
L’accident de Sikilo continue d'occuper une bonne partie de l’actualité sénégalaise. Sa rare violence a poussé le chef de l’Etat à prendre des mesures drastiques pour réguler le transport en commun interurbain,surtout nocturne. Une démarche que Thierno Bocoum réprouve totalement. Le président du mouvement Agir déplore l’attitude de nos gouvernants qui préfèrent le populisme à la place de mesures réfléchis et constructifs.
A la place d’un conseil interministériel tenu dans la hâte, sous le coup de l’émotion, Thierno Bocoum aurait voulu que le gouvernement prenne le temps de réfléchir, discuter avec les acteurs pour enfin trouver une solution durable à ces nombreux accidents mortels sur nos routes. Mais, malheureusement pour nous,fait savoir l'ancien député, le Président Macky Sall et son gouvernement ont préféré «s’empêtrer» dans le populisme.
Rappelant, à travers un communiqué,le premier conseil interministériel relatif aux accidents de la route qui s’est tenuen 2017, avec à la clé 10 recommandations pour freiner les accidents de la circulation, Thierno Bocoum lâche :« le Sénégal n’avait même pas des statistiques fiables sur le nombre d’accidents et sur leurs causes. Seul environ un quart (1/4) des données liées aux accidents étaient remontées et enregistrées, d’après le chargé de la sécurité routière de la Direction des transports routiers», déplore-t-il avant de faire noter qu’il a fallu l’arrivée d’un projet de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) d’amélioration des données de mortalité par accident de la circulation, en 2020-2021, pour que l’Etat sénégalais puisse avoir des données plus fiables. «L’enregistrement, la collecte et l’analyse des données liées aux accidents de la circulation est un préalable pour une meilleure prise de décision en ce qui concerne nos politiques de prévention routière. Le gouvernement du Président Macky Sall n’hésite pas à s’en passer pour foncer dans le populisme qui n’a finalement permis aucune application concrète des décisions prises lors de ce conseil interministériel», martèle le président du mouvement Agir.
Pour Thierno Bocoum,les nouvelles interdictions issues du conseil interministériel sur la sécurité routière, n’auront pas seulement des répercussions sur les voitures et les clients. «Il s’agit de questions beaucoup plus transversales qui touchent la loi de l’offre et de la demande, l’environnement économique et social, la prise en compte d’un existant», dit-il.
« L’Etat viole la constitution sur la liberté de déplacement…»
Pour l’ancien parlementaire, «la recrudescence des accidents durant la nuit doit convoquer cette nécessité pour nos gouvernants d’éclairer nos routes, de rendre visibles les signalisations routières, de renforcer le contrôle routier sur les axes à risque», indique-t-il. Malheureusement renseigne Thierno Bocoum, «à la place, l’Etat préfère violer les dispositions de la constitution à son article 8 liées à la liberté de déplacement qui doit être garantie à tous les citoyens. De même, une rupture d’égalité entre citoyens est notée quand ceux qui ont des véhicules particuliers peuvent gérer leurs urgences à toute heure et ceux qui n’en ont pas en sont privés», affirme M. Bocoum qui relève une discrimination dans l’action du gouvernement.
Aussi bien l’interdiction d’importer des pneus d’occasion que la limitation de l’âge des véhicules importésdoivent être mieux encadrés, selon Thierno Bocoum, avec des mesures tendant à rendre accessibles et à prix modérés les pneus neufs, mais aussi plus de rigueur sur les vérifications de la nature du véhicule et de son âge.
NdèyeKhadyDIOUF