Les travaux forcés à perpétuité requis à l’encontre de Ibrahima Diallo dit Abou Omar par le procureur, pour acte de terrorisme par menace ou complot en vue de troubler l’ordre public, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, apologie du terrorisme, financement du terrorisme et blanchiment de capitaux, Me Ngoné Thiam, qui a plaidé pour le compte de ce dernier, est persuadé que c’est une affaire montée de toutes pièces par les Occidentaux. «Cette affaire nous rappelle celle de Tariq Ramadan, contre qui on a monté un dossier», commence-t-elle a plaidé. Me Thiam revient sur le voyage de ceux qui se sont rendus au Nigeria, pour dire que c’était parce qu’ils croyaient que la charia y était pratiquée. Ils pensaient, selon l’avocate, que l’on y exigeait, entre autres obligations, que les riches partagent avec les pauvres. S’agissant de son client, la robe noire soutient qu’il y était pour travailler.
«Quand est-ce que les Africains seront indépendants ?»
Me Thiam de préciser, cependant, qu’Ibrahima Diallo ne partageait pas leur idéologie. D’ailleurs, explique-t-elle, «c’est cette motivation qui l’a poussé à rentrer au Sénégal». A l’en croire, le procureur n’a apporté aucune preuve attestant que Mouhamed Ndiaye s’était affilié à un groupe terroriste ou à la création du projet d’Etat islamique. Soutenant que les crimes pour lesquels son client est poursuivi ne sont pas avérés, l’avocate s’est indignée du comportement des Africains dans la lutte contre le terrorisme. «Je me demande quand est-ce que les Africains seront indépendants ? On a créé des tribunaux de grande instance et on met à notre disposition des fonds pour combattre le terrorisme. Et bientôt, l’Occident va nous demander d’expliquer les fonds qu’on donne comme ‘’addya’’ à nos marabouts. Nous n’avons pas les mêmes réalités. Monsieur le Président vous êtes dans un mois où, si vous avez un droit de réserve, celui-ci doit aller crescendo», a plaidé la robe noire, qui n’a pas voulu faire de demande auprès de la Chambre pour le compte de son client. Mais, elle dit s’en remettre à «l’ultime conviction du juge». Ce, non sans lui rappeler qu’il préside la Chambre criminelle et que si ce dossier lui permettait de «voler une vie» d’adolescent, il en répondra sagement.
Fatou D. DIONE