Suite et certainement pas fin de l’épisode de la crise au sein du groupe parlementaire de la majorite, Pastef. Après sa première sortie qui a provoqué énormément de réactions épidermiques de ses collègues députés, Guy Marius Sagna ne s’est toujours pas résolu à clore le sujet des privilèges accordés aux parlementaires. Il est revenu à la charge hier pour clarifier ses propos par rapport au terme «sukëru koor», dont tous les députés ont nié l’existence. A l’en croire, il n’a pas été supprimé, ils ont juste changé le nom en «appui», puisque le groupe Pastef a mis à la disposition de ses membres une enveloppe de 100.000 francs.
Guy Marius Sagna revient à la charge. En réponse à ses collègues qui se sont lavés à grande eau en promettant qu’il n’y a pas eu de «sukëru koor» cette année à l’Assemblée nationale, Guy Marius Sagna a apporté une réplique acerbe. «Cela fait bientôt trois ans qu'à l'interne de la fraction parlementaire de mon parti Pastef, je me bats contre certaines pratiques comme le "Sukëru koor". Notez bien : trois ans. Bientôt trois ans ; cela veut donc dire depuis le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi», a-t-il précisé avant d’ajouter : «j'ai défendu à l'époque l'idée selon laquelle nous ne pouvions pas aller à une élection présidentielle que nous voulions gagner en adoptant certaines des pratiques parasitaires des anciens régimes».
«Oui, 100.000 F Cfa de "sukëru koor" ont été mis à la disposition des députés de mon groupe parlementaire»
Selon Guy Marius, ses collègues ne l’ont jamais soutenu sur cette question. «J'ai toujours été minorisé sur la question du "Sukëru koor". "Que celui qui veut prenne et que celui qui ne veut pas ne prenne pas" me répondait-on», soutient M. Sagna, qui dit avoir même demandé l'organisation de discussions internes au sein de leur groupe parlementaire pour élaborer ensemble la tactique parlementaire. Malheureusement, regrette-t-il, «tout a été fait pour empêcher des discussions internes sur cela».
Pour étayer ses propos, le député révèle que le fameux "sukëru koor" a simplement changé de nom mais il existe toujours. «En mars 2025, une dizaine de jours après le début du mois de Ramadan, l'information tombe dans le groupe parlementaire: "passez récupérer une enveloppe pour un appui". Ce n'est pas parce que le "sukëru koor" est baptisé pudiquement "appui" que la réalité change». Guy Marius promet : «100.000 F Cfa de "sukëru koor" ont été mis à la disposition des députés de mon groupe parlementaire. Je ne parle ni de dattes, ni d'avance Korité ni d'avance Tabaski, mais de "sukëru koor" baptisé pudiquement pour tromper la vigilance "appui". Qui a pris et qui n'a pas pris n'est pas mon propos ni le plus important».
«Certaines ont été enlevées. Il en reste encore d'autres»
Pour lui, le vrai débat, c’est l'entretien d'une clientèle politique, cette vieille tradition politique de la classe politique, avec comme stratégie la redistribution. «Certains d'entre nous pensent et théorisent qu'ils ont besoin de ce "sukëru koor" pour en faire 10 enveloppes de 10.000 F Cfa par exemple pour donner à leur clientèle politique», renseigne le député qui assure qu’il veut le meilleur pour le Pastef et le projet. «Moi je veux que notre parti, notre Projet, notre gouvernement, notre groupe parlementaire... et ceux qui les animent soient et restent crédibles».
Bien que mobilisé contre certaines pratiques, Guy Marius Sagna reconnaît qu’il y a eu des changements. «Une bataille de gagnée : je suis sûr qu'en 2026, on ne parlera plus de "sukëru koor" ou d'appui ; je suis heureux d'etre membre de Pastef, ce parti qui impose les débats et pousse même l'opposition à chercher à surfer vainement sur la vague. Certaines ont été enlevées. Il en reste encore d'autres», dit-il.
Nd. Kh. D. F