Le Parti des Libéraux et Démocrates (Pld/And Suqali) sort de sa torpeur. Oumar Sarr et Cie, analysant les actes et discours de Ousmane Sonko, qualifient son parti de «courant populiste adepte de la violence verbale et physique». Ainsi, ils appellent toutes les forces démocratiques à se pencher sur l’essentiel : la survie du Sénégal face aux dérives qui rythment le quotidien des Sénégalais.
«Peu bavard», le Parti des Libéraux et Démocrates (Pld/And Suqali) a fait une sortie pour se prononcer sur la situation «très critique» que traverse le Sénégal. Oumar Sarr et Cie voudraient d’abord que l’on dissocie les véritables enjeux des événements actuels avec les luttes politiques que notre pays a connues jusqu’ici. «Quand un courant populiste, adepte de la violence verbale et physique, défie tout un pays et s’engage dans une logique de mortal kombat, en faisant croire que l’Etat aurait peur à cause de leur courage, il ne peut que trouver en face de lui une détermination aussi farouche que la sienne, sinon plus», estime-t-il. Sinon, déclare l’ancien coordonnateur du Pds, la République serait à la rue et l’ordre public deviendrait un slogan creux.
«Des individus sans passé ni épaisseur politiques pensent s’imposer au pouvoir par la force»
A en croire Oumar Sarr et Cie, «dans une démocratie, l’Etat seul a le droit de recourir à la violence, au nom et pour le compte de tous les citoyens. Mais quand chacun peut développer sa violence privée, quand chaque homme politique peut appeler impunément au meurtre, l’anomie s’installe et le chaos règne».
S’attaquant ouvertement à Ousmane Sonko et ses partisans, le ministre des Mines les peint comme des «individus sans passé ni épaisseur politiques» qui «pensent s’imposer au pouvoir par la force, en manipulant une fraction minoritaire de la jeunesse, victime de la crise de la cellule familiale et du système éducatif en général». Selon lui, partout dans le monde, «ces exclus sociaux constituent un terreau fertile de l’expansion du trafic de drogue et de l’extrémisme politique ou religieux. C’est aussi le cas de nombreux pays africains, bien que sous des formes différentes. Au Sénégal, ce phénomène se manifeste aujourd’hui avec des bandes d’enfants-manifestants, en attendant des enfants-soldats peut-être demain», fait-il remarquer.
«Aujourd’hui, c’est des bandes d’enfants-manifestants, en attendant des enfants-soldats peut-être demain»
Mettant ensuite le curseur sur les événements de Mbacké perpétrés par l’opposition dite radicale, Oumar Sarr estime que les heurts notés le 10 février à Mbacké sont une attaque « sans aucun motif avouable» contre les valeurs incarnées par la cité religieuse. Pour lui, «c’est ce puissant symbole qu’incarne Touba qui est attaqué par des provocateurs à la solde de nostalgiques d’un passé révolu». Le ministre des Mines assure que ce qui s’est passé à Touba-Mbacké représente un véritable tournant dans le déploiement d’un projet politico-religieux mortifère. «Il apparaît clairement aujourd’hui que l’opposition dite radicale n’est que le faux nez ou le masque trompeur d’un courant extrémiste, que des observateurs avisés assimilent à la ‘’mouvance frériste-qutbiste’’ bien connue pour les nombreuses tragédies que sa démarche a provoquées», renseigne M. Sarr qui explique que dans les pays où cette mouvance s’organise, elle utilise, comme au Sénégal actuellement, une tactique de dissimulation voire de camouflage dans des organisations se présentant comme des partis politiques républicains. Pour lui, la provocation de la mosquée de Touba rappelle étrangement la dénonciation et la destruction des mausolées religieux qui sont un marqueur de ce courant (comme à Gao et Tombouctou).
«Pour la première fois, des figures internationales de la mouvance ‘’frériste-qutbiste’’ ont parlé du Sénégal et de leur solidarité avec leur frère Sonko»
Confirmant ses accusations, Oumar Sarr fait remarquer que «ces derniers jours, on a entendu, pour la première fois, des figures internationales de la mouvance ‘’frériste-qutbiste’’ parler du Sénégal et de leur solidarité avec leur «frère Sonko».
Néanmoins, souligne-t-il, il est probable que certains de leurs adhérents soient victimes d’illusions, abusés par la radicalité du discours utilisé ou par les fausses références à des personnalités africaines comme Cheikh Anta Diop, Thomas Sankara ou Mamadou Dia.
C’est pour cette raison que le Pld/And Suqali invite l’ensemble des forces démocratiques, du pouvoir comme de l’opposition, ainsi que tous ceux qui sont attachés à la survie d’un Sénégal démocratique et pacifique, à prendre conscience de la particularité de la conjoncture actuelle.
Pour son leader, le dialogue national doit être poursuivi et amplifié autour des véritables enjeux qui dépassent le nom du président de la République ou la couleur du parti au pouvoir. «Est-ce que le Sénégal va rester une République laïque, démocratique et sociale, poursuivant son émergence économique et sociale grâce aux retombées de son pétrole et de son gaz naturel ?», s’interrogent Oumar Sarr et Cie qui enchaîne avec ses questionnements : « ou bien sera-t-il, comme la Lybie et certains pays ouest-africains, un Etat totalement effondré, abandonnant de grandes parties de son territoire à la merci de groupes divers exploitant les ressources naturelles à leur profit exclusif ? Est-ce que le Sénégal sera ou non emporté par la ceinture de feu qui embrase l’Afrique de l’Ouest ? Le verrou sénégalais va-t-il sauter ou va-t-il tenir ? ».
Ndèye Khady DIOUF