Les journalistes, encore les journalistes et toujours les journalistes. Ils sont toujours considérés comme étant à l’origine des misères des autres. A chaque fois qu’un secteur d’activités est au cœur d’un scandale, ce sont les professionnels des médias qui sont indexés et traités de tous les noms d’oiseaux. Ces esprits mal-pensants tirent sur la presse et se disent victimes de lynchage médiatique. Hier, des agents de santé en service au centre national hospitalier de Pikine se sont illustrés dans ces méthodes pour le moins irrévérencieuses, à la limite irresponsables à l’égard des journalistes, notamment des correspondants de la banlieue dakaroise. Ces derniers étaient pourtant venus à l’hôpital pour couvrir le sit-in de ces blouses blanches qui, toute honte bue, ont osé claquer langue sur le scandale-Aïcha Diallo ; alors qu’ils auraient mieux fait de raser les murs et de faire profil bas. Tenez-vous bien : ces acteurs de santé de l’hôpital de Pikine ont eu l’outrecuidance de qualifier de «menteurs» et de «Satan» les mêmes journalistes, qui étaient juste venus recueillir leur version des faits dans l’affaire de la fille de 12 ans.
La députée Awa Niang dément la famille et prend la défense de l’hôpitalHier, Awa Niang, 2ème questeur à l’Assemblée nationale, les députés Pape Sagna Mbaye et Khady Ba et la mairesse de Tivaouane Diacksao et la Direction générale du centre national hospitalier du département ont eu une séance de travail. A la fin des travaux, Awa Niang a pris pour fait et cause pour les agents de santé. Selon elle, la défunte Aïcha Diallo a bel et bien fait l’objet d’une prise en charge médicale totale, contrairement à la thèse de négligence défendue crânement par la famille.
Awa Niang s’explique : «la fille est passée dans différents services du centre hospitalier. Elle a été admise d’abord au service d’accueil, celui des urgences, au bloc opératoire, à la gynécologie et à la réanimation. Ainsi, une prise en charge totale a été faite à l’endroit de la demoiselle», a soutenu la députée de Dalifort Foirail de Pikine. Mieux, ajoute-t-elle, un des médecins – sans attendre les parents de la patiente – a pris son propre argent pour payer ses frais de radiographie.
Pape Sagna Mbaye indexe la modicité de la subvention de l’Etat à l’hôpital
Le progressiste Pape Sagna Mbaye a abondé dans le même sens et interpellé le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, sur la nécessité de gonfler le fonds de dotation ou de subvention de l’Etat à l’hôpital de Pikine, qui polarise 21 communes d’arrondissement de la banlieue dakaroise. A l’en croire, les 309 millions de francs Cfa alloués en guise de subvention à l’établissement sanitaire de Pikine sont dérisoires, par rapport à son statut d’hôpital de niveau 3. «C’est un hôpital de référence, qui doit être au même titre que les hôpitaux de même niveau, notamment Grand-Yoff, Le Dantec, Principal. Ces centres hospitaliers reçoivent 1 milliard de l’Etat en guise de subvention», a-t-il fait remarquer.
L’intersyndicale de l’hôpital de Pikine brise le silence et crie à la calomnie
Les blouses blanches de l’hôpital de Pikine ont eux aussi décidé de croiser le fer avec leurs détracteurs. Ils ont brisé le silence hier devant les journalistes et ont déploré les sorties au vitriol dans la presse contre eux. Abdoul Dème, porte-parole de l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital, a d’abord fustigé leurs difficiles conditions de travail et évoqué la question du manque de moyens matériels suffisants pour accomplir leur mission. «Nous n’avons que 124 lits dans tout l’hôpital et une dizaine de lits au niveau du service des urgences, avec une forte densité des populations de notre département, qui est le plus peuplé au Sénégal. La demande est supérieure à l’offre. Malgré tout, notre centre hospitalier est le meilleur par rapport aux autres», a déclaré le syndicaliste. Et de poursuivre : «certains gens sont en train de ternir l’image de l’hôpital. Ils nous attaquent et nous calomnient depuis trois jours. Ils s’acharnent sur nous sans savoir ce qui s’est réellement passé», a-t-il indiqué devant la presse.
Sur le cas propre de Aïcha Diallo, M. Dème se veut prudent. «On ne réagit pas sur les accusations de la famille d’Aïcha Diallo, qui évoque la thèse de la mort de leur enfant par négligence. Le ministre de la santé Abdoulaye Diouf Sarr a ordonné l’ouverture d’une enquête sur cette affaire. Ainsi, nous préférons attendre les conclusions de ladite enquête pour nous prononcer», a-t-il fait remarquer.
Vieux Père NDIAYE