La situation en Guinée a été examinée hier mercredi par les chefs d'État de la Cedeao réunis en sommet extraordinaire virtuel. Ainsi 72 heures après le coup d'État qui a renversé le Président Alpha Condé à Conakry, des sanctions ont été annoncées par les chefs d’Etat de la sous-région qui comptent dépêcher une délégation à Conakry aujourd’hui. Sa réaction très attendue, Macky Sall s’est contenté d’un tweet publié à la sortie de la réunion virtuelle pour condamner le coup d’Etat et inviter à la préservation de la stabilité du pays et au rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Sur demande de leur homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, les chefs d’États de la Cedeao ont participé hier mercredi 8 septembre 2021 à un sommet extraordinaire virtuel sur la situation en Guinée. La réunion qui avait pour objectif de décider des mesures à appliquer à la suite du coup de force du 5 septembre en Guinée, a été l’occasion pour l’institution réitérer sa condamnation du coup d’Etat «avec la plus grande fermeté», exigeant une nouvelle fois «le retour à l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions».
En marge de la réunion, les chefs d’États et de gouvernement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont décidé de suspendre la Guinée de l’organisation sous-régionale et exige la libération sans délais d’Alpha Condé.
Macky condamne le putsch et appelle au rétablissement de l’ordre constitutionnel
Sa réaction très attendue depuis l’annonce du putsch, le Président Macky Sall a publié un tweet après la réunion pour dire la position du Sénégal, faisant par la même occasion une révélation sur ce qui a été dit en marge de la réunion. «J’ai pris part ce jour au sommet extraordinaire de la Cedeao sur la situation en Guinée», a d’emblée informé le Président sénégalais. Et d’ajouter afin que nul n’en ignore que «le Sénégal condamne le coup d’Etat et soutient les décisions du Sommet en vue de la préservation de la stabilité du pays et du rétablissement de l’ordre constitutionnel».
La Cedeaoexige également la libération immédiate du Président Alpha Condé
En ce qui le concerne, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Alpha Barry, a révélé à la presse que la Guinée est suspendue des instances de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.
L'organisation régionale exige également la libération immédiate du Président Alpha Condé et elle a décidé d'envoyer, dès aujourd’hui, une délégation de haut rang en Guinée.
Dès l'ouverture de ce sommet virtuel, dit-on, le président du Ghana Nana Akufo-Addo avait évoqué une «violation claire» de la charte de bonne gouvernance de la Cedeao et «un incident malheureux et regrettable» pour qualifier le coup d'État mené par les forces spéciales, emmenées par le colonel Mamady Doumbouya.
Les chefs d'Etats de la région ont aussi évoqué la transition en cours au Mali après y avoir envoyé une mission, qui s'est terminée mardi et qui s'est dite préoccupée quant à la possibilité de tenir les élections dans les délais. Présidentielle et législatives sont censées se tenir en février prochain, soit 18 mois après le coup d'État d'aout 2020. Suite à ce putsch, la Cedeao avait aussi suspendu le pays et adopté des sanctions essentiellement économiques
Aujourd’hui la question qui se pose, c’est au-delà d’une intervention militaire, de quels leviers économiques dispose la Cedeao pour mener la vie dure aux putschistes à défaut de les contraindre à faire marche arrière et céder le pouvoir.
Et il faut dire que sans recourir à «l’option nucléaire» d’une intervention armée, les voisins ouest-africains de la Guinée disposent d’un lourd arsenal de sanctions et d’outils de pression économique contre le nouveau régime.
En effet, les textes de la Cedeao autorisent une intervention armée pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel et démocratique, notamment en vertu du «Protocole relatif au Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité», signé à Abuja en décembre 1999.
La Cedeao a eu recours à ces pouvoirs en janvier 2017, lorsque près de 7000 hommes des forces armées du Sénégal, du Ghana et du Nigeria ont été déployés en Gambie pour contraindre l’ex-président Yahyah Jammeh à céder le pouvoir après une élection perdue.
Sur le plan économique, l’organisation sous-régionale dispose également de moyens de dissuasion. Le cas le plus récent est celui dit Mali. Après le renversement suivi de l’arrestation du président de la République Ibrahima Boubacar Keita, la Cedeao avait pris un certain nombre de mesures particulièrement sévères à l’encontre du Mali.
La Cedeao avait suspendu le pays de tous ses organes de décision, fermé les frontières de ses États membres et imposé un embargo économique. En résulte une apparente victoire des institutions internationales : les militaires nomment un gouvernement civil de transition en septembre, dirigé par Bah Ndaw. Les sanctions sont levées en octobre.
Sidy Djimby NDAO