investigation tourne autour de ça», déplore le ministre.
Moussa B. Thiam veut détourner les jeunes reporters du combat PAN
Pour autant, il dit comprendre la mobilisation de la corporation à Pape Alé Niang. «Ce qui est normal, parce qu’il y a une solidarité de corps que je comprends. En tant que ministre du secteur, je suis solidaire des journalistes. Mais, il ne faut pas confondre le combat d’une personne qui a commis une infraction.Il n’est même pas besoin d’un tribunal pour juger Pape Alé Niang, car tout le monde a remarqué, depuis des années, que Pape Alé Niang raconte ce qu’il veut et écorne l’image de notre pays et des forces de défense et de sécurité», charge le ministre Moussa Bocar Thiam, persuadé que le combat de Pape Alé n’est pas celui de tous les journalistes. «Le combat des jeunes reporters est ailleurs. J’invite les jeunes reporters à se pencher sur leurs conditions précaires de travail. C’est ce qui doit être leurs préoccupations et non de s’engager dans un combat où le concerné n’a même pas la carte nationale de presse. C’est pour montrer qu’il n’est pas journaliste, il est plutôt dans la politique», tranche l’avocat.
«Nous ne laisserons pas La Poste mourir»
Sur La Poste, évoqué de long en large par les députés, le ministre a d’abord rappelé que la crise qui perdure dans cette société remonte à 1992 avec un déficit de 13 milliards. Ainsi, même s’il ne s’attend pas à une «solution miracle», il révèle que le gouvernement a pris ses responsabilités pour relancer ce secteur. «Je rassure les travailleurs que nous ne laisserons pas La Poste mourir. Dans quelques mois, nous verrons une Poste qui commencera à sortir des difficultés pour le bien du pays», déclare le ministre du secteur. De son côté, le ministre des Finances et du Budget a annoncé un ensemble de sept mesures pour sauver La Poste. Parmi ces mesures, la mutation institutionnelle de la filiale Postefinances en une banque postale.
M. CISS
LIBERTE DE LA PRESSE, RTS, LE SOLEIL, LA POSTE …
Les députés listent les maux qui plombent ces secteurs
La liberté de la presse, à travers l’arrestation du journaliste Pape Alé Niang, la crise à la Sn La Poste, à la Rts, au quotidien national le Soleil sont, entre autres sujets, abordés par les députés au passage du ministre de la Communication, des Télécommunication et de l’Economie numérique à l’Assemblée nationale.
De l’avis du député Malick Kébé, Pape Alé Niang représente une valeur sûre du journalisme d’investigation, un acteur central dans le processus démocratique. Avec ses alertes, dit-il, il contribue à la clarté du débat et à la transparence dans la gestion des affaires publiques. Ce qui lui fait dire que sa place n’est pas la prison et il doit être libéré. S’agissant de la télévision nationale, Abo Mbacké Thiam compare le Directeur de la Rts à un roi qui fait ce qu’il veut en installant le bras fer entre la direction et le syndicat. «Tous les journalistes qui ne sont pas dans ses grâces sont marginalisés. Cette même pratique est notée au Soleil et à l’Aps», déplore le député de l’opposition. Ahmet Dicko dénonce la posture du pouvoir qui se réfugie derrière des termes vides comme le secret défense pour justifier l’incarcération de Pape Alé Niang. «Or, le journaliste, dit-il, n’a fait qu’informer l’opinion sur un document falsifié pour enfoncer un responsable politique. A son avis, il fallait se poser les bonnes questions et essayer de savoir si ce qu’il dit est vrai. Mais on ne le fait pas, on l’emprisonne», fulmine le député. De l’avis de Gnima Goudiaby, le Soleil vit la crise la plus décriée depuis son existence. «Tous les acquis ont fondu comme beurre au soleil, le climat délétère à cause d’un problème de gouvernance qui se pose. Il faut sauver le Soleil et ses 220 employés, car tous les régimes auront besoin du quotidien national», soutient le député.
Ibrahima Diop : «Les Dg de la Rts et du Soleil sont pour le Sénégal ce que le Corona est pour l’économie mondiale»
Evoquant les problèmes à la Rts et au Soleil, Ibrahima Diop d’ajouter : «ces deux hommes sont pour le Sénégal comme ce que le coronavirus a fait à l’économie mondiale. Il faut prendre toutes les dispositions pour nous en débarrasser», dit-il, avant de décrier le bâillonnement de la presse contre tous ceux qui émettent des avis contraires à la majorité présidentielle. Sur un autre registre, il a déploré l’apologie du troisième mandat par des députés de la mouvance présidentielle. Il a invité ses collègues de l’opposition à prendre leurs responsabilités pour voter une loi criminalisant l’apologie du troisième mandat. C’est dangereux, dit-il, et peut aboutir à des pertes en vies humaines. Par contre, Fanta Sall fait remarquer que la liberté d’expression est garantie au Sénégal qui est un pays démocratique. A l’en croire, ce que Pape Alé Niang a fait ne concerne pas la presse. «C’est un militant politique et il n’a qu’à assumer ses choix», tranche le député de Bby. Même son de cloche chez Khardiata Thiam : «il faut qu’on se respecte dans ce pays. Si Pape Alé Niang n’avait pas parlé, il ne serait pas en prison. Il y a des télés, lorsqu’on les regarde, on a l’impression que le Sénégal va bruler. S’agissant du deuxième quinquennat du Président Sall, nous allons porter sa candidature».
Le recrutement politique à La Poste à l’origine du mal
Pour Abo Mbacké Thiam, la situation actuelle de La Poste découle d’une politisation à outrance de ses anciens directeurs. Poursuivant, il se désole de constater que les enseignants et les forces de défense et de sécurité qui sont dans des zones reculées ne parviennent plus à percevoir leurs salaires. Thierno Alassane Sall accuse, à son tour, une mauvaise gestion à travers un recrutement politique à La Poste. Il dénonce un recrutement de 1000 agents par La Poste pour, dit-il, faire de la politique. Le député Cheikh Aliou Bèye d’en déduire que le recrutement politique est l’ADN de la communication au Sénégal. Selon le député, il est inconcevable pour une société d’un chiffre d’affaires de huit milliards que sa masse salariale puisse atteindre 18 milliards, soit un écart de dix milliards. «Cela pose problème. A quoi sert le Conseil d’administration de La Poste dont des députés font partie ? C’est un détournement», dit-il.
Pour l’activiste Guy Marius Sagna, c’est le Président Sall qui parraine les détournements à La Poste. «Vous dites à un Directeur si vous ne gagnez pas, vous ne serez pas reconduit. Vous encouragez le détournement», dit-il. «Les souffrances des paysans et des éleveurs qui manifestent leur mécontentement ne sont pas dignes d’être montrées à la Rts. Même les travailleurs de la télévision nationale ne peuvent exprimer leurs doléances à la Rts. Ce pays est bloqué par Macky Sall qui parraine les tortures et les détournements», tranche l’activiste.
M. CISS