Frustré par le défaut de solidarité, d’anticipation et de pragmatisme dans la conduite de l’action gouvernementale, Macky Sall n’a pas caché son amertume hier en conseil des ministres. Il a remonté les bretelles aux membres du gouvernement, avant de les inviter à se consacrer à la réalisation des objectifs fixés, dans les délais prescrits. Le temps, dit-il, est au travail, dans l’efficacité, la qualité, l’efficience et la performance.
Après quelques semaines de suspension, le conseil des ministres a repris hier. Et, le moins que l’on puisse dire est que le président de la République n’est pas du tout satisfait de la manière dont les orientations politiques sont exécutées par le gouvernement. A cet effet, il n’a pas manqué de déplorer les manquements et de remonter les bretelles à l’attelage gouvernemental. Ainsi, à l’endroit des ministres et secrétaires d’Etat, Macky Sall a rappelé la nécessité d’asseoir la solidarité, l’anticipation et le pragmatisme dans la conduite de l’action gouvernementale et dans le suivi-évaluation des politiques publiques. D’autant plus que, dit-il, les orientations politiques sont bien définies dans tous les secteurs, les programmations budgétaires effectuées. Dès lors, ajoute-t-il, chaque ministre doit s’atteler, au quotidien, avec ses administrations publiques mobilisées, à la réalisation des objectifs fixés, dans les délais prescrits. De l’avis du chef de l’Etat, «le temps est au travail, dans l’efficacité, la qualité, l’efficience et la performance : le gouvernement doit plus que jamais délivrer, cultiver la diligence et le résultat permanent, à la satisfaction des populations», indique le Président Sall. Poursuivant, il est revenu sur l’impératif d’intensifier, dans chaque ministère, le suivi des réformes du «Doing Business» et l’amélioration de l’environnement des affaires, en vue de consolider l’attractivité et les performances économiques du Sénégal. A cet égard, il a demandé au ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération et à l’Apix de préparer le Conseil présidentiel de l’Investissement, en octobre prochain.
Une partie des Dts pour maintenir le pouvoir d’achat des Sénégalais
En cette période de hausse généralisée des prix des denrées de grande consommation, ce sujet brûlant n’a pas été non plus occulté en conseil des ministres. Et c’était l’occasion pour le Président Macky Sall de rappeler au gouvernement l’impératif de préserver le pouvoir d’achat des ménages et la stabilité des prix des denrées et produits de première nécessité sur l’ensemble du territoire national. Auparavant, il a décidé d’injecter une partie des Droits de tirage spéciaux (Dts) alloués par le Fmi et dont la part du Sénégal est de 246,7 milliards francs Cfa pour soulager le pouvoir d’achat des Sénégalais. Ces ressources exceptionnelles seront consacrées, en priorité, au financement de la lutte contre la pandémie de Covid-19 ; au renforcement global et à la résilience du système de santé ; mais également au soutien des ménages, à travers le maintien de leur pouvoir d’achat et les mesures durables de stabilisation des prix des produits de grande consommation (sucre, huile, farine etc.)
Gestion de la pandémie pour éviter de nouvelles poussées épidémiologiques
Avec la baisse notée ces derniers jours de la courbe de contamination, le chef de l’Etat, évoquant la stratégie de résilience sanitaire et de la souveraineté pharmaceutique, a fixé ses objectifs pour les mois à venir. Il s’agira, dit-il, de la gestion de la pandémie de Covid-19, afin d’éviter la recrudescence des contaminations et l’avènement de nouvelles poussées épidémiques, qui risquent d’accroître la forte pression sur le système sanitaire et limiter la reprise économique. A cet effet, il a demandé au ministre de la Santé et de l’Action sociale, en relation avec les ministères impliqués, les personnels de santé et les acteurs communautaires à la base, d’amplifier la sensibilisation des populations sur les mesures préventives de lutte contre le Covid-19 et de poursuivre l’élargissement des campagnes de vaccination avec l’acquisition continue par l’Etat de nouvelles doses. Il a aussi invité le ministre de la Santé, en relation avec les ministres en charge des Finances et de l’Economie, à assurer un suivi particulier des projets d’implantation au Sénégal, d’une industrie pharmaceutique de classe internationale. Non sans se féliciter du choix de notre pays comme partenaire de la firme BioNtech, pour produire le vaccin anti Covid-19 en Afrique. Ce qui consacre, dit-il, la reconnaissance de l’expertise de l’Institut Pasteur de Dakar et de nos efforts dans la lutte contre la pandémie Covid-19.
La relance de Medis encore évoquée, la Pna pour faire sa mue
Poursuivant, le président de la République est encore revenu sur la relance de Medis Sénégal ; plusieurs fois annoncée sans aucun acte concret. Cette fois-ci, il a insisté, en conseil des ministres, sur l’urgence de la relance effective de Medis Sénégal. Mais, également de réfléchir au changement de statut de la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (Pna), dont le rôle est central, dans la performance du système sanitaire.
Un nouveau plan décennal de lutte contre les inondations 2023-2033 annoncé
Évoquant la lancinante question de la lutte contre les inondations, notamment sur le renforcement des politiques d’aménagement du territoire ; d’urbanisme et d’assainissement, a demandé au ministre de l’Intérieur d’assurer un suivi rapproché de la mise en œuvre du plan Orsec, notamment à Touba ; au ministre en charge des Collectivités territoriales de veiller à l’opérationnalisation soutenue de la phase d’urgence du Progep 2 à Keur Massar. A cette problématique des inondations, Macky Sall fait remarquer que le gouvernement doit avoir une posture d’anticipation dans l’acquisition, les équipements adéquats et adapter la formation des intervenants, tout en développant le sens des urgences et d’accélération des procédures. Toujours, au sujet de cette guerre contre les inondations, il annonce un nouveau plan décennal en dépit des 700 milliards engloutis dans les eaux. A l’en croire, c’est une nécessité pour le gouvernement de préparer la formulation d’un nouveau programme décennal de gestion des inondations (2023-2033), en cohérence avec le Plan national d’Aménagement et de Développement des Territoires (Pnadt) et dans une dynamique de développement de la politique d’assainissement. Il a, dans la foulée, rappelé la nécessité de généraliser l’élaboration des plans directeurs d’urbanisme et d’assainissement dans toutes les collectivités territoriales du pays et de renforcer les ressources humaines, logistiques et financières de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (Onas), structure qui doit signer un contrat de performances innovant avec l’Etat.
Moussa CISS