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MALGRÉ SA MALADIE DE SPASMOPHILIE DONT ELLE SOUFFRIRAIT EN PRISON : Aïda Mbacké risque 15 ans de réclusion criminelle pour avoir brûlé à 80% son époux Khadim Ndiaye



MALGRÉ SA MALADIE DE SPASMOPHILIE DONT ELLE SOUFFRIRAIT EN PRISON : Aïda Mbacké risque 15 ans de réclusion criminelle pour avoir brûlé à 80% son époux Khadim Ndiaye
Si le juge suit le parquet dans ses réquisitions, Aïda Mbacké risque de séjourner 15 ans en prison, même si ses avocats ont estimé qu'elle souffre de spasmophilie. Cette dernière, pour avoir, en novembre 2018, brûlé vif son mari Khadim Ndiaye, a comparu hier mercredi devant la chambre criminelle de Dakar pour assassinat.
 
 
 
 
Après 3 ans passés en détention préventive, Aïda Mbacké a été finalement jugée, hier, mercredi, devant la chambre criminelle de Dakar, après de multiples renvois de son dossier. Toutefois, le procureur a abandonné le crime d'assassinat pour disqualifier en meurtre. Ce qui fait que la dame, qui avait brûlé vif son mari Khadim Ndiaye, risque 15 ans de réclusion criminelle. En effet, selon l'enquête, la vie de couple entre Aïda Mbacké et son époux Khadim Ndiaye était très tumultueuse puisque leur quotidien était souvent ponctué de disputes. Après 6 ans de mariage et 2 enfants, leur ménage va partir en vrille le jour où Aïda a surpris une conversation téléphonique entre son mari et une italienne du nom de Molina. Ce soir-là, lorsqu’elle a demandé à son homme ce qui le liait à cette femme, Khadim Ndiaye lui a rétorqué que c'était une vieille dame, collègue de travail qui le considérait comme son fils. Ce qui n'était pas vrai, car Aïda a poursuivi ses investigations et découvert la vérité. D’abord, elle se rend compte que Molina était jeune et non vieille etqu’elle était la seconde femme de Khadim, qu’ils ont eu 2 enfants et qu’elle était encore en état degrossesse.
Enceinte à ce moment, elle a été tellement surprise et choquéequ’elle a sur le coup eu des contractions. Elle est alors partieà la clinique où son époux l’a trouvée. Après consultation, ils sont rentrés chez eux.
Mais une fois dans la maison, Aida Mbacké, qui ruminait sa colère, apris un produit inflammable, a aspergé son mari avec avant de le brûler vif alors que ce dernier était couché sur le lit. Khadim Diop décéda suite à ses brûlures 3 jours après l'accouchement d’AïdaMbacké.
 
Aïda Mbacké : «je suis toujours amoureuse de lui. Il n'était pas tout simplement un mari, mais un grand-frère, un confident et un ami»
 
 
Inculpée pour le crime d'assassinat, elle a comparu hier devant la chambre criminelle de Dakar où elle a révélé à tout le monde qu'elle était toujours amoureuse de son défunt époux. D'emblée, cette accusée a dit: «il n'était pas tout simplement un mari, mais un grand-frère, un confident et un ami». Revenant sur la soirée fatidique, Aïda Mbacké a soutenu : «alors qu'il était couché sur le lit, j'ai aspergé toute la chambre de ce liquide inflammable avant de saisir le briquet. J'ai allumé parce que je voulais me suicider. Ce soir-là, j'étais dévastée ; je ne voulais pas le partager avec une autre. Je voulais le tuer parce que s'il n'était pas à moi, il ne sera pas à une autre».
Quand le juge l’informe que le certificat médical de son défunt époux avait conclu qu'il avait brûlé au second degré, puisque 80% de son corps a brûlé ainsi que sa tête, Aïda Mbacké a pleuré à chaudes larmes, depuis le siège où elle était assise. Poursuivant, le magistrat lui a révélé que l'enquête a montré que le lit ainsi que l'armoire étaient totalement consumés par les flammes, de même que la télé et la fenêtre de la chambre. Au final, elle a révélé au tribunal que sa mère est décédée et que son père est fâché contre elle. Aussi, elle a confié qu'aucun de ses frères et sœurs n’est jamais venu lui rendre visite à la maison d'arrêt et de correction où elle est en détention depuis des années.
 
Le Procureur : «Aïda était amoureuse de son mari, d'un amour fou. Elle ne pouvait pas partager son mari»

 
 
 
Dans ses réquisitions, convaincu qu'elle est coupable, le procureur a requis 15 ans de réclusion criminelle après avoir demandé la disqualification des faits d'assassinat en meurtre. Et dans ses observations, le parquetier a parlé de «crime passionnel». «En aspergeant la chambre de ce liquide, elle savait que son mari ne pouvait pas sortir indemne de cette situation puisqu'il était couché et s'apprêtait à dormir. Il y a lieu de relever que c'est un crime passionnel. Aïda était amoureuse de son mari, d'un amour fou. Elle ne pouvait pas partager son mari. Et on peut comprendre que c'est par jalousie qu'elle a posé cet acte. Cette jalousie peut pousser le tribunal à penser que c'est excusable. Ce sont des faits douloureux. Aujourd'hui, c'est une dame meurtrie dans sa chair et si c'était à refaire, elle n'allait pas le faire», a relevé le parquetier.
 
 
Me Abdou Dialy Kane : «L'amour rend fou et quand on aime on perd la raison. Et c'est ce qui a arrivé à cette dame»
 
Abondant dans le même sens que le parquet, l'un de ses avocats, Me Ndèye Anta Mbaye, a révélé que sa cliente a souffert après avoir découvert que son époux était marié depuis des années à une autre femme avec qui il a eu deux enfants. Aussi, elle a demandé à la chambre de lui faire une application bienveillante de la loi tout en disqualifiant les faits d'assassinat en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. À sa suite, son confrère Me Abdou Dialy Kane a fait une révélation de taille sur une maladie dont souffre Aïda Mbacké. «Elle était dans un état de détresse, dans une angoisse totale. Elle vivait dans un environnement de détresse qui a généré la maladie qu'on appelle la spasmophilie. L'amour rend fou et quand on aime on perd la raison. Et c'est ce qui a arrivé à cette dame. Elle voulait que tout de lui soit à elle. Elle voulait posséder à elle seule ce monsieur. Et on nous dit quand on développe cette maladie, on est sensible au conflit», a renseigné ce conseil qui a expliqué qu'il n'y a ni assassinat, ni meurtre dans ce dossier.
 
 
 
Me Ousseynou Gaye : «Elle prie pour son mari tous les jours. Sa famille a pardonné»
 
 
Soulignant que l'accusée est sujette à un stress, Me Ousseynou Gaye a affirmé qu'elle était dans un moment où elle a perdu toute lucidité. «Elle a perdu l'amour de sa vie et le père de ses enfants. Elle prie pour son mari tous les jours. Sa famille a pardonné. Et le trouble à l'ordre public dont on parle n'existe plus», plaide-t-il. Délibéré le 17 novembre prochain.
 
Fatou D. DIONE
 
 
 
 
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