Le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) a mis à exécution sa menace de paralyser le système judiciaire. Le secrétaire général Me El Hadji Ayé Boun Malick Diop et ses confrères accusent leur ministre de tutelle, Ismaïla Madior Fall, d’être à l’origine de ce blocage, depuis leurs négociations avec le Président Macky Sall. D’ailleurs, ils reprochent le garde des Sceaux de plaider pour la baisse du budget de 5 milliards qu’on leur avait accordé. En sit-in, hier, devant le palais de justice de Dakar, ces syndicalistes comptent continuer les grèves, si rien n’est fait pour régler leur situation.
Lors de son point de presse la semaine dernière, le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) avait promis de paralyser le système judiciaire et il l’a fait. Et comme ils l’avaient dit, les travailleurs de la justice étaient présents dans les différents tribunaux, mais sans rien faire. Arborant tous des brassards rouges, le secrétaire général du Sytjust Me El Hadji Ayé Boun Malick Diop et ses confrères greffiers, qui réclament toujours la satisfaction des doléances qu’ils avaient soumises au président de la République, étaient en sit-in hier devant le palais de justice Lat-Dior de Dakar. A en croire Me El Hadji Ayé Boun Malick Diop, les travailleurs de la justice sur l’ensemble du territoire ont décidé d’organiser des sit-in dans tous les palais de justice, pour dénoncer un comportement cavalier que le gouvernement a eu à leur endroit.
«Ismaïla Madior Fall, la raison du courroux du Sytjust»
Face aux promesses non tenues par le gouvernement, le secrétaire général du Sytjust et ses collègues accusent le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, d’être à l’origine de leur mal. «Notre ministre de tutelle bloque la réalisation des engagements du président de la République. Nous avons constaté, depuis que les projets de textes ont été finalisés, qu’il les a par-devers lui et ne les transmet pas à la signature du président de la République. Et chaque fois que nous l’interpellons, il nous sert des explications d’une vacuité terrible, des explications désincarnées, qui ne peuvent même pas convaincre un enfant», a-t-il dénoncé. Et de poursuivre : «Le Président Macky Sall avait promis de prendre en charge nos préoccupations. Le problème de la justice n’est autre que le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, qui est en train de remettre en cause par ses actes tous les engagements que le président de la République avait pris à l’endroit des travailleurs de la justice, pour satisfaire les doléances qu’on lui avait posées. C’est pour vous dire, aujourd’hui, que toutes ces perturbations au sein de la justice n’ont qu’un seul fautif, c’est Ismaila Madior Fall», explique-t-il.
Selon toujours le porte-parole du jour, Me Diop, le garde des Sceaux est la source de ce blocage. «Nous avons rencontré le ministre de la Justice à maintes reprises. Mais, à chaque fois, il nous dit que l’agenda du président de la République est chargé. Je ne peux pas comprendre que des projets de décrets qui ont été finalisés depuis des mois puissent subir ce manque de traitement et d’attention. Pis encore, lorsque le président de la République a donné instruction au ministre du Budget de voir dans quelle mesure le gouvernement serait capable de satisfaire les doléances des travailleurs de la justice, le ministre du Budget avait inscrit un montant de 5 milliards sur le budget du ministère de la Justice. Eh bien, figurez-vous que c’est notre ministre lui-même qui est allé voir le président de la République, de sources sûres, pour lui dire que les montants alloués aux travailleurs de la justice sont excessifs, qu’il fallait revoir cela à la baisse. Aujourd’hui, notre principal adversaire, c’est le ministre de la Justice. Parce qu’il nous a suffisamment donné de preuves. Nous ne lui prêtons pas des intentions, mais nous le jugeons et nous le mettons au banc des accusés sur des faits palpables et concrets. Nous sommes des responsables et le Sytjust n’a jamais eu une attitude hostile contre un gouvernement, mais aujourd’hui, l’attitude du ministre de la Justice est telle que nous sommes obligés d’évoluer sur le terrain de la radicalisation», se désole-t-il.
Fatou D. DIONE