
Le suspense est tombé dans l’affaire Sweet Beauté. Le Doyen des juges d’instruction vient d’en finir définitivement avec ce dossier qui a défrayé la chronique depuis bientôt deux ans. Oumar Maham Diallo a renvoyé l’affaire devant la juridiction de jugement. Le viol étant une affaire criminelle, avec la nouvelle réforme, c’est devant la Chambre criminelle de Dakar que le leader de Pastef va devoir comparaître en même temps que Ndèye Khady Ndiaye.
Le leader de Pastef ne s’est pas encore défait de cette affaire Sweet Beauté qui demeure une épine à son pied. En effet, le Doyen des juges d’instruction a rendu son ordonnance définitive avant-hier mardi 17 janvier. Oumar Maham Diallo a renvoyé le dossier devant la juridiction de jugement. Suivant le procureur dans ses réquisitions, le magistrat instructeur a remis aux parties un avis les informant de l’ordonnance de renvoi et de mise en accusation qu’il a rendue. L’affaire va donc en procès. Et le viol étant criminalisé, avec la nouvelle réforme, c’est devant la Chambre criminelle de Dakar que les parties vont comparaître. Ousmane Sonko sera à côté de Ndèye Khady Ndiaye pour répondre des faits de viol et de menace et complicité.
Avec cette ordonnance de renvoi, cette affaire prend une nouvelle tournure et c’est Adji Sarr qui gagne la première manche, au grand dam de Ousmane Sonko. Les explications et les documents servis pour accréditer la thèse du complot n’ont servi à rien. Durant toute la procédure, en effet, l’opposant politique a refusé de s’épancher sur la question véritable du viol préférant un autre système de défense qui est d’asseoir la thèse du complot. Selon lui, Adji Sarr est un élément des hommes du régime avec Mamour Diallo à la baguette pour entacher sa réputation, le nuire et s’il le faut l’écarter de la liste des candidats à la présidentielle de 2024. Les témoignages, notamment de Mc Niass ainsi que les documents produits sont venus accréditer cette thèse. Mais, cela a-t-il été bénéfique pour lui ? Car, même s’il y a complot, cela ne peut intervenir qu’après qu’il se soit rendu à l’hôtel Sweet Beauté. Or, il a reconnu s’y être rendu de son propre gré. L’autre élément est qu’Ousmane Sonko n’a pas voulu se plier à la demande du juge de faire les tests ADN. Il a refusé, arguant qu’il ne voulait pas qu’on prélève son sang. A-t-il bien agi en refusant ces tests ? Apparemment non puisque le juge n’a pas été emporté par son système de défense. Le dossier désormais renvoyé, le combat se fera maintenant devant la Chambre criminelle. La balle revient ainsi dans le camp du Parquet qui est chargé de programmer la date d’audience.
A quelques mois de la présidentielle de 2024, cette affaire Sweet Beauté fait forcément repenser au dossier Khalifa Sall et Karim Wade. Ousmane Sonko a averti qu’il sera bel et bien candidat à la présidentielle. Un autre suspense d’une autre envergure s’ouvre dans cette affaire.
Alassane DRAME
En dépit de l’article 238 du code de procédure pénale, l’ordonnance de prise de corps n’est pas obligatoire, selon certains juristes
L’affaire Sweet Beauté devant la Chambre criminelle, la question pertinente est de savoir s’il y aura une ordonnance de prise de corps. En clair, Ousmane Sonko tout comme Ndèye Khady Ndiaye vont-ils se constituer prisonniers avant de comparaître devant le juge, comme cela se faisait en audience de Cour d’assises ? L’article 238 du code de procédure pénale dispose : «l’accusé qui a été mis en liberté ou qui n’a jamais été détenu se présente, au plus tard, la veille de l’audience, au greffe qui s’assure de sa représentation en justice». Seulement, selon un praticien du droit, l’article disposant de la prise de corps est ‘’désuète’’. «Selon la réforme, ce n’est plus obligatoire. Il y a de cela trois ans, le parquet s’est permis d’ordonner une prise de corps contre des clients, à l’avant-veille de la tabaski, j’ai bataillé avec le parquet pour leur montrer que la loi sur laquelle ils se basent est désuète. Donc l’accusé qui est en liberté provisoire, la loi n’exige plus qu’il soit en prison avant son procès», nous souffle notre interlocuteur. Selon lui, cette réforme est celle qui a institué les Chambres criminelles. Un autre praticien du droit interpellé soutient que les dispositions de l’article 238, c’est juste pour avoir la preuve de la volonté de l’accusé de comparaître, mais que la prise de corps n’est pas obligatoire. «J’ai eu un client qui était dans la même situation, mais il n’y pas eu d’ordonnance de prise de corps ; il a comparu libre», nous expose un troisième interlocuteur.