La défense a tenté hier de démonter l’accusation. Mes Ndéné Ndiaye et Mamadou Guèye Mbow, qui assuraient la défense de Mouhamed Ndiaye alias Abou Youssouf, ont tenté de convaincre de l’innocence de l’accusé, qui a été entrainé dans cette histoire malgré lui, même s’il a vu Aboubakar Shekau. Ils ont demandé l’acquittement.
Pour assurer la défense de Mouhamed Ndiaye alias Abou Youssouf et convaincre la Chambre criminelle de son innocence, Me Ndéné Ndiaye a préféré mettre l’accent sur sa personnalité. «Monsieur le Président, pour juger, il faut comprendre. Il faut que vous compreniez que Mouhamed Ndiaye est né à Libreville au Gabon en 1984. A l’âge de 2 ans, il est arraché à sa mère et à son père avant qu’il ne soit donné à son grand-père mourant et vivant dans la banlieue dakaroise dans des conditions difficiles. Ayant fréquenté l’école française où il n’a pas réussi, il est allé à l’école coranique, avant de se lancer dans la mécanique à l’âge de 11 ans. Puis, il est devenu maçon, pour ensuite se reconvertir en pêcheur. Marié à 23 ans, père de famille, il a une personnalité instable du côté professionnel, scolaire et autre. C’est un garçon sans repère qui, dans un contexte, était une proie facile qui a rencontré ces recruteurs, ces endoctrineurs dont Aboubacry Guèye. En vous parlant de son voyage du Nigeria, il vous a dit qu’il a été influencé par Aboubacry qui lui a conseillé d’aller combattre auprès de ses frères musulmans. C’est dans ce contexte qu’il n’a pu résister à la force de persuasion. Il a voyagé dans des conditions difficiles en atterrissant au Nigeria», a expliqué l’avocat, selon qui l’intention est un élément fondamental dans une infraction.
L’excellent plaideur de poursuivre: «Mouhamed Ndiaye a vu Shekau Monsieur le Président, c’est la vérité et nous le reconnaissons. Il dit avoir séjourné dans la forêt de Sambissa.., subi des entrainements, été initié aux maniements des armes et assisté à des combats». Selon Me Ndiaye, son client a été entraîné malgré lui dans cette histoire, mais il n’a posé aucun acte. L’avocat a ainsi demandé principalement l’acquittement pur et simple. L’avocat de sollicité en sus une application mesurée de la loi si «l’improbable se produisait» et que la Chambre avait l’ultime conviction qu’il a fauté. Il a demandé ainsi au juge Samba Kane de lui accorder une seconde chance afin qu’il se réinsère dans la société étant donné qu’il s’est amendé.
Pour ce qui le concerne, Me Mamadou Guèye Mbow a attaqué la matérialité et son imputabilité par rapport à son client. Selon lui, contrairement à ce que dit le procureur, il n’est pas prouvé que son client ait combattu dans le fief de Boko Haram. A en croire la robe noire, son client, contre qui le ministère public avait requis les travaux forcés à perpétuité, a été motivé par l’apprentissage du Coran en s’y rendant. Selon l’avocat, il est vrai que son client a subi des entrainements, mais «il les a fait sous la contrainte». Pour Me Guèye, les déclarations du procureur ne sont étayées par aucun élément de preuve. Or, rappelle-t-il, «le droit pénal est le droit de la certitude». Ainsi, il a sollicité l’acquittement de son client. Mouhamed Ndiaye alias Abou Youssouf est poursuivi pour acte de terrorisme par menace ou complot en vue de troubler l’ordre public, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, apologie du terrorisme, financement du terrorisme et de blanchiment de capitaux.
Fatou D. DIONE