C’est lors du dernier Conseil des ministres que le chef de l'Etat a fait l’annonce. Il décide en effet de surseoir au plan d’attribution des véhicules aux fonctionnaires. Même si la quasi-totalité de la population salue cette nouvelle mesure, le leader de Pastef minimise et parle de simulacre d’indignation du Président Macky Sall.
Ousmane Sonko met encore les pieds dans le plat. Au moment où tout le monde jubile suite à la décision du président de la République de suspendre les acquisitions de véhicules aux fonctionnaires, le leader de Pastef vient gâcher la fête avec sa contribution sur le sujet postée sur sa page Facebook. Intitulé «Macky Sall et son cirque de gouvernance sobre et vertueuse», ce texte de Sonko attire en effet l’attention sur le gaspillage qui sévit au niveau de l’administration en qualifiant ladite décision de «supposée subite prise de conscience» pour freiner le niveau de gabegie sur fond de surfacturations que cachent les acquisitions de véhicules administratifs par l’État. «Les Sénégalais sont plus que lassés de ses simulacres d’indignations présidentielles jamais suivis d’effet, tout simplement parce qu’il s’agit de juteux marchés impliquant les proches, amis et collaborateurs ainsi enrichis sans cause», fait savoir Ousmane Sonko.
Rappelant sa position par rapport à ce sujet traité dans son ouvrage «Solutions pour un Sénégal nouveau», publié en septembre 2018, l’opposant estime que cette bamboula financière autour des dépenses fantaisistes est entretenue par les hautes autorités du pays. «Le gaspillage est l’autre moyen de dilapidation des ressources. Les dépenses politiques fantaisistes avec la démultiplication de ministères, la création tous azimuts d’institutions politiques et d’agences, uniquement pour caser une clientèle politique de partisans et d’alliés, véritables parasites étatiques», fait-il remarquer avant de préciser que c’est ce qui provoque une hausse énorme et irrationnelle de la masse salariale et des dépenses de fonctionnement. Selon Sonko, ce gaspillage prend aussi la forme de commandes en matériels administratifs ne répondant à aucune nécessité, pour enrichir des «entrepreneurs» choisis qui, à leur tour, ristournent une part à ces mêmes autorités. «Il n’est qu’à voir le volume du parc automobile de l’État pour s’en rendre compte. Certaines autorités sont dotées de deux, trois voire plus de véhicules allant des berlines de luxe aux grosses cylindrées 4x4», fulmine-t-il. A en croire le leader de Pastef, ce sont les véhicules de l’État qui gisent, faute d’entretien, dans les rues de Dakar. «Ils deviennent des épaves et finissent à la ferraille. C’est des centaines de milliards qui sont gaspillés ainsi d’année en année, dans l’indifférence totale», dénonce Sonko.
«J’étais choqué par le rythme auquel le mobilier et le matériel de bureau étaient renouvelés alors que l’existant était encore intact»
Ousmane Sonko d’affirmer qu’il n’a jamais compris la fréquence du renouvellement du matériel de bureau. «Quand j’étais fonctionnaire, ce qui me choquait beaucoup, c’était le rythme auquel le mobilier et le matériel de bureau étaient renouvelés alors que l’existant était encore intact», souligne Sonko. Poursuivant, le parlementaire révèle qu’il n’était pas rare de retrouver du matériel de qualité délaissé dans la cour et détérioré progressivement par l’exposition au soleil et à la pluie. «Et encore, on ne parle pas ici des énormes budgets engloutis par les consommations d’électricité au-delà même des heures de travail ni de carburant» renchérit-il.
Ndèye Khady D. FALL