Des populations de Kiniabour refusent qu’on leur arrache leurs terres. Et des agents de Ageroute qui étaient venus faire des mesures sur les lieux mercredi soir l’ont appris à leurs dépens. Ils ont eu une vive altercation avec les propriétaires des champs. Résultats des échauffourées : des agents de la société blessés et une dizaine de villageois interpellés.
Ça a chauffé mercredi entre les populations de Kiniabour (commune de Sindia, département de Mbour) et les agents de Ageroute. Trouvés, tard le soir, en train de faire des mesures dans les champs des paysans, les travailleurs de la société chargée de construire l’autoroute Diamniadio-Mbour, ont subi la colère de ces derniers. Une vive altercation a éclaté entre les deux camps. Altercation au cours de laquelle des agents ont été blessés. Informée des faits, la gendarmerie de Popenguine s’est transportée sur les lieux et a arrêté 2 villageois. Hier encore, elle est retournée au village, pour interpeller une dizaine d’autres personnes, qui jusque très tard hier, étaient en garde-à-vue.
«Maintenant, Ils veulent encore prendre d’autres hectares en face de l’autoroute, qui n'ont rien à voir avec le projet de l'autoroute»
«C’est un problème qui traine depuis 4 à 5 ans. La première fois, nous sommes allés à la gendarmerie pour les aviser au cas où. Quand les gens ont été informés de leur présence dans leurs champs, ils s’y sont rendus et les ont trouvés en train de faire des mesures. Il y a eu une altercation et des agent blessés», explique Samba Seck. Qui confirme qu’il y a eu des arrestations parmi les villageois. «Hier (mercredi), ils ont arrêté deux personnes. Ils sont revenus aujourd’hui pour interpeller une dizaine d’autres personnes», note-t-il.
Dans la même lancée, Saliou Ngom, qui ne décolère pas face à la manière dont on veut leur prendre leurs terres, affirme : «au réveil, les populations ont encore surpris des agents se déclarant de la mairie et d’autres soi-disant agents de l’Ageroute sur nos terres et prêts à démarrer le terrassement de nos champs pour détruire nos cultures d’arachide, de maïs et de mil, sans préavis ni sommation. La population a dit niet à cette forfaiture.
On ne peut pas se lever un jour et détruire les champs d’autrui sans préavis ni sommation».
Pour Saliou Ngom, ce que l’Ageroute veut faire est tout simplement de la spoliation. «En réalité, l’Ageroute avait déjà pris et clôturé avec un grillage sur une largeur de 100m d'emprise la partie occupée par l'autoroute.
Maintenant, Ils veulent encore prendre d’autres hectares en face de l’autoroute, qui n'ont rien à voir avec le projet de l'autoroute», dit-il. Et de noter qu’une première fois, des agents en tenue d’Ageroute avaient été surpris sur les lieux, avec le chef du village de Kiniabour, Assane Seck et le conseiller municipal Souleymane Sène, en train de faire de mesures. Sommé de de s’expliquer, le chef de village avait révélé avoir été envoyé par de préfet.
«Nous avions déposé une plainte contre X… Nous soupçonnons des privés de se cacher derrière l’Ageroute et la mairie de Sindia pour spolier encore nos terres»
Alors que l’on fait croire à un nouveau projet de l’Ageroute pour prendre d’autres terres aux populations, ces dernières, après le premier incident, avaient décidé de porter plainte.
«Les Kiniabourois avaient déposé une plainte contre X, mais, bizarrement, la gendarmerie n’était pas au courant de ce nouveau prétendu projet d’Ageroute. Le maire de la commune, ayant été également saisi, avait aussi déclaré qu'il n’était pas au courant d'un quelconque autre projet sur le site», explique Saliou Ngom. Mieux, il note que «le mois passé, le maire avait déclaré sur Popenguine info News qu’il avait fait une délibération pour une route de 10m de large de part et d'autre de la façade de l’autoroute, pour rejoindre l’usine de céramique nouvellement installée par des Chinois. Donc traversant le même site et les travaux avaient même démarré».
Dès lors, il s’interroge : «par quelle magie, ce même site est-il repris par l’Ageroute pour construire une prétendue station de péage, complètement à l’extérieur de l’autoroute ?», surtout que, pour lui, «toutes les stations de péage (poste de péage) sont et doivent être installées sur l’autoroute elle-même, mais pas a l’extérieur de la clôture, dans les champs voisins situés à 100m voire 200m de l’autoroute».
Considérant que «l’Ageroute a déjà pris, construit et clôturé la partie qui concernait l'autoroute», il met cette affaire dans le cadre des manœuvres des promoteurs privés. «Nous soupçonnons que ceux sont des privés qui se cachent dernier l’Ageroute et la mairie de Sindia pour spolier encore nos terres», dit-il. Et d’annoncer une grande mobilisation de toute la jeunesse et des populations de la localité.
Mbaye THIANDOUM
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