Khadim Mbathie, superviseur au môle 10 du Port autonome de Dakar, risque 10 ans de réclusion criminelle. Surpris par sa tante sur une mineure de 14 ans, il a été jugé hier, mardi 17 juin 2025, devant la chambre criminelle de Dakar pour viol suivi de grossesse et pédophilie sur mineure de 14 ans.
Mariama Dieng dite Marème ignorait complètement que ses vacances au domicile de l'ami de son père allaient lui coûter cher. Comme les jeunes filles de son âge, Marème avait quitté son quartier populeux de Grand-Yoff pour passer les grandes vacances à Keur Mbaye Fall, chez l'ami de son père, alors qu'elle n'avait que 14 ans. Malheureusement, elle aurait subi des viols répétés de la part de Khadim Mbathie qui fut son enseignant. Et malheureusement, elle a fini par tomber en état de grossesse. Sa mère Salimata Bintou Diankha, dès qu’elle a vu sa métamorphose, l'a conduite à l'hôpital où les médecins ont conclu à une grossesse évolutive de 28 semaines. Pressée de questions, la fillette a imputé son viol et la grossesse qu'elle traînait à Khadim Mbathie.
C'est ainsi que sa génitrice s'est rendue, le 28 octobre 2020 au commissariat de Grand-Yoff où elle a déposé une plainte contre Khadim. Ce dernier, à la suite d’un piège que lui a tendu le père de la gamine, a été arrêté par les enquêteurs. Interrogé, le superviseur au môle 10 au port de Dakar a reconnu les faits. Cet accusé, qui n'avait que 29 ans à l'époque, avait effectivement déclaré avoir eu une relation amoureuse avec la victime depuis avril 2020. Il a d'ailleurs précisé avoir été provoqué par la gamine qui l'a trouvé dans sa chambre.
Khadim Mbathie avoue à l’enquête et nie à la barre
Placé sous mandat de dépôt le 5 novembre 2020, il a été renvoyé devant la chambre criminelle pour jugement après 5 ans en détention provisoire. À la barre du tribunal, hier, mardi 17 juin 2025, Khadim Mbathie a fait volte-face, en niant les faits de viol. «Tout ce que Marème a dit n'est pas vrai. À part les cours, je n'ai aucun lien avec elle. Mariama est de mèche avec Ndèye Touré et les autres membres de la famille et c'est la raison pour laquelle elle m'accuse", a-t-il martelé. Mis face aux déclarations accablantes qu'il avait faites à l'enquête, l'accusé a évoqué une contrainte de la part des agents. "J'ai signé ce Pv sous la contrainte puisque l'un des enquêteurs me tordait le bras lors de l'enquête de police, tandis que l'autre me giflait. En plus je ne l'ai même pas lu", a-t-il argué.
La victime Mariama Dieng, âgée maintenant de 18 ans, a campé sur ses déclarations. "À chaque fois qu'on venait, il demandait à Khadija et Adja de rester en bas et moi de le rejoindre en haut. Et il prenait le soin d'éteindre les lampes. La première fois, il m'a appelé alors qu'il se trouvait dans la chambre de sa mère. Quand je suis arrivée, il m'a invitée à s'asseoir sur le lit. On s'est mis à discuter avant qu'il ne monte sur moi. Il m'a déshabillé en me forçant. Il s'est par la suite dévêtu avant de me pénétrer. La seconde fois, c'était dans le salon. Il a, à maintes reprises, abusé de moi. C'est la mère de Khadija, Ndèye Touré, qui nous a surpris. Cette dernière l'a trouvé sur moi", a-t-elle confessé avant de préciser que son bébé est mort-né.
Monsieur Djignaré, chez qui la victime était en vacances, entendu à titre de renseignement, a lui aussi fait les mêmes révélations que Ndèye Touré concernant cette affaire. Pour ce qui est de leur constitution de partie civile, la mère de la victime, Salimata Bintou Diankha, a demandé que leurs intérêts civils soient réservés puisqu'elle ne pouvait pas évaluer le montant de leur préjudice.
«Dans ce dossier, il manque des preuves irréfutables», selon la défense
La représentante du procureur, pour sa part, a indiqué que ces faits sont imputables à l'accusé, d'autant plus qu'il les avait reconnus. Sur ce, elle a requis 10 ans de réclusion criminelle contre lui. Avocat pour la défense de Khadim Mbathie, Me Mbaye Sall a d'abord déclaré que des prélèvements ont été faits sur Khadim aux fins d'analyses pour un test de paternité, mais malheureusement le centre n'était pas opérationnel à l'époque. Pour ce qui est du viol, il a expliqué au juge que le procureur ne s'est fondé que sur les déclarations de la victime. En plus, ajoute-t-il, toutes les personnes qui ont déposé dans cette procédure ne sont pas témoins du viol. "Tous les pseudos témoins sont des témoins à charge. Ce ne sont pas des témoignages. Dans ce dossier, il manque des preuves irréfutables pour pouvoir asseoir le viol. Il faut bien vouloir considérer que ces faits pour lesquels nous comparaissons ce matin ne sont pas établis", a-t-il tonné tout en demandant que son client soit acquitté. Délibéré au 15 juillet 2025.
Fatou D. DIONE