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MARY TEUW NIANE, MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR: «Personne ne demande ma démission»



MARY TEUW NIANE, MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR: «Personne ne demande ma démission»
 
Mary Teuw Niane n’est pas ou plutôt n’est plus l’homme à abattre. C’est du moins ce qu’il pense. Pour le ministre de l’Enseignement supérieur, au lendemain du décès de l’étudiant Fallou Sène, c’était tout à fait normal qu’avec la pression, son départ fut demandé par les étudiants. Mais, ce n’est plus à l’ordre du jour. Dans un entretien accordé à «Les Échos», Mary Teuw Niane est largement revenu sur son ressenti, à l’annonce du décès de l’étudiant, la situation de la dette due aux écoles privées, le rapport de l’Ige, ses ambitions politiques pour la ville de Saint Louis, le candidat Sonko… Entretien.
 
 
 
Quelques jours après le décès de l’étudiant Fallou Sène, le gouvernement avait annoncé que le ou les responsable(s) allai(en)t être identifié (s). Où en est l’enquête ? 
Ça c’est la question de la justice. Ce n’est ni au gouvernement ni au ministère d’en parler. Le gouvernement, la justice et l’Assemblée nationale sont trois structures autonomes qui font partie des éléments constitutifs d’un Etat de droit et le gouvernement, dès lors que la question est au niveau de la justice, n’a pas le droit de s’y mêler.
 
Qu’est-ce que ça vous a fait d’apprendre qu’un étudiant a été tué dans un temple du savoir, un lieu où vous avez servi comme recteur ?
C’était dramatique. (Silence) Je n’étais pas là. J’étais à Addis-Abeba où j’étais invité comme conférencier principal par la Commission économique des Nations-Unies. C’est le lendemain que j’ai eu cette mauvaise nouvelle du décès de l’étudiant Fallou Sène. Ce n’est pas seulement en tant que recteur, mais plutôt en tant que père de famille, en tant que professeur, homme politique, citoyen saint-louisien que tout cela nous a fait très mal, parce que la politique que nous sommes en train de mener, c’est pour donner plus de chances possibles à plus d’étudiants possibles.
 
Beaucoup de problèmes ont été notés en 2018, allant de la mort de l’étudiant Fallou Sène aux nombreuses grèves, qu’est-ce que vous répondez à ceux qui demandent votre démission pour mettre à l’aise le Président ?
Personne ne demande la démission de Mary Teuw Niane. Il n’y a personne. Lorsque l’étudiant est décédé, c’est tout à fait compréhensible dans le sens de l’émotion que des gens aient demandé le départ du ministre. Mais la réalité s’impose. L’enseignement supérieur qu’on avait en 2012, ce n’est pas le même que nous avons aujourd’hui. On a quelque chose de beaucoup plus juste, plus équitable, plus collé à la réalité économique. Ce n’est pas un enseignement où on a réglé tous les problèmes. Ce n’est pas possible en 6 ans, 7 ans de régler tous les problèmes. Il faut des décennies. Mais des jalons ont été posés. Et les étudiants l’ont dit lors de l’inauguration des pavillons de l’Ucad. Les gens voient bien les réalisations. 
 
L’Ige a sorti récemment un rapport sur le meurtre de l’étudiant Fallou Sène. Et votre ministère a été blanchi. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Nous avons lu le rapport de l’Ige qui nous a été envoyé et nous avons vu que notre ministère n’avait aucune responsabilité dans le retard qui a eu lieu au mois d’avril. C’est une grande satisfaction pour nous et un satisfecit pour nos services, qui ont une gestion lourde, difficile.
 
Où en êtes-vous exactement avec la dette due aux écoles privées 
Je voulais saluer leur engagement et leur esprit patriotique dans l’éducation et la formation, qui sont les fondements pour aller à l’émergence économique. Il y a eu beaucoup de discussions tripartites entre le ministère de l’Économie des Finances et du Plan, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et la Coordination des établissements du privé. Et nous nous sommes accordés avec eux, en présence du ministre de l’Économie qui a lui-même donné ses engagements autour d’un certain nombre de points qui étaient les plus sensibles. C’était d’abord de libérer les 3 milliards qui avaient été retenus dans le décret d’avance de 2018. Ceci a été fait le 30 décembre 2018. Ensuite, il y a un échéancier de 8 milliards qui est inscrit dans la loi de finances initiale 2019 du ministère. Ces 8 milliards devraient être payés durant toute l’année 2019, mais le ministère de l’Économie et des Finances s’est engagé à les payer au premier semestre, avec un échéancier par mois, sur lequel on s’est accordé. Donc, sur cette base, les établissements privés ont décidé de lever leur mot d’ordre et d’accueillir les étudiants et les étudiantes. 
Autre chose, le ministère de l’Enseignement supérieur s’est engagé, sur la loi rectificative de 2019, à mettre 4 milliards supplémentaires
 
 
 
 
 
 
Parlons un peu de politique. Il y a le «phénomène Sonko», quelle appréciation faites-vous de ce candidat ?
Je n’ai pas d’appréciation particulière à faire d’un candidat particulier. Je suis de l’Apr, de la majorité présidentielle, je suis du gouvernement. Aujourd’hui, ce sont les Sénégalais qui nous disent : «vous avez beaucoup travaillé». Récemment, j’étais dans le Nord de l’île de Saint-Louis, dans une visite de proximité familiale et de rencontre avec les citoyens de cette zone, et ce sont les habitants qui nous disent que le Président a beaucoup travaillé et il faudra, le 24 février, le lui montrer par le vote. C’est pour cela que nous sommes moins préoccupés par tel ou tel candidat. Nous sommes plutôt engagés dans la promotion, dans la pédagogie pour faire partager par ce qui a été fait et qui est moins visible, moins audible. On est plus occupé par le plaidoyer, par la promotion de ce que nous avons fait, ce que nous avons réussi que d’autres candidats.
 
Est-ce que vous avez aujourd’hui, l’ambition de devenir maire de la ville de Saint-Louis ?
Chaque chose en son temps (Rires). Aujourd’hui, nous sommes au temps de la réélection du Président Sall. Toute notre énergie, tout savoir-faire stratégique et politique, tout notre engagement sont tendus vers cet objectif. Saint-Louis, je l’aime, j’y suis né, j’y ai fait mes études et j’y suis revenu à la création de l’Université Gaston Berger y enseigner, et c’est de là-bas, que j’ai eu l’ensemble de mes promotions. C’est une ville que j’aime. Mais, en ce moment, la question n’est pas celle de mairie, de conseiller ou autre, le temps est à la réélection de notre candidat, dans l’unité de l’Apr et dans Benno Bokk Yakaar.
 
Est-ce un choix d’avoir ses bases électorales dans les zones les plus reculées de Saint-Louis, notamment Ndiamène, Fass Ngom ? Une stratégie politique ?
J’ai le bonheur et la chance d’être dans le département de Saint-Louis. Je suis de la commune de Saint-Louis. J’ai une base dans tout le département de Saint-Louis. C’est peut-être cela qui explique que nous sommes une des sensibilités de l’Apr les plus importantes dans le département de Saint-Louis. Je me sens à l’aise dans tout le département de Saint-Louis et même dans une partie de Dagana. 
 
 
Entretien réalisé par Khadidjatou DIAKHATE 


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